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GUILIETTO CHIESA : Bruxelles au centre de la stratégie de la terreur

Ce nouveau massacre à Bruxelles, avec des actions terroristes aussi coordonnées que sanguinaires, c’est-à-dire avec des bombes à forte puissance et non des kamikazes, ressemble fort à la poursuite d’un plan bien précis.

Mais de qui ? Et contre qui est-il dirigé ? Personne ne sait qui est le sancta santorum, le chef d’orchestre qui se cache derrière ce chaos, et donc, toutes les hypothèses sont aussi irrecevables les unes que les autres. Ceux qui avancent immédiatement l’hypothèse d’une « riposte » de Daesh à la capture du dernier terroriste survivant des attentats de Paris en novembre dernier ne font que se ridiculiser. Une petite frappe comme ce Salah, depuis longtemps sous la surveillance des services secrets,… impliqué par le passé dans le trafic de drogue et de prostituées dans la maison de passe dénommée « La Béguine » située dans le quartier de Molenbeek, et qui réussit à passer sans encombre au travers de 4 contrôles de police avant d’aller se réfugier dans ce même quartier où il a toujours vécu, ce type ne peut être pas le cerveau de quoi que ce soit. Ces attentats étaient prévus depuis longtemps, par je ne sais quel organe spécialisé dans la provocation de grande envergure.

Contre qui ? Ces bombes sont la continuation des attentats de Paris en 2015 : Charlie Hebdo et le Bataclan. Et aussi de ceux d’Ankara, contre les touristes allemands. Ils font également suite à la mise en scène de Cologne, et au fleuve de réfugiés qui nous inonde.

Procédons par ordre : ces attentats nous visent, nous, les peuples d’Europe. Le but est de réduire nos libertés, et notre capacité à répondre aux forfaits des puissants. En fait, le premier résultat sera, sans aucun doute, la suspension de toutes les garanties démocratiques. Ça a déjà commencé en France, et maintenant ce sera au tour de la Belgique. Et ensuite, avec quelques attentats supplémentaires, celui de l’Italie, si par hasard nous renâclions à entrer en guerre en Libye.

Mais nous, les Italiens, sommes probablement les plus difficiles à berner, car nous avons déjà connu la période des années de plomb et de la stratégie de la tension. Et cela nous a enseigné comment ne pas tomber dans le piège qui consiste à regarder le doigt plutôt que la Lune. Si on nous dit « Daesh », nous nous méfions. Il est possible que ce soit « aussi » Daesh, mais ce dernier est seulement l’instrument, le bras armé, mais certainement pas le cerveau. Ce sont là des bombes contre « l’Europe des Peuples », pour la transformer en annexe de l’Empire, et la pousser toute entière à la guerre, lui passer la muselière, même aux plus récalcitrants. L’avertissement vaut pour tous, pas seulement pour les Bruxellois.

Qui est derrière tout ça ? Impossible de le savoir. Mais une chose est sure : les services secrets européens, tous sans exception, à plus ou moins grande échelle, ne sont que des filiales contaminées par d’autres services secrets. Ou plus probablement, par certains secteurs, certaines branches de services secrets étrangers. Rappelez-vous le superbe film prophétique de Sydney Pollack : « Les 3 jours du Condor« .

C’est pour cette raison qu’ils ne trouvent, et ne trouveront, rien : ils ne sont pas en mesure d’enquêter efficacement. C’est pour ça que nous devons retrouver notre souveraineté, et changer ces gens. Changer ceux qui nous gouvernent, et qui mènent l’Europe droit dans le mur, avec des personnes nouvelles, moins lâches et plus visionnaires. Sinon ils nous cuiront à feu doux, avant de nous transformer en esclaves.

Giulietto Chiesa

Source : SputnikNews, mardi 22 mars 2016

Traduction : Christophe pour ilFattoQuotidiano.fr

Belgique : le bourgmestre de Knokke veut enfermer les réfugiés dans un Guantanamo, sans toutefois les torturer

Le bourgmestre de Knokke Leopold Lippens appelle dans les journaux de Sudpresse et dans le quotidien flamand De Tijd à la création pour les migrants qui ne sont pas en ordre de séjour, d’un camp comme à Guantanamo, sans les torturer ».

Souce: RTL.be

« Soit ils ont la permission de rester, ils sont en règle, soit ils sont illégaux », souligne le bourgmestre de l’opulente cité balnéaire. « Qu’on les envoie dans leur pays et qu’on n’attende pas la décision du procureur du roi pour leur demander de quitter le pays dans les cinq jours », poursuit-il. Agé de 74 ans, le comte Lippens dit craindre pour l’avenir de la côte belge après la fermeture des aires réservées aux migrants à Calais. « Il y a 3 millions de musulmans qui veulent arriver en Europe », croit savoir l’homme fort du Zoute.

« Supposons qu’ils aient trois enfants. Ils seront 20 millions de plus dans 20 ans puis, un jour, ils seront 100 millions. On ne veut pas de cela. On aurait dû rester dans une Europe à 9 et fermer les frontières », conclut-il. Leopold Lippens assure n’être « pas raciste » tout en comparant la nécessité de « loger, avec des WC spéciaux » ces migrants alors que « 20% des Belges n’ont pas droit à cela ». Le bourgmestre applaudit la politique de fermeté de la N-VA qu’il oppose au laxisme socialiste.

Gabrielle Lefèvre – Traité transatlantique : une machine à exclusion sociale

L’économie n’est pas qu’une accumulation de chiffres, de statistiques, de diagrammes : ce sont des activités humaines basées sur des projets politiques et sociaux. C’est la manière de gérer la survie et le développement des populations, de gérer les biens communs de l’humanité, à commencer par les ressources naturelles de la Terre. Bref, c’est une question de civilisation, de conception de notre présence au monde et de notre responsabilité d’humains.

Or, est en route une énorme machine d’exclusion sociale contre laquelle la société civile se bat depuis des années.

Depuis la chute du Mur de Berlin, les gouvernements américains et les transnationales américaines et européennes les plus puissantes sont en contact avec les autorités européennes afin de favoriser au maximum les ententes commerciales bilatérales Europe-États-Unis. Le problème est que les préliminaires se sont passés exclusivement entre représentants américains et européens et plus de 70 firmes qui conseillent ces représentants. Citons : AIG, AT&T, BASF, BP, Deutsche Bank, EADS, ENI, Exxon Mobil, Ford, GE, IBM, Intel, Merck, Pfizer, Philip Morris, Siemens, Total, Verizon, Xerox. Les peuples des 27 Etats membres (à l’époque) de l’Union européenne ont été totalement mis à l’écart. De même que les organisations syndicales internationales qui ont été consultées sur le tard et sans avoir accès à tous les éléments d’information.

Source: Gabrielle Lefèvre – Médiapart

Depuis plus d’un an se poursuivent des négociations concrètes – mais toujours secrètes – sur un projet de Traité transatlantique. Ce secret est une insulte aux structures sociales, juridiques et démocratiques qui ont donné un caractère social à l’Europe. Je parle de cette Europe que nos parents ont voulu créer après la deuxième guerre mondiale et dans laquelle beaucoup de citoyens ont cru ; pas de cette Europe du néo-libéralisme et de sa religion du « tout au marché » que prônent les tenants inconditionnels du capitalisme débridé, celui de l’ultralibéralisme et de la primauté des mécanismes de la financiarisation de nos économies.

Que signifieront encore les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité dans un tel système? L’Europe que nous voulons ? Qui est ce « nous » ? Ce sont des centaines de milliers de citoyens qui se battent contre la mainmise des lobbies et notamment ceux des multinationales qui négocient discrètement avec de hauts fonctionnaires européens et étatsuniens les divers termes de ce projet d’accord transatlantique.

– Quel projet ? Le 14 juin 2013, les 28 gouvernements de l’Union européenne ont demandé à la Commission européenne de négocier avec les États-Unis la création d’un Grand Marché Transatlantique (GMT). Ce projet s’appelle « Partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement » (TTIP en anglais). Derrière ces mots anodins se cache « la plus grande menace non militaire jamais lancée contre les peuples d’Europe », avertit Raoul Marc Jennar, politologue et ancien consultant en relations internationales… Cette menace est imminente car les négociations doivent aboutir en 2015… Cette année donc.

– De quoi s’agit-il ? Il s’agit d’appliquer complètement les accords de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui visent à éliminer tous les obstacles à la libre concurrence. Dans la littérature de l’OMC, les obstacles sont constitués par tout ce que le secteur privé considère, dans les Constitutions, les lois, les règlementations et les procédures administratives, comme « une discrimination à la concurrence » ou comme une disposition « plus rigoureuse que nécessaire ». Et l’article 3 du mandat de négociations du GMT réclame un « haut niveau d’ambition d’aller au-delà des engagements actuels de l’OMC ».

Trois objectifs :

1. Tout d’abord, éliminer au maximum les droits de douane entre Union européenne et USA. C’est déjà presque fait, sauf dans l’agriculture où ils demeurent élevés.

2. Ensuite, réduire, voire éliminer ce qu’on appelle, dans le jargon, les barrières non tarifaires. C’est-à-dire, le démantèlement complet de l’appareil législatif et réglementaire des 28 États de l’UE chaque fois qu’une norme est considérée comme un obstacle excessif à la libre concurrence. Et cela vise aussi bien les normes sociales, alimentaires, sanitaires, phytosanitaires, environnementales, culturelles que les normes techniques.

3. Enfin, permettre aux firmes privées d’attaquer les législations et les réglementations des États quand ces firmes considèrent qu’il s’agit d’obstacles inutiles à la concurrence, à l’accès aux marchés publics, à l’investissement et aux activités de service. Elles pourront le faire, non plus devant les juridictions nationales, mais devant des groupes d’arbitrage privés, ce qui aura pour conséquence que les juridictions officielles (tribunaux, Conseil d’État, Conseil Constitutionnel) seront dépouillés de toute compétence dès qu’une firme privée sera plaignante. Si ce projet est adopté, ce sont les firmes privées qui définiront progressivement les normes de la vie en société.

On appelle cela : le règlement des différends. Ou ISDS en anglais.

Un exemple si on accepte ce GMT : une université américaine veut entrer sur le désormais « marché de l’éducation » en Belgique. Celle-ci revendique les mêmes subventions que les universités d’ici, au motif d’entrave à la libre concurrence. Impayable évidemment ! Obligé d’obéir aux règles du Grand Marché Transatlantique, le pays devra supprimer ses aides aux universités sous peine de payer des amendes effroyables aux candidats américains qui menacent d’un règlement arbitral de ce différend.

Comment cela va-t-il se passer concrètement?

Lorsque qu’une firme privée considère que des normes sociales ou environnementales adoptées par les pouvoirs publics, au niveau national, régional, départemental ou local, sont plus rigoureuses qu’il est nécessaire à leurs yeux ou constituent une entrave à la libre concurrence, l’article 32 du mandat de négociation instaure ce mécanisme de règlement des différends. La firme peut alors introduire une action contre le pouvoir public concerné. L’article 45 crée un mécanisme identique pour toutes les dispositions de l’accord en négociation. Le mécanisme de règlement des différends est une structure privée d’arbitrage constituée au cas par cas, dont les arbitres ne sont pas des magistrats professionnels, mais des personnes privées désignées par les parties ; les débats ne sont ni contradictoires, ni publics. Il n’y a pas de procédure d’appel. Ce mécanisme ne peut en aucune façon être assimilé à un tribunal. Le modèle le plus connu en France est le groupe d’arbitrage créé pour le différend entre Tapie et l’État. On a vu ce que cela a donné !

Vous doutez ? Il y a 20 ans, deux pays ont signé leur propre accord de grand marché avec les États-Unis : le Canada et le Mexique. Il s’agit de l’ALENA (Accord de Libre-Echange Nord-Américain). Le Canada a été attaqué 35 fois par des firmes privées américaines. Dans la majorité des cas, ces firmes contestaient des mesures introduites au niveau fédéral, provincial ou municipal en vue de protéger la santé publique ou l’environnement ou pour promouvoir des énergies alternatives. Le Canada et le Mexique ont perdu toutes les plaintes déposées par les firmes étasuniennes. Mais aucune des plaintes déposées contre les États-Unis par des firmes canadiennes et mexicaines n’ont abouti. En tout, le Canada a déjà dû débourser des dommages et intérêts de plus de 171,5 millions de dollars canadiens. A l’heure actuelle, des investisseurs américains réclament plusieurs milliards de dollars au gouvernement canadien.

Un exemple ? La firme chimique américaine Ethyl a poursuivi le Canada pour une loi de 1997 interdisant un additif qui rend le diesel plus performant. Cet additif contient du manganèse qui est neurotoxique. Le Canada a du payer 13 millions de $ de compensations à Ethyl et abroger sa loi !

Malgré ces précédents, l’Union européenne a conclu avec le Canada, le 26 septembre 2014, un accord d’intégration économique de large portée (Accord AECG)… prévoyant un mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États, semblable à celui du GMT ! Du coup, la contestation européenne exige l’annulation de cet accord, en plus de l’arrêt des négociations sur le GMT.

Principale cible : l’agriculture.

Les domaines concernés par le projet de TTIP sont nombreux. On pourrait évoquer la finance, la santé, la sécurité sociale, l’éducation. Mais cela mériterait un livre entier. J’ai choisi le thème qui nous concerne le plus intimement : la nourriture.

Imaginez un repas absurde avec du bœuf aux hormones, du poulet lavé au chlore, du maïs transgénique, du chocolat sans graine de cacao… qui ont inondé nos grands magasins. Imaginez des campagnes saccagées par d’immenses exploitations agricoles, industrialisées, « pesticisées », rentables à mort dans une vaine tentative d’empêcher l’envahissement de nos pays par les produits agricoles étatsuniens – délivrés des droits de douane européens – mais toujours subventionnés par le gouvernement étatsunien. Fini donc le panier du pays, le circuit court entre paysans et consommateurs, à la poubelle de l’histoire l’agriculture biologique. Imaginez le triomphe ricanant de Monsanto qui répand ses semences trafiquées, seules autorisées par les firmes multinationales et la commission européenne. Tant pis pour les abeilles !

Comment cela va-t-il se passer ? Actuellement, les droits de douanes sont très réduits dans quantité de secteurs commerciaux. Heureusement, ils sont restés importants dans le domaine des produits issus de l’agriculture : les viandes, les poissons, les dérivés du lait, les œufs, les céréales, les oléagineux, le cacao, le café, le thé, les épices, les fruits et légumes, les produits de la minoterie, le sucre, les boissons.

L’agroéconomiste Jacques Berthelot a procédé à une analyse minutieuse[i], produit par produit, des conséquences d’une élimination même progressive des droits de douane européens sur les produits agricoles importés des USA. A ces conséquences directes, il faut ajouter qu’en vertu du principe de l’OMC du traitement de la nation la plus favorisée, si l’Europe élimine les droits de douane pour les produits agricoles étatsuniens, elle devra le faire pour les produits agricoles de tous les pays membres de l’OMC. Le marché européen deviendra alors le marché le plus ouvert du monde.

Conclusion de Berthelot : cet abaissement « remettrait totalement en cause l’objectif de faire évoluer l’agriculture européenne vers des modèles plus durables – aux plans économique, social et environnemental – , il accélérerait le processus de concentration des exploitations pour maintenir une compétitivité minimale, réduirait drastiquement le nombre d’actifs agricoles, augmenterait fortement le chômage, la désertification des campagnes profondes, la dégradation de l’environnement et de la biodiversité et mettrait fin à l’objectif d’instaurer des circuits courts entre producteurs et consommateurs. »

Outre les droits de douane, quel est l’enjeu majeur des négociateurs ?

Abattre les normes pour imposer la bio-piraterie et la dérégulation sanitaire, alimentaire et phytosanitaire. L’article 28 du mandat appelle en effet à un renforcement des droits de propriété intellectuelle tels qu’ils sont déjà amplement consacrés par l’accord de l’OMC. On sait que c’est par une extension de ces droits que l’agrobusiness s’emploie à s’assurer le contrôle de toute la chaîne alimentaire, de la semence à l’assiette, à imposer ses propres semences, à breveter le vivant végétal (nutritif ou curatif) et animal et, de la sorte, à privatiser le patrimoine de l’humanité. On sait aussi que c’est l’usage abusif de ces droits par les multinationales pharmaceutiques, soutenues par des gouvernements occidentaux, qui réduit de plus en plus l’accès aux médicaments essentiels pour les populations en situation précaire. Je vous recommande de lire à ce sujet le dernier rapport d’Oxfam titré : « Insatiable richesse : toujours plus pour ceux qui ont déjà tout » où l’on détaille comment les entreprises dépensent des millions de dollars en lobbying afin de protéger et renforcer leurs intérêts.

Les USA et l’UE ont des manières très différentes de protéger la santé des consommateurs. Aux USA, dont le gouvernement n’est pas chargé de l’intérêt général, c’est par les voies de recours aux tribunaux que les consommateurs peuvent agir à posteriori. Dans les États européens, c’est par l’établissement de normes que cette protection est assurée.

Autrement dit, aux USA, tant qu’il n’a pas été prouvé scientifiquement qu’un produit est nocif, il est libre d’accès. En Europe, tant qu’on n’a pas prouvé que le produit est sain, il est interdit d’accès. Deux conceptions du risque radicalement opposées.

En Europe, des normes en matière d’alimentation et de santé, ainsi qu’en matière phytosanitaire (santé des plantes) protègent plus ou moins les populations. Le texte du mandat des négociateurs annonce que l’accord sur les mesures sanitaires et phytosanitaires de l’OMC ainsi que l’accord vétérinaire bilatéral USA-UE vont servir de base pour aller plus loin. Mais dans quel sens ? Certainement pas vers plus de protection, puisque les entreprises américaines contestent le bien fondé scientifique des normes sanitaires européennes et font pression sur le gouvernement US pour obtenir leur abrogation à travers cet accord transatlantique.

Les refus européens des OGM, celui du bœuf traité aux hormones de croissance, des poulets chlorés, des carcasses traitées à l’acide lactique, des porcs traités à la ractopamine (additif chimique qui rend la viande plus maigre, interdit dans 150 États) sont considérés, aux USA, comme des barrières protectionnistes dépourvues de pertinence scientifique. Les négociateurs américains n’accepteront jamais le « droit pour les Parties à évaluer et gérer les risques en conformité avec le niveau de protection que chaque Partie juge approprié, en particulier lorsque les preuves scientifiques sont insuffisantes » demandé par le mandat(article 25). D’ailleurs, l’article 45 de celui-ci prévoit que les firmes privées auront le droit de contester toutes les normes (sociales, sanitaires, environnementales, …) devant ce fameux mécanisme de règlement des différends.

Que nous rapporterait le GMT?

Les autorités européennes s’évertuent à nous faire croire que ce grand marché aurait de magnifiques répercussions sur notre commerce et donc des retombées financières et en terme d’emplois dans nos pays. Et pourtant, un rapport issu du Centre européen d’économie politique internationale (European Centre for International Political Economy, Ecipe), affirme que le GMT procurera à la population du marché transatlantique un surcroît de richesse de 3 centimes par tête et par jour… à partir de 2029 (14). La même étude évalue à 0,06 % seulement la hausse du produit intérieur but (PIB) en Europe et aux États-Unis. Par comparaison, la cinquième version de l’iPhone d’Apple a entraîné aux États-Unis une hausse du PIB huit fois plus importante !

Par contre, il est impossible de chiffrer le risque que nous ferait courir les milliers d’entreprises qui utiliseraient contre nos États le mécanisme de règlement des différends. Quatorze mille quatre cents compagnies américaines disposent en Europe d’un réseau de cinquante mille huit cents filiales qui pourraient se jeter dans la chasse aux trésors publics. Ce serait la faillite assurée de nos finances nationales.

Les rapaces ne sont pas uniquement américains ! Rappelons que le fournisseur d’électricité suédois Vattenfall réclame plusieurs milliards d’euros à l’Allemagne pour son « tournant énergétique », qui encadre plus sévèrement les centrales à charbon et promet une sortie du nucléaire !

Et que la française Veolia, qui traite les déchets d’Alexandrie, a attaqué l’Égypte pour une atteinte insupportable à ses intérêts parce que le gouvernement a accepté une augmentation de salaire minimum des travailleurs – de 41 à 72 euros par mois -…

La réaction citoyenne est européenne

Comment réagir ? D’abord, en brisant le secret. La mobilisation des citoyens européens a été entendue par la Cour de Justice Européenne qui a décidé en juillet 2014 que les documents portant sur des négociations internationales ne doivent pas être « systématiquement » confidentiels.

Tiens, à ce propos, curieuse coïncidence, la Commission européenne a dévoilé le 28 novembre 2013 une proposition de directive relative à la protection des savoir-faire et des informations commerciales non divulgués (secrets d’affaires) contre l’obtention, l’utilisation et la divulgation illicites. Tout n’est pas nécessairement mauvais dans ce projet mais il a une conséquence très claire : les lanceurs d’alertes comme ceux qui ont révélé Luxleaks ou HSBC et bien d’autres affaires risquent d’être poursuivis et condamnés. « En effet, la notion de secret des affaires consacre le fait que le droit des actionnaires prime sur celui des salariés et de la société tout entière et remet directement en cause le droit d’intervention des organisations syndicales, la reconnaissance récente et fragile des lanceurs d’alerte et la liberté de la presse », annonce une série d’associations françaises regroupées sous les sigles « stop trade secret » et « we are the leaks ».

Ce projet de directive est mis à l’ordre du jour du Parlement européen le 28 avril ; une campagne est donc lancée visant à obtenir un vrai statut des lanceurs d’alerte, à renforcer le droit d’intervention des organisations syndicales et des institutions représentatives du personnel, et à garantir la responsabilité des multinationales.

Le secret des négociations sur le GMT doit cesser. Le débat doit être porté devant les parlements, au vu et au su de tous. Heureusement, les pouvoirs locaux peuvent refuser d’entériner le futur accord transatlantique. De nombreux appels sont lancés sur internet pour que les citoyens des divers pays européens interpellent leurs élus afin de s’engager à ce sujet.

En Belgique, la campagne No-Transat a été lancée il y a quatre ans déjà par des militants de la FGTB, rejoints par la CSC et de nombreux groupes citoyens. 74.550 citoyens belges ont déjà signé leur adhésion. Une pétition européenne a recueilli, elle, plus d’un million 475 mille signatures. Malgré cela, elle n’a pas été reconnue comme « Initiative citoyenne » à part entière par la Commission européenne ancienne. Il faut dire que le commissaire chargé à l’époque du commerce, Karel De Gucht, est un fervent partisan du GMT.

En France, une vingtaine de villes et communautés territoriales ont déclaré leur opposition au GMT. En Belgique, la Ville de Bruxelles a adopté le 22 janvier 2015 une résolution en ce sens. D’autres communes belges ont effectué la même démarche. Le mouvement s’étend dans divers pays européens.

Cependant, l’actualité politique est paradoxale. D’une part, le nouveau parlement européen vient d’organiser un débat portant notamment sur la clause des Règlement des Différends Investisseurs-États (RDIE), qui a essuyé récemment de vives critiques de la part des gouvernements allemands et français. Mais ces trois derniers jours, on apprenait que la France faisait marche arrière à ce sujet ! Motif ? Mieux vaut une cour d’arbitrage qu’une juridiction inféodée au pouvoir… Et l’on pense ici à la Chine. L’Allemagne reste toujours vigoureusement contre. L’arrivé au pouvoir de Syriza en Grèce pourrait également rebattre les cartes des soutiens gouvernementaux aux accords de « libre-échange ».

Partout, des citoyens se groupent, contestent, pétitionnent, boycottent. Ils veulent une éthique de l’économie. Ils veulent une responsabilisation morale des multinationales. Les journaux, les grands médias répercutent de plus en plus cette question.

Malgré cela, notre gouvernement fédéral a affirmé, le 5 février 2015, sa volonté de conclure au plus tôt les dizaines de traités internationaux dans le cadre de l’Union économique belgo-luxembourgeoise, toujours en attente de signature. Tous contiennent une clause d’arbitrage « investisseurs-contre-Etats » similaire à celle prévue dans le projet de traité transatlantique.

Notre gouvernement oublie que nous avons une affaire pendante avec la Chine à la suite d’un accord semblable : en 2012, l’assureur chinois Ping An a entamé un arbitrage contre la Belgique, sur base de l’accord bilatéral d’investissement UEBL-Chine, demandant compensation pour une perte qu’il estime à 2,8 milliards d’Euros dans le cadre du rachat de la banque Fortis. Une sentence pourrait donc être rendue dans les prochaines années par trois arbitres privés condamnant la Belgique à plusieurs milliards d’euros de compensation, sans aucun recours possible, contre une décision prise par un gouvernement démocratiquement élu.

Mais que font nos parlementaires ?

Pouvons-nous rêver d’une éthique mondiale ?

Malgré les atermoiements politiques, la lutte continue. Elle dépasse le clivage gauche-droite. Elle inclut les débats sociétaux, écologiques, de droit international, d’éthique des affaires.

De plus en plus de citoyens interpellent leurs élus, refusent qu’on leur impose des règles contraires aux valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité. Ils veulent le maintien des valeurs de solidarité, des Etats garants de la démocratie, de la sécurité sociale, de dialogue social par le biais des syndicats notamment. Ils rêvent d’un tribunal pénal international pour les multinationales les plus criminelles, celles qui volent les terres, les biens communs, les richesses de la nature et surtout, celles qui violent les droits les plus élémentaires des populations locales, des travailleurs… et qui viennent ensuite tranquillement négocier avec nous une extension de leur énorme pouvoir.

S’ils respectent ces valeurs et ces règles exigées par les citoyens, les pouvoirs démocratiques pourront faire respecter le droit international, les règles de sécurité alimentaires et médicales les plus strictes. La création intellectuelle, artistique et scientifique autant que technique, pourra être protégée et financée par les Etats. L’environnement sera protégé afin que nous puissions produire des aliments sains en suffisance pour nourrir une humanité en croissance. C’est possible, mais seule une régulation par les pouvoirs publics peut obtenir de tels résultats et pas le dit « libre marché » qui sert avant tout les intérêts d’une minorité de riches.

Oui, il est permis de rêver de pouvoirs publics, émanations des peuples informés, éclairés, solidaires. Nous pouvons mettre en pratique cet humanisme héritier des Lumières où de plus en plus de citoyens utilisent les leviers de la démocratie pour protéger le bien commun.

Notes :

http://www.jennar.fr/

www.gmtpourleretraitdelafrance.fr

http://www.collectifstoptafta.org/collectifs-locaux/

http://www.no-transat.be/

http://www.altersummit.eu/alter-sommet/article/appel-a-un-sommet-alternatif?lang=en

http://france.attac.org/se-mobiliser/le-grand-marche-transatlantique/

– « Europe, une biographie non autorisée. De la « paix américaine » à la « civilisation poubelle », 580 pages chez Aden, pour 30 €.

Le Monde diplomatique daté juin 2014 comprend un dossier de huit pages sur le Grand marché transatlantique (GMT).

http://www.euractiv.fr/sections/euro-finances/les-documents-du-ttip-peuvent-etre-publies-selon-la-cour-de-justice

– « Les usurpateurs- Comment les entreprises transnationales prennent le pouvoir », Susan George, Seuil, 2015.

http://www.cncd.be/Le-gouvernement-Michel-sous-traite

http://www.cncd.be/L-arbitrage-investisseur-Etat-un

– Transatlantique arnaque – La casse du siècle: https://www.youtube.com/watch?v=LjftFgq_Ltg

– BERTHELOT Jacques, La folie d’intégrer l’agriculture dans un accord de libre-échange UE-USA, 15 août 2013 (jacques.berthelot4@wanadoo.fr).

Cyber-Arnaque: Fanny le logiciel espion de la NSA dévoilé par Kaspersky Lab

La société spécialisée en sécurité Kaspersky Lab a à trouvé l’origine d’attaques d’une complexité sans précédent infectant les disques durs de gouvernements, d’agences gouvernementales et de sociétés stratégiques. Un puissant outil de cyberespionnage, surnommé « Fanny », qui récolte de l’information dans des millions d’ordinateurs par le biais de logiciels malveillants installés secrètement.

Fanny : le nouveau ver de la NSA

Un rapport publié lundi par la firme de sécurité informatique russe Kaspersky n’a pas identifié la source de cette campagne de cyperpiratage, mais a mentionné certaines similarités avec Stuxnet, une cyberarme que beaucoup croient avoir été développée par les États-Unis et Israël pour contrecarrer le programme nucléaire iranien.

Kaspersky a indiqué que cette campagne « surpasse tout ce qui a été fait en matière de complexité et de sophistication », dans le domaine du cyberespionnage, et son utilisation remonte à aussi loin que 2001 par une équipe nommée « le groupe Equation ». « Le groupe Equation est probablement l’un des groupes de cyberpirates les plus sophistiqués au monde; et l’un des plus menaçants que nous ayons vu », mentionne le rapport.

Les manoeuvres d’espionnage utilisaient un ver que Kaspersky a surnommé « Fanny » qui infecte un ordinateur par une clé USB en exploitant deux failles pour siphonner de l’information d’ordinateurs au Moyen-Orient et en Asie, ajoute le rapport. Des preuves montrent que les développeurs de Equation et de Stuxnet « sont soit les mêmes, soit de proches alliés », poursuivent les chercheurs.

La NSA muette

L’agence américaine de sécurité nationale (NSA), qui a mené une vaste opération de surveillance à l’échelle mondiale pour la lutte au terrorisme, a refusé de confirmer toute implication dans le programme. »Nous sommes au courant du rapport. Nous ne commenterons publiquement aucune allégation soulevée par le rapport, ni aucune autre information », a indiqué Vanee Vines, la porte-parole de la NSA dans un courriel à l’AFP.

Sean Sullivan, de la firme de sécurité finlandaise F-Secure, a pour sa part mentionné que le rapport de Kaspersky semble décrire une division de la NSA connue sous l’acronyme ANT, qui a fait l’objet d’un rapport en 2013 sur les portes dérobées dans les produits technologiques. « L’étude de Kaspersky fait référence à un groupe nommé ‘Equation’, dont le pays d’origine est tenu secret, mais qui possède exactement les mêmes capacités qu’ANT », a précisé M. Sullivan dans un article de blogue mardi.

L’attaque a été en mesure d’infecter « environ 2.000 utilisateurs par mois » dans 30 pays, mentionne le rapport. La majorité des contaminations ont été détectées en Iran, en Russie, au Pakistan et en Afghanistan. Parmi les autres pays touchés, on compte la Syrie, le Kazakhstan, la Belgique, la Somalie, la Libye, la France, le Yémen, la Grande-Bretagne, la Suisse, l’Inde et le Brésil.

Une caractéristique particulière de ces attaques, selon les chercheurs, est la facilité avec laquelle il a été possible de piéger les grands fabricants de disques durs, dont Western Digital, Seagate, Samsung et Maxtor. Le logiciel espion a été conçu de telle manière qu’il résiste à un reformatage du disque dur et à l’installation d’un nouveau système d’exploitation.

Pour le chercheur de Kaspersky Serge Malenkovich, ces logiciels espions sont « invisibles et indestructibles », un véritable cauchemar en sécurité informatique. Mais comme cette attaque est si complexe a exécuter, a-t-il noté, « que même le groupe Equation ne l’a probablement réalisée qu’à quelques reprises. »

Disques compacts infectés

Les chercheurs de Kaspersky ont également indiqué que le logiciel malveillant avait aussi été enfoui dans les disques compacts d’une conférence scientifique de 2009, rendant possible la contamination des ordinateurs de plusieurs dizaines de scientifiques internationaux.

« On ne peut dire quand le groupe Equation a commencé son ascension. Les échantillons de logiciels espions que nous avons vu ont été identifiés en 2002, mais leur centre de commandement a été repéré en 2001″, précisent les chercheurs. Il est même possible de remonter la filière jusqu’en 1996.

Les autorités américaines n’ont pas donné de commentaire sur Stuxnet, mais les chercheurs, dont ceux de Kaspersky, ont dit que le virus développé par les Etats-Unis et Israël pour contenir les menaces de l’Iran, remonte à au moins 2007.

Des cyberattaques contre les banques à l’origine de pertes massives

Une vague de cyberattaques d’un genre nouveau vise depuis 2013 des banques du monde entier, en premier lieu russes, causant des pertes estimées à près d’un milliard de dollars, révèle la société spécialisée Kaspersky Lab dans un rapport publié lundi à Moscou.

Cette campagne, toujours en cours, « indique clairement l’avènement d’une nouvelle ère pour la cybercriminalité », prévient Kaspersky dans cette enquête, dont le New York Times s’est fait l’écho ce week-end. Selon le laboratoire russe, une centaine de banques ont été visées, dont « au moins la moitié ont subi des pertes financières, la plupart des victimes étant situées en Russie, aux Etats-Unis, en Allemagne, en Chine et en Ukraine ».

Si certains signes suggèrent que l’origine des attaques se situe en Chine, la société met en garde contre de possibles indices distillés sciemment afin de tromper les services de sécurité. Les victimes sont en majorité russes. Alors que les attaques informatiques sont utilisées de manière croissante à des fins géopolitiques, « la motivation des attaquants (…) semble être le gain financier plutôt que l’espionnage », selon ce document. Ses auteurs soulignent que les auteurs de la fraude sont « clairement très familiers des logiciels et réseaux de services financiers ».

Les hackers utilisent un programme baptisé « Carbanak » visant les employés des banques afin de les piéger à l’aide de pièces jointes par une méthode de « phishing » (hameçonnage). Ils parviennent alors à accéder au réseau de ces cibles, et ainsi aux opérations de transferts d’argent, aux distributeurs de billets et comptes bancaires. Les auteurs des attaques procèdent alors directement à des transferts vers des comptes sous leur contrôle ou des retraits à partir de distributeurs ciblés. Leur mode opératoire va jusqu’à enregistrer des images des systèmes de vidéosurveillance suivant les activités des employés visés.

Les fonds détournés ont été transférés vers des comptes aux États-Unis et en Chine, ajoute Kaspersky. La société souligne l’ampleur des sommes détournées : une banque perdant 7,3 millions de dollars via des retraits par distributeurs, une autre 10 millions de dollars via des opérations sur sa plateforme en ligne.

Selon ce rapport, les hackeurs tentent actuellement d’étendre leurs attaques aux pays d’Europe centrale et orientale ainsi qu’au Proche-Orient, en Asie et en Afrique.