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Les élections U.S., la débilité absolue

Les élections U.S. s’étendent dans tous les média U.S. Chose normale, mais faut voir de quelle manière… Un vrai théâtre sordide de débilité se répand sur les écrans des média. Clinton et Trump sont les favoris des élections, comme si on pouvait réellement parler d’élection car les 2 candidats ne sont pas issus du peuple et ne représentent en rien le citoyen américain, si il existe encore dans ce pays, où vous pouvez vous faire buter comme un lapin si un flic vous arrête sur la route. Ou même être mis en taule sur de faux témoignages. Les couleurs des partis politiques ne veulent rien dire. L’âne (ancien logo) et l’éléphant (ancien logo) sont comme les théories du genre chez le genre humain devenus des « ânphants » tant les différences ont disparu. Une ambiance nauséeuse se dégage de « ces élections » où la manipulation sur la couleur de peau des gens a lieu. Une stratégie qui vient empester le monde occidental en entraînant la haine entre les gens. Chacun a son rôle. Clinton joue la gentille maman et Trump joue le méchant cowboy avec son flingue. La connerie à l’état brut est aux Etats-Unis !

Source: Olivier Renault Novorossia

Clinton la brave maman propre sur elle. Tout le monde la connaît, la femme du gars qui s’est fait sucer son cigare par Monika Lewinski dans le bureau oval. Hillary n’était pas contente, il paraît. Mais avec ses revenus qui volent sur les millions un petit coup de poireau bien astiqué ne devait réellement pas la déranger. Les Clinton sont le pouvoir dans le pouvoir. A elle seule cette famille est un trust qui avec sa fondation récolte des millions, même des donations venant de Kiev, d’Ukraine, pays en guerre, pays sinistré ou la pauvreté règne chez les gens normaux, un peu comme notre Hollande, mais en moins professionnel façon Hollywood, qui se l’a joue normal et qui se moque du peuple en le traitant de sans-dents.

Sur ce point la ressemblance entre Hollande et les Clinton est là, car les Clinton se tapent du peuple. La fondation Clinton qui soutient Porochenko et son armée d’esclave à la solde des Etats-Unis reçoit de l’argent par camions entiers de Barclays, Barclays Capitol, Goldman Sachs, de Citi, de Citigroup, d’UBS, de Banc of California, de Bank of America. A cela s’ajoute les dollars de la fondation Victor Pinchuk de Kiev ! Voilà la candidate du parti socialiste, pardon parti démocrate américain, une petite nana qui a beaucoup travaillé seule pour arriver à ce haut niveau de pouvoir financier. Derrière Clinton se trouvent l’industrie de l’armement et Wall Street avec la Trilatérale, pardon, Clinton est la trilatérale. A ce point là Clinton est un âne, la seule chose qui corresponde à son profil.

Trump le méchant nationaliste yankee. Mais que fait Trump maintenant dans la politique ? Héritier fortuné, homme d’affaires dans l’immobilier, qui bossent avec ceux qui lui rapportent du blé, cultive un langage nationaliste blanc contre les citoyens américains qui ne le sont pas. Trump soutient le KKK, qui n’a rien à voir avec le KKK allemand pour Kinder, Kindergarden et Küche mais pour le célèbre Ku Klux Klan. Trump représente l’éléphant, ancien logo des Républicains dans son attitude à tout bousculer sur son passage. Trump aime les scandales et froisser les bonnes manières coincées et hypocrites du monde américain. Scandant une Amérique de nouveau puissante, ce qui veut dire encore plus d’OTAN en Europe et autour de la Russie et plus de menaces, Trump joue sur le racisme envers les Mexicains et les Noirs. Il s’invite même sur la politique européenne en dénonçant Merkel sur sa politique envers les illégaux.

Ses interventions sur les Noirs sont perverses. Soros, qui finance des ONG de Noirs, soutient aussi Trump. Il y a la un objectif que ces oligarques veulent obtenir : la haine entre les Blancs et les Noirs. Durant un meeting de Trump des Noirs de BlackLivesMatter , ONG financé à hauteur de plusieurs millions par Soros, ont débarqué pour provoquer les supporters de Trump. La violence et la haine pouvaient se voir dans les réactions des supporters de Trump. Soros en mettant ses doigts dans la vie de l’Ukraine a provoqué la guerre. Soros finance aussi des ONG genre no borders en Europe. En Afrique du Sud aussi où la situation est extrêmement dangereuse pour les Blancs car ils se font tuer chaque jour par des nationalistes à la cause noire, il est prouvé que l’administration Obama soutient l’ANC dans sa politique de génocide anti-blanc. Soros a été celui qui a soutenu Obama pour les élections afin de pouvoir devenir président. Un jeu dangereux a lieu dans les élections américaines poussant les gens a se distinguer selon leur couleur de peau et à amener le conflit racial qui a lieu en Afrique du Sud aux Etats-Unis et par ricochet en Europe.

Il faut regarder les supporters des 2 candidats tenir leur pancarte à bout de bras, sourire, applaudir de manière synchronisée, des milliardaires ! Les élections U.S., la débilité absolue.

Canada-USA: Le développement des gaz de schiste transforme le paysage

L’amélioration des technologies de forage associée à une forte demande de l’énergie a entraîné l’expansion à grande échelle de l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels en Amérique du Nord (centre), avec 50.000 nouveaux puits forés par an.

Des endroits tels que le Bakken, Eagle Ford et les schistes de Marcellus sont connus, mais l’activité de forage qui se développe à un rythme soutenu créée de nouvelles zones.

Source: http://www.enerzine.com/12/18394+le-developpement-des-gaz-de-schiste-transforme-le-paysage-americain+.html

Image © Inconnu

Mais quelles sont les conséquences écologiques de cette activité de forage accéléré ? Des chercheurs de l’Université du Montana se sont penchés sur cet épineux problème et ont effectué la première évaluation scientifique à grande échelle dans la façon dont le développement des hydrocarbures – gaz de schiste notamment – ont transformé les paysages à travers les États-Unis et le Canada.

Leurs travaux ont été publiés le 24 Avril dans la revue « Science » sous l’intitulé : « Ecosystem services lost to oil and gas in North America« . L’article conclut que le développement du pétrole et du gaz engendre une perte significative des pâturages et des terres cultivables sur de vastes étendues de végétation en Amérique du Nord centrale.

« Il y a deux choses importantes ici : premièrement, nous examinons tout le centre de l’Amérique du Nord, de la côte sud du Texas, au nord de l’Alberta. Quand on regarde cette image à l’échelle continentale, nous observons des impacts et des dégradations qui sont invisibles lorsque nous nous concentrons uniquement au niveau local. Deuxièmement, nous voyons comment les politiques actuelles peuvent potentiellement compromettre l’avenir de l’intégrité de l’écosystème sur de vastes zones » a indiqué l’auteur principal de l’article, Brady Allred.

Entre 2000 et 2012, les scientifiques ont estimé que l’exploitation des hydrocarbures a dévasté de grandes quantités de végétation, culminant à un taux annuel de plus de la moitié du pâturage annuel sur les terres ‘publiques’ des États-Unis. L’élimination de la végétation sur ces terres agricoles équivaut à 120,2 millions de boisseaux de blé (ou 3,2 milliards de tonnes), soit environ 13% de tout le blé exporté par les États-Unis en 2013.

La fragmentation et la perte de l’habitat perturbent également les voies migratoires, modifient le comportement de la faune et aident de nouvelles espèces de plantes invasives à s’implanter. Dave Naugle – co-auteur- met en évidence la complexité de la question : « Nous connaissons les impacts du développement pétrolier et gazier depuis des années, mais nous avons maintenant des données scientifiques à une grande échelle (régionale) qui nous montre que nous devons agir dès à présent pour équilibrer l’utilisation concurrente des terres« .

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En outre, près de la moitié des puits forés sont dans des régions à stress hydrique relativement haut. La fracturation hydraulique utilise de 2 à 13 millions de litres d’eau par puits, intensifiant ainsi la concurrence avec l’agriculture, les écosystèmes aquatiques et les municipalités pour les ressources en eau.

« Nous avons besoin d’un cadre politique qui quantifie et réalise des arbitrages à grande échelle parce que la politique actuelle ne répond pas de manière adéquate, à la fois, à l’évaluation et à l’atténuation future« , a ajouté Julia Haggerty de l’Université d’État du Montana, co-auteure de l’étude.

« Les technologies satellitaires peuvent désormais fournir des informations annuelles – hectare par hectare – à destination des gestionnaires sur la politique à mener quant à l’extraction des hydrocarbures vis à vis de l’affectation des sols« , a affirmé Steve Courir, professeur d’écologie à l’UM Regents. « Nous devons avoir des politiques qui assurent la remise en état de ces zones en phase de post-production. Sinon, en 2050, des dizaines de millions d’hectares de terres seront dégradées d’une manière irréversible. »

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Les auteurs ont évalué les services écosystémiques perdus en utilisant des mesures satellitaires à haute résolution de la croissance de la végétation sur la base de méthodes développées par W. Kolby Smith. La production végétale terrestre est le fondement même du cycle du carbone de la biosphère et reste à la base d’une multitude de services écosystémiques essentiels.

Dedefensa: Notes sur un Yémen révélateur

Notes sur un Yémen révélateur

31 mars 2015 – Pour certains et pour l’heure, la crise du Yémen qu’implique la décision saoudienne, prise vraiment de la seule initiative de l’Arabie Saoudite et prise semble-t-il sous l’effet de la panique qui n’est en général guère productrice de grande stratégie, est un événement nouveau d’une extrême importance, qu’on peut équivaloir à la crise ukrainienne. L’argument central de cette approche est que l’enjeu n’est pas tant le sort du Yémen que le sort de l’Arabie Saoudite, et au-delà, de ce qu’il reste d’architecture à peu près structurée au Moyen-Orient. En quelque sorte, ce serait plus qu’une “sous-crise” (voir le 28 mars 2015) de la crise générale du Moyen-Orient, même si elle l’est incontestablement au départ ; dit autrement, la “sous-crise” du départ, conséquence du désordre incessant du Moyen-Orient, pourrait amener des conséquences qui la feraient devenir le cœur même de la crise générale du Moyen-Orient.

Source: http://www.dedefensa.org/article-notes_sur_un_y_men_r_v_lateur_31_03_2015.html

Cette perception, – dans tous les cas celle de l’importance de cet événement, – est discutable, bien entendu, mais elle a sa logique propre incontestable parce qu’elle est liée d’une part à cet acteur régional important qu’est l’Arabie Saoudite, parce que cet “acteur principal” agit de son propre chef et sans beaucoup d’attention ni d’intérêt pour son manipulateur-en-chef que sont les USA d’autre part. Dans ce cas, la “sous-crise“ ainsi grandie s’inscrit dans un contexte de “vérité de situation” qui l’installe dans la grand rangement crisique autour de la crise générale de l’effondrement du Système, et elle aurait éventuellement sa place au côté de la crise ukrainienne sans qu’il y ait concurrence d’importance entre elles deux, mais simplement complément. (De même, d’ailleurs, dans le même texte référence du 28 mars 2015, on voit que certains aspects de la crise ukrainienne ont cette même importance contestable que l’on accorde à la “sous-crise” du Yémen. Toutes ces choses ont une infinie souplesse dans l’échelle et les variations de l’importance qu’il importe de leur reconnaître.)

Quelques vérités de la situation yéménite

Quoi qu’il en soit, nous utilisons ce thème de la “crise/sous-crise du Yémen” comme une sorte de “vérité de situation” opérationnelle, nous révélant (ou plutôt, le plus souvent, nous confirmant) nombre d’enseignements, de supputations et de justesse d’hypothèses. En effet, beaucoup de choses intéressantes s’y trouvent…

• … de l’observation que “la marionnette” (l’Arabie) fait ce qu’il lui plaît par rapport à son pseudo-manipulateur (les USA) à celle que “l’Empire”, comme ils l’appellent, est toujours plus, et de plus en plus hésitant à s’engager, même pour défendre ses points d’appui décrits comme fondamentaux ;

• de la démonstration de l’échec de la “guerre contre la Terreur“ à la démonstration de l’échec de la vision hyper-technologique de la guerre postmoderne (la “guerre des drones”) “contre la Terreur” ;

• de la démonstration que le désordre provoqué ne fait qu’alimenter le désordre incontrôlable à la démonstration que le désordre-devenu-incontrôlable débouche sur l’hyperdésordre lorsqu’il se retourne (blowback) contre les producteurs de désordre ;

• de l’évidence que les agitations-Système (surpuissance) devant la crise d’effondrement du Système ne produisent qu’une accélération de la crise d’effondrement du Système (autodestruction) aux signes que cette transmutation bienheureuse ne cesse de progresser et de s’affirmer.

Le “fou furieux” panique

Comme on sait, l’Arabie a acquis, ces 3-4 dernières années, une étrange réputation (pour elle) d’être un des “fous furieux” de la région. (Voir Norman Finkelstein, le 26 mars 2015 : «[I]l se passe des choses insensées dans la région, c’est une évidence: vous avez les fous furieux de Daech (État islamique) en Syrie et ailleurs, vous avez les fous furieux saoudiens, et bien sûr, vous avez aussi les fous furieux israéliens».) On ne répète pas et on ne répétera jamais assez combien c’est une étrange évolution pour la maison des Saoud. Pour qui connaît son histoire de la Guerre froide, pour qui s’en rappelle, l’Arabie Saoudite état fameuse et inégalée pour sa prudence couarde, sa puissance feutrée de corruption sans limites malgré sa paradoxale pingrerie, son double ou triple ou quadruple jeu camouflé sous un impénétrable tapis de $milliards destiné à amadouer tous les vents, son goût pour l’absence de risque et pour l’accommodement avec tous les dangers jusqu’aux plus imaginaires, sa haine paniquarde devant le mouvement et le désordre… Tout cela, c’était l’Arabie des années 1970 et 1980, qui joua, avec son tuteur-partenaire US, un rôle si important dans les affaires essentielles du Moyen-Orient et au-delà (jusqu’en Afghanistan), de la manipulation de l’arme du pétrole de 1973 à la fabrication quasi-intégrale, dès le début des années 1980, du phénomène djihadiste développé d’abord sous l’étiquette vertueuse de la phénoménologie des moudjahidines (“combattants de la liberté”).

… Or, il se pourrait bien que la crise du Yémen soit un événement important, d’abord parce qu’elle marque un retour forcé, en fanfare et aussi (surtout) en complète posture paniquarde, et cela dans une situation soudaine de danger mortel, au modèle initial de l’Arabie comme puissance immensément fragile. Bref, chassez le naturel et il revient au galop ; chassez le naturel en lançant des aventures insensées partout, avec des haines offensives contre la Syrie et l’Iran, avec des opérateurs au visage diabolique comme Prince Bandar, et il vous revient si brutalement (blowback) sous la forme d’une menace mortelle qui se révèle au fond de soi-même, sur sa frontière même. L’on réagit avec la bonne vieille panique, et cela conduit à vous interroger sur le fait de savoir si l’esprit aventurier du soi-disant “fou furieux” n’était pas somme toute un spasme ultime de la vieille panique confrontée soudain à la terreur éprouvée devant une dynamique affolante … «It’s the Arab Spring, Stupid!», comme nous dit MK Bhadrakumar, dans un très bon jour.

La sagesse de l’Iran

En effet, nous allons nous en remettre au sage Bhadrakumar pour sa description de l’évolution saoudienne de ces derniers jours, – le sage Bhadrakumar qui fait largement appel à la sagesse iranienne, car l’Iran, ennemi intime et cauchemar des Saoud, ne se prive de démontrer effectivement sa sagesse dans ses commentaires à propos de la décision saoudienne d’attaquer … (Sur IndianPunchline, le blog de MK, le 29 mars 2015.)

«Iran’s reactions anticipate that the Saudis have walked into a quagmire in Yemen, which holds the risk of the roof crashing down on the House of Saud. History had taught Iran that Yemen is a hornet’s nest and it is prudent to keep a safe distance from that country, which is located in its neighborhood. Clearly, an Iranian intervention in Yemen is out of the question. In his first detailed comments, Deputy Foreign Minister Hossein Amir Abdollahian who handles Iran’s relations with its Arab neighbors warned on Saturday that Saudi Arabia has made a “strategic mistake”.

»In a meaningful remark, he added, “Riyadh should not count on US support for its military invasion of Yemen.” How he could have made such a categorical assessment, Abdollahian didn’t say, but it stands to reason that there have been US-Iranian consultations. These are times when the foreign ministers of the US and Iran spend more time with each other than with anyone else. Of course, the Houthis are no strangers to the US intelligence operating in Yemen for years against the al-Qaeda affiliates. […]

»To be sure, the Saudi preoccupations over Yemen will have serious implications elsewhere in the region. As the cost of the protracted war in Yemen mounts, Saudi Arabia and other petrodollar states in the Gulf may find it attractive that oil fetches a higher price in the market. This is one thing. Second, in a conceivable future, Saudi Arabia will be unable to pay much attention to other regional conflicts in the Middle East in which it has been involved – Syria, Iraq and Lebanon.

»Finally, how long can Saudi Arabia fight on two fronts simultaneously – Yemen and Bahrain – is in doubt. Somewhere things will begin to unravel. In the ultimate analysis, Yemen and Bahrain pose an existential challenge insofar as they are about Shi’ite empowerment. The ‘virus’ can easily spread to Saudi Arabia’s Shi’ite-dominated eastern provinces, which also contain that country’s great oil fields.

»It’s the Arab Spring, Stupid! The House of Saud is doomed if it doesn’t try to install yet another puppet regime in Yemen, while it is equally doomed if the intervention results in a quagmire and defeat. The Iranian Foreign Ministry spokesperson’s remarks draw attention to it: “Resorting to military acts against Yemen which is entangled in an internal crisis and fighting terrorism will further complicate the situation, spread the range of crisis and destroy opportunities to settle the internal differences in Yemen peacefully.… This aggression will merely result in the spread of terrorism and extremism and will spread insecurity to the entire region.”»

Les USA et leurs amis iraniens

Comme on a pu le comprendre d’après les supputations de MK Bhadrakumar, il se pourrait bien, dans cette circonstance qui deviendrait alors tout à fait remarquable et extraordinaire, sinon surréaliste, que les USA se soient, dans cette crise-là, bien plus concertés et s’arrangent bien mieux avec les Iraniens qu’avec les Saoudiens. (Exergue d’une partie de la citation du texte de Bhadrakumar : « In a meaningful remark, he added, “Riyadh should not count on US support for its military invasion of Yemen.” How he could have made such a categorical assessment, Abdollahian didn’t say, but it stands to reason that there have been US-Iranian consultations. These are times when the foreign ministers of the US and Iran spend more time with each other than with anyone else.»)

“… [B]ien plus concertés et [bien mieux arrangés] avec les Iraniens qu’avec les Saoudiens”? C’est remarquable mais, d’autre part, stricto sensu, cela paraît une évidence a contrario car, vraiment, il semble bien que les USA ne se soient quasiment pas concertés du tout, et encore moins arrangés pardi, avec les Saoudiens. Cela vient notamment du fait que les Saoudiens, qui se sont faits leur opinion sur les capacités des USA à s’engager au Moyen-Orient, surtout depuis la magnifique opportunité syrienne gâchée d’août-septembre 2013 que Prince Bandar leur avait offert sur un plateau avec ses montages chimiques, les Saoudiens donc n’avaient aucune intention d’intégrer les USA dans leur projet ; non par sensibilité de souveraineté, mais simplement parce qu’il n’en pouvait résulter, selon leur expérience, qu’indécision et confusion qui sont devenues la marque de l’ »action” américaniste, – et sur ce point, qui pourrait les contredire ? … D’autre part, comme on l’a déjà suggéré, les Saoudiens ont agi dans l’urgence, c’est-à-dire sur le mode “panique”, cela renforçant encore les circonstances les conduisant à ne tenir aucun compte de la partie US, ni même à l’informer précisément. Reuters, le 27 mars 2015, détaille cet aspect de la situation, où la détermination saoudienne rencontre la prudence, sinon la réticence probable des USA, s’ils avaient été informés ; et où l’on trouve le détail d’une situation qui n’a guère de précédent dans les relations américano-saoudiennes depuis 1945, tant les deux pays se sont toujours tenus informés précisément dans les affaires qui les impliquaient tous deux, et tant la crise du Yément rompt cela…

«Saudi Arabia kept some key details of its military action in Yemen from Washington until the last moment, U.S. officials said, as the kingdom takes a more assertive regional role to compensate for perceived U.S. disengagement. […] Although the Saudis spoke with top U.S. officials as they debated an air assault in support of embattled Yemeni President Abd-Rabbu Mansour Hadi, U.S. officials acknowledged gaps in their knowledge of the kingdom’s battle plans and objectives. Asked when he was told by Saudi Arabia that it would take military action in Yemen, General Lloyd Austin, the head of the U.S. military’s Central Command, told a Senate hearing on Thursday he spoke with Saudi Arabia’s chief of defense “right before they took action.” He added that he couldn’t assess the likelihood of the campaign succeeding because he didn’t know the “specific goals and objectives.”

« One senior U.S. official described Riyadh’s operation as a « panic response » to the fast-deteriorating situation in Yemen that the Saudis feared could spill over its border. The official, speaking on condition of anonymity, suggested that the 10-nation Saudi-led coalition had been patched together so quickly that its effectiveness was in doubt. The White House says it will not join directly in military operations in Yemen, but has set up a cell to coordinate U.S. military and intelligence support to the operation. But U.S. officials said they were sharing intelligence information on a limited basis so far. »

Les plus récents échos montrent que les USA s’en tiennent à cette position d’extrême réserve. Les déclarations du secrétaire à la défense Carter, hier (voir Sputnik.News, le 31 mars 2015), montrent que le Pentagone lui-même s’en tient à cette doctrine du “lip service : un soutien du bout des lèvres, sorte de “minimum syndical” comme il est de coutume entre vieux compères et complices gagnés par une certaine méfiance réciproque (le «ultimately it is their region» de Carter sonne aussi bien comme un “après tout, c’est leur affaire”)… «The United States has backed the Arab League’s decision to create a joint military force to counter security threats in the Middle East, and will cooperate with it if need be, Defense Secretary Ash Carter said. […] “I think if they are willing to do more, in this case with respect to Yemen, then that is a good thing because ultimately it is their region,” Carter told reporters at Fort Drum, as quoted by NBC. […] “These are partners and security allies of ours, and when they act in a way that we regard as in our interests as well as theirs we will continue to partner with them as we have been in other matters,” the US defense secretary stressed.»

La catastrophe de la guerre des drones

Ainsi en sommes-nous à ce point dans la situation de la “crise du Yémen”, ce qui permet de développer la réflexion pour aller vers une de ses signification fondamentales. En effet, le Yémen qui est aujourd’hui l’objet d’une telle vindicte, fut ces dernières années, notamment depuis 9/11, un de ces pays profondément troublés, avec une direction à peu près alignée sur les intérêts du bloc BAO (et de l’Arabie), et complètement ouvert au “nettoyage anti-terroriste” que les USA, avec les relais et complicités divers, ont mis au point, – si l’on veut, une sorte de Pakistan moyen-oriental… La situation du Yémen, ces derniers mois et ces dernières semaines jusqu’à l’intervention de l’Arabie, témoigne d’un complet échec de cette campagne où les trois armes principales des USA sont : un complet mépris pour le principe de souveraineté du pays-“hôte”, une campagne intensive essentiellement par l’usage de drones avec une forte infrastructure CIA/forces spéciales actuellement en débandade complète, une complète indifférence pour les dommages dits “collatéraux” (civils tués, notamment).

Le Yémen devient alors le modèle d’un autre thème que celui des agitations paniquardes de l’Arabie : il s’agit du thème de la guerre postmoderne que les USA effectuent dans nombre de pays, sous le prétexte universel de la “guerre contre la Terreur”, – ou plutôt du thème de l’échec de ce modèle de “guerre”, dont le Yémen est à la fois l’exemple et la conséquence pour la situation présente. Ainsi le livre d’Andrew Cockburn, Kill Chain: The Rise of the High Tech Assassins, mis en vente le 10 mars dernier, tombe à point pour illustrer et substantiver le propos. Cockburn décrit l’échec gigantesque et affreusement sanglant que constitue la “guerre des drones”, particulièrement au Yémen qui en fut l’un des champs privilégiés (sans aucun doute avec le Pakistan). C’est Chuck Spinney qui se charge de nous présenter le livre de Cockburn, en plaçant justement ce phénomène (la guerre des drones) dans la logique d’un fondement de the American Way of War, – la recherche de la projection de force en tourte impunité, essentiellement par les airs et en recherchant la précision maximale, avec les moyens du système du technologisme et une “conception d’ingénieur” de la guerre, d’où l’essentiel de l’élément humain dans la conception, l’appréciation et l’exécution tend à être exclu. Spinney fait justement remonter la généalogie du concept général aux bombardements stratégiques de la Deuxième Guerre mondiale autant qu’à la course au développement des systèmes de guidage de précision.

(Spinney, un des fameux Pentagon’s Reformers avec des gens comme Pierre Sprey et Winslow Wheeler, vieil ami de Cockburn, est évidemment des mieux placés pour juger du travail de Cockburn et des conclusions que Cockburn en tire pour cette sorte de guerre, et pour ce qu’il en résulte pour le Yémen bien entendu … «[L]’auteur de ce livre est un ami depuis 35 ans, aussi suis-je de parti-pris, d’ailleurs avec la plus grande fierté. Je croyais savoir ce dont Cockburn est capable, mais je dois admettre que j’ai été stupéfait par la qualité de ce livre. Pourtant, je ne suis pas étranger au sujet, ayant travaillé comme analyste et ingénieur au cabinet du secrétaire à la défense pendant 25 ans» : ce sympathique avertissement figure dans le texte de critique du livre de Cockburn, signé par Spinney, le 29 mars 2015, sur ConsortiumNews, – et, auparavant, sur son blog, Blasted, le 28 mai 2015).

«… In short, the conduct of war is an engineering problem: In the current lexicon of the Pentagon and its defense contractors, the enemy is a ‘systems of systems’ made up of high value targets (HVTs) that can be identified and destroyed without risk from a distance with unmanned systems, and the military-technical revolution makes any past failures irrelevant to current capabilities. The reasoning is identical to that described in the preceding paragraph. Yet despite stridently confident predictions of decisive precision effects, from the days of the Norden bombsight in B-17s to those of the Hellfire missile fired by drones, this theory has failed over and over to perform as its evangelists predicted and are still predicting. The need to dismiss the history of repeated failures is why the never-ending promise of a military-technical revolution is central to the maintenance of the ideology.

«Viewing war as an engineering problem focuses on technology (which benefits contractors) and destructive physical effects, but this ideology ignores and is offset by the fundamental truth of war: Machines don’t fight wars, people do, and they use their minds. Our technology’s physical effects can be — and often are — offset or mitigated by our opponent’s mental counters or initiatives, reflecting both his adaptability and unpredictability, and his moral strengths, like resolve and the will to resist. Combat history has proven over and over that mental and moral effects can offset physical effects, for example, when the destruction of ball bearing factories did not have its predicted effects in WWII, when bicycles carrying 600 pounds of supplies were used to bypass destroyed bridges on the Ho Chi Minh Trail, and when the Serbs used cheap microwave ovens to fool expensive anti-radiation missiles in Kosovo. And as Cockburn shows, this has proven true again in the ongoing war on terror, and its mirror image, the war on drugs.

»Anyone who doubts that this critique applies to drones used in a counter-terror strategy should be asked to explain the collapse in Yemen — a place where drones reached their apotheosis as the centerpiece of American counter-terror strategy. Cockburn has provided a highly readable, and logically devastating story, written from a bottom-up empirical perspective. He explains why our strategy in Yemen was doomed to fail, as indeed it has in recent weeks.»

Le Yémen à l’ombre de l’idéal de puissance

D’une façon peut-être inattendue mais somme toute très logique, il nous paraît assuré qu’on peut faire un lien entre la situation pseudo-géopolitique de la crise du Yémen, avec d’une part l’Arabie engagée dans une aventure dont les effets pourraient menacer son existence même et les réticences américanistes proches d’une sorte d’indifférence pathologique pour une situation devenue incontrôlable et des “alliés” jugés de moins en moins malléables ; avec d’autre part l’étalage de l’échec de toutes les conceptions guerrières US appliquées dans l’artefact nommé “guerre contre la Terreur” que représente cette même crise du Yémen. Il s’agit des mêmes conceptions appliquées à des domaines différents, pour obtenir des résultats similaires opérationnalisés dans la débâcle yéménite et un pas de plus franchi dans la descente dans le trou noir de désordre et d’hyperdésordre du Moyen-Orient.

Dans leurs alliances comme dans sa façon de faire la guerre, la partie américaniste applique les mêmes conceptions renvoyant à l’“idéal de puissance”. Il s’agit partout de l’utilisation de la force brute, que cette force passe par la puissance inouïe de la corruption qui trouve dans l’Arabie, depuis 1945, un partenaire idéal lui aussi rompu à cet exercice permis par la disposition des richesse pétrolières ; qu’elle passe par l’utilisation de la puissance du technologisme, qui trouve son accomplissement presque extatique dans la guerre des drones où l’on peut faire la guerre et assassiner en toute impunité, à des milliers de kilomètres de distance, à partir d’une console dans une base de l’USAF située dans un Arizona ou un Missouri quelconque. Il y a une grande similitude dans l’esprit de la chose dans ces diverses situations, avec cette confiance aveugle faite à la puissance, en excluant le plus possible les complications épuisantes du “facteur humain”, avec ces références insaisissables et hors du standard américaniste, tels que le sens des nuances, la subtilité des comportements, le respect des principes qui structurent la vie sociale et la vie des relations internationales, etc.

Ainsi la crise du Yémen est-elle, sans véritable surprise cela va de soi, une étape de plus dans la suite sans fin de l’échec de la postmodernité que représente l’américanisme, avec ses alliances et ses moyens de puissance qui renvoient tous aux exigences pressantes du Système. Le Yémen comme un échec exemplaire de plus : voilà la première conclusion qu’on peut tirer de cette crise qui s’est rapidement développée pour se fixer au cœur du dispositif du bloc BAO au Moyen-Orient. On peut maintenant s’installer pour en attendre les développements, en notant qu’une fois de plus on se trouve dans une occurrence où ces développements pourraient conduire à des situations intéressantes, sinon extrêmes, voire peut-être catastrophiques et ainsi de suite. Le Système et ceux qui le servent semblent être des producteurs sans fin de toutes les possibilités catastrophiques concevables. Il faudra bien que l’une d’entre elles débouche enfin sur la grande catastrophe finale. The show must go on et il n’est pas question de décevoir le spectateur

PENTAGOONS: Européens, il faut vous entretuer pour l’Amérique

On ne devrait plus se bercer d’illusions sur les intentions des dirigeants américains : ils veulent la guerre. Une guerre qui doit se dérouler sur le Vieux Continent et qui doit entraîner le plus d’Européens possible dans une confrontation militaire avec la Russie. Les Ukrainiens, sauf un grand sursaut des masses populaires, devraient se résigner à voir leur pays servir durablement de champ de bataille à ce conflit des grandes puissances dont les enjeux leur échappent, depuis qu’ils ont perdu le contrôle des manifestations « Place Maïdan », un soir de février 2014.

Source: MUSAVULI – ven., 06 mar. 2015 – Agoravox De l’EuroMaïdan à l’escalade militaire

En tout cas, les derniers développements aux Etats-Unis ne sont guère rassurants. Un an après les manifestations de l’EuroMaïdan, odieusement dévoyées par « des atlantistes  », les États-Unis ont officialisé la décision d’envoyer en Ukraine quelques 600 parachutistes appartenant à la 173ème brigade aéroportée. L’annonce a été faite lundi dernier par le colonel Michael Foster, commandant de la brigade, et confirmée par Ben Hodges, haut commandant des forces américaines en Europe. Les premières unités combattantes de la brigade devraient se poser en Ukraine d’ici le 8 mars.

Officiellement, pas pour combattre, mais pour former les troupes ukrainiennes (en débâcle dans le Donbass) au maniement des armes américaines en voie d’expédition[1]. Au sujet, justement, de l’expédition des armes américaines à Kiev, on sait qu’elle entraînerait réciproquement l’accroissement des moyens militaires des républiques autonomes de l’Est (Donetsk et Lougansk) par Moscou. Parce que, pour la Russie, il est hors de question que les forces des pays de l’OTAN se déploient jusque sur les frontières russo-ukrainiennes, et ils n’ont pas tort. Les Russes n’ont jamais digéré d’avoir été bernés par les Occidentaux en marge de la réunification allemande[2].

C’est pour essayer de contrer ce risque d’escalade militaire que la France et l’Allemagne ont décidé, début février dernier, d’entrer directement en contact avec Vladimir Poutine, sans consulter Washington. Il s’agissait de rassurer le chef du Kremlin sur le fait que Français et Allemands s’opposeront à l’envoi en Ukraine des armes américaines[3]. Le président russe s’est montré ouvert aux propositions franco-allemandes, et accepté les Accords de Minsk II[4] du 11 février 2015.

Le hic avec Minsk II est qu’il y avait deux grands absents : les Britanniques et les Américains. N’étant pas liés par ces accords, ils vont continuer d’attiser le conflit. Il faut vous entretuer pour l’Amérique Dix jours seulement après la signature des Accords de Minsk, David Cameron annonçait l’envoi de soldats britanniques en Ukraine. Une semaine plus tard, John Sawers, l’ancien patron du MI16, (sorte de CIA britannique) affirmait que « la guerre contre la Russie ne fait que commencer »[5].

Avec l’envoi des unités de combat en Ukraine par les USA, les Britanniques sont ainsi rejoints par leurs cousins américains qui tiennent à ce que la situation continue de se dégrader et qu’elle finisse par dégénérer. Bien évidemment, les armées américaines et britanniques ne vont pas s’engager en première ligne contre l’armée russe. Ce déploiement atlantiste vise plutôt à entretenir durablement un climat de haine entre populations, un environnement de violence permanente et de désolation.

Une des stratégies utilisées par les fauteurs de troubles états-uniens contre les pays qu’ils ciblent consiste à frapper directement les populations soit par des violences aveugles, soit pas des embargos, soit pas des humiliations en mettant systématiquement ces drames collectifs sur le dos de l’« ennemi » qu’ils se sont choisi. Il ne faudrait pas s’étonner si les populations russes/russophones des pays frontaliers deviennent la cible des tueries aveugles et des famines provoquées volontairement, ce qui les amènera à demander de plus en plus l’aide de Moscou. Une aide que Poutine ne pourra pas durablement leur refuser, au risque de se mettre à dos les Russes de l’intérieur[6]. Sauf qu’en intervenant davantage en Ukraine ou, le moment venu, dans les pays baltes, le président russe deviendrait un « agresseur ». Exactement l’image que les médias occidentaux et les dirigeants d’outre-Atlantique s’emploient à lui coller à la peau. Dès lors, des forces européennes, plus ou moins officiellement, chemineraient vers les « pays agressés » par la Russie. Le début d’un engrenage meurtrier au cœur de l’Europe.

Face à ces agissements américains, on est tenté de dire : ils sont fous ces Américains ! Pas du tout. En réalité, les États-Unis, une puissance à bout de souffle, misent sur le conflit ukrainien pour entraîner le plus d’Européens possible dans une confrontation militaire avec la Russie[7]. Le pari est que, sauf usage d’armes stratégiques (scénario suicidaire), le sol américain devrait être préservé des ravages de cette guerre qui commence.

Lorsque tout cela sera fini, Européens et Russes, quel que soit le camp qui l’aura emporté sur l’autre, seront ruinés économiquement, voire exsangues. Comme à l’issue de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, il ne restera qu’une puissance d’ultime recours : les États-Unis d’Amérique. Des milliards de dollars de contrats de reconstruction, une remise sous tutelle des nations européennes et la préservation, par l’Amérique, de son statut de « superpuissance planétaire ».

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Notes : [1] http://www.politis.fr/Escalade-les-…

[2] Le 9 février 1990, James Baker, secrétaire d’Etat américain (de George Bush), avait assuré à Mikhaïl Gorbatchev que l’alliance occidentale n’étendrait « pas d’un pouce » son influence vers l’Est si Moscou acceptait que l’Allemagne réunifiée entre dans l’Otan. Le lendemain, 10 février, Hans-Dietrich Genscher, le ministre allemand des Affaires étrangères, refit cette promesse à Edouard Chevardnadze, son homologue russe : « l’Otan ne s’étendra pas à l’Est ». Mais depuis, la Pologne, la République Tchèque, la Hongrie, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie ont adhéré à l’Otan. Avec les évènements de l’EuroMaïdan, l’enjeu était, entre autres, de faire également entrer l’Ukraine dans l’Otan. Cf. http://www.courrierinternational.co…

[3] C’est en tout cas ce qu’assure le journaliste italien Giulietto Chiesa : https://www.youtube.com

[4] Parce qu’il y a eu Minsk I, Protocole signé le 11 septembre 2014, et qui ne fut pas respecté.

[5] http://reseauinternational.net/lex-…

[6] http://reseauinternational.net/les-…

[7] Provoquer un conflit brutal entre Européens et Russes permet aux Américains de se prémunir contre une éventuelle alliance stratégique entre Européens et Russes, alliance qui entraînerait de fait la fin de l’hégémonie américaine. Dans Le Grand échiquier de Zbigniew Brzezinski (1997), où il est question, entre autres, de « briser la Russie » en trois entités (une Russie européenne, une république de Sibérie et une république extrême-orientale), il est également question de cultiver la docilité des « sujets protégés » et d’empêcher les rivaux potentiels de former des alliances offensives. Un rapprochement stratégique entre la Russie et les nations européennes (sujets protégés) est ainsi un scénario que les tenants de l’hégémonie états-unienne n’admettraient en aucune manière.

VOUS TROUVEREZ LE LIVRE:  Le Grand échiquier de Zbigniew Brzezinski (1997) en téléchargement gratuit (pdf) dans la section Docs de nos liens. Bonne lecture!

Gabrielle Lefèvre – Traité transatlantique : une machine à exclusion sociale

L’économie n’est pas qu’une accumulation de chiffres, de statistiques, de diagrammes : ce sont des activités humaines basées sur des projets politiques et sociaux. C’est la manière de gérer la survie et le développement des populations, de gérer les biens communs de l’humanité, à commencer par les ressources naturelles de la Terre. Bref, c’est une question de civilisation, de conception de notre présence au monde et de notre responsabilité d’humains.

Or, est en route une énorme machine d’exclusion sociale contre laquelle la société civile se bat depuis des années.

Depuis la chute du Mur de Berlin, les gouvernements américains et les transnationales américaines et européennes les plus puissantes sont en contact avec les autorités européennes afin de favoriser au maximum les ententes commerciales bilatérales Europe-États-Unis. Le problème est que les préliminaires se sont passés exclusivement entre représentants américains et européens et plus de 70 firmes qui conseillent ces représentants. Citons : AIG, AT&T, BASF, BP, Deutsche Bank, EADS, ENI, Exxon Mobil, Ford, GE, IBM, Intel, Merck, Pfizer, Philip Morris, Siemens, Total, Verizon, Xerox. Les peuples des 27 Etats membres (à l’époque) de l’Union européenne ont été totalement mis à l’écart. De même que les organisations syndicales internationales qui ont été consultées sur le tard et sans avoir accès à tous les éléments d’information.

Source: Gabrielle Lefèvre – Médiapart

Depuis plus d’un an se poursuivent des négociations concrètes – mais toujours secrètes – sur un projet de Traité transatlantique. Ce secret est une insulte aux structures sociales, juridiques et démocratiques qui ont donné un caractère social à l’Europe. Je parle de cette Europe que nos parents ont voulu créer après la deuxième guerre mondiale et dans laquelle beaucoup de citoyens ont cru ; pas de cette Europe du néo-libéralisme et de sa religion du « tout au marché » que prônent les tenants inconditionnels du capitalisme débridé, celui de l’ultralibéralisme et de la primauté des mécanismes de la financiarisation de nos économies.

Que signifieront encore les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité dans un tel système? L’Europe que nous voulons ? Qui est ce « nous » ? Ce sont des centaines de milliers de citoyens qui se battent contre la mainmise des lobbies et notamment ceux des multinationales qui négocient discrètement avec de hauts fonctionnaires européens et étatsuniens les divers termes de ce projet d’accord transatlantique.

– Quel projet ? Le 14 juin 2013, les 28 gouvernements de l’Union européenne ont demandé à la Commission européenne de négocier avec les États-Unis la création d’un Grand Marché Transatlantique (GMT). Ce projet s’appelle « Partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement » (TTIP en anglais). Derrière ces mots anodins se cache « la plus grande menace non militaire jamais lancée contre les peuples d’Europe », avertit Raoul Marc Jennar, politologue et ancien consultant en relations internationales… Cette menace est imminente car les négociations doivent aboutir en 2015… Cette année donc.

– De quoi s’agit-il ? Il s’agit d’appliquer complètement les accords de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui visent à éliminer tous les obstacles à la libre concurrence. Dans la littérature de l’OMC, les obstacles sont constitués par tout ce que le secteur privé considère, dans les Constitutions, les lois, les règlementations et les procédures administratives, comme « une discrimination à la concurrence » ou comme une disposition « plus rigoureuse que nécessaire ». Et l’article 3 du mandat de négociations du GMT réclame un « haut niveau d’ambition d’aller au-delà des engagements actuels de l’OMC ».

Trois objectifs :

1. Tout d’abord, éliminer au maximum les droits de douane entre Union européenne et USA. C’est déjà presque fait, sauf dans l’agriculture où ils demeurent élevés.

2. Ensuite, réduire, voire éliminer ce qu’on appelle, dans le jargon, les barrières non tarifaires. C’est-à-dire, le démantèlement complet de l’appareil législatif et réglementaire des 28 États de l’UE chaque fois qu’une norme est considérée comme un obstacle excessif à la libre concurrence. Et cela vise aussi bien les normes sociales, alimentaires, sanitaires, phytosanitaires, environnementales, culturelles que les normes techniques.

3. Enfin, permettre aux firmes privées d’attaquer les législations et les réglementations des États quand ces firmes considèrent qu’il s’agit d’obstacles inutiles à la concurrence, à l’accès aux marchés publics, à l’investissement et aux activités de service. Elles pourront le faire, non plus devant les juridictions nationales, mais devant des groupes d’arbitrage privés, ce qui aura pour conséquence que les juridictions officielles (tribunaux, Conseil d’État, Conseil Constitutionnel) seront dépouillés de toute compétence dès qu’une firme privée sera plaignante. Si ce projet est adopté, ce sont les firmes privées qui définiront progressivement les normes de la vie en société.

On appelle cela : le règlement des différends. Ou ISDS en anglais.

Un exemple si on accepte ce GMT : une université américaine veut entrer sur le désormais « marché de l’éducation » en Belgique. Celle-ci revendique les mêmes subventions que les universités d’ici, au motif d’entrave à la libre concurrence. Impayable évidemment ! Obligé d’obéir aux règles du Grand Marché Transatlantique, le pays devra supprimer ses aides aux universités sous peine de payer des amendes effroyables aux candidats américains qui menacent d’un règlement arbitral de ce différend.

Comment cela va-t-il se passer concrètement?

Lorsque qu’une firme privée considère que des normes sociales ou environnementales adoptées par les pouvoirs publics, au niveau national, régional, départemental ou local, sont plus rigoureuses qu’il est nécessaire à leurs yeux ou constituent une entrave à la libre concurrence, l’article 32 du mandat de négociation instaure ce mécanisme de règlement des différends. La firme peut alors introduire une action contre le pouvoir public concerné. L’article 45 crée un mécanisme identique pour toutes les dispositions de l’accord en négociation. Le mécanisme de règlement des différends est une structure privée d’arbitrage constituée au cas par cas, dont les arbitres ne sont pas des magistrats professionnels, mais des personnes privées désignées par les parties ; les débats ne sont ni contradictoires, ni publics. Il n’y a pas de procédure d’appel. Ce mécanisme ne peut en aucune façon être assimilé à un tribunal. Le modèle le plus connu en France est le groupe d’arbitrage créé pour le différend entre Tapie et l’État. On a vu ce que cela a donné !

Vous doutez ? Il y a 20 ans, deux pays ont signé leur propre accord de grand marché avec les États-Unis : le Canada et le Mexique. Il s’agit de l’ALENA (Accord de Libre-Echange Nord-Américain). Le Canada a été attaqué 35 fois par des firmes privées américaines. Dans la majorité des cas, ces firmes contestaient des mesures introduites au niveau fédéral, provincial ou municipal en vue de protéger la santé publique ou l’environnement ou pour promouvoir des énergies alternatives. Le Canada et le Mexique ont perdu toutes les plaintes déposées par les firmes étasuniennes. Mais aucune des plaintes déposées contre les États-Unis par des firmes canadiennes et mexicaines n’ont abouti. En tout, le Canada a déjà dû débourser des dommages et intérêts de plus de 171,5 millions de dollars canadiens. A l’heure actuelle, des investisseurs américains réclament plusieurs milliards de dollars au gouvernement canadien.

Un exemple ? La firme chimique américaine Ethyl a poursuivi le Canada pour une loi de 1997 interdisant un additif qui rend le diesel plus performant. Cet additif contient du manganèse qui est neurotoxique. Le Canada a du payer 13 millions de $ de compensations à Ethyl et abroger sa loi !

Malgré ces précédents, l’Union européenne a conclu avec le Canada, le 26 septembre 2014, un accord d’intégration économique de large portée (Accord AECG)… prévoyant un mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États, semblable à celui du GMT ! Du coup, la contestation européenne exige l’annulation de cet accord, en plus de l’arrêt des négociations sur le GMT.

Principale cible : l’agriculture.

Les domaines concernés par le projet de TTIP sont nombreux. On pourrait évoquer la finance, la santé, la sécurité sociale, l’éducation. Mais cela mériterait un livre entier. J’ai choisi le thème qui nous concerne le plus intimement : la nourriture.

Imaginez un repas absurde avec du bœuf aux hormones, du poulet lavé au chlore, du maïs transgénique, du chocolat sans graine de cacao… qui ont inondé nos grands magasins. Imaginez des campagnes saccagées par d’immenses exploitations agricoles, industrialisées, « pesticisées », rentables à mort dans une vaine tentative d’empêcher l’envahissement de nos pays par les produits agricoles étatsuniens – délivrés des droits de douane européens – mais toujours subventionnés par le gouvernement étatsunien. Fini donc le panier du pays, le circuit court entre paysans et consommateurs, à la poubelle de l’histoire l’agriculture biologique. Imaginez le triomphe ricanant de Monsanto qui répand ses semences trafiquées, seules autorisées par les firmes multinationales et la commission européenne. Tant pis pour les abeilles !

Comment cela va-t-il se passer ? Actuellement, les droits de douanes sont très réduits dans quantité de secteurs commerciaux. Heureusement, ils sont restés importants dans le domaine des produits issus de l’agriculture : les viandes, les poissons, les dérivés du lait, les œufs, les céréales, les oléagineux, le cacao, le café, le thé, les épices, les fruits et légumes, les produits de la minoterie, le sucre, les boissons.

L’agroéconomiste Jacques Berthelot a procédé à une analyse minutieuse[i], produit par produit, des conséquences d’une élimination même progressive des droits de douane européens sur les produits agricoles importés des USA. A ces conséquences directes, il faut ajouter qu’en vertu du principe de l’OMC du traitement de la nation la plus favorisée, si l’Europe élimine les droits de douane pour les produits agricoles étatsuniens, elle devra le faire pour les produits agricoles de tous les pays membres de l’OMC. Le marché européen deviendra alors le marché le plus ouvert du monde.

Conclusion de Berthelot : cet abaissement « remettrait totalement en cause l’objectif de faire évoluer l’agriculture européenne vers des modèles plus durables – aux plans économique, social et environnemental – , il accélérerait le processus de concentration des exploitations pour maintenir une compétitivité minimale, réduirait drastiquement le nombre d’actifs agricoles, augmenterait fortement le chômage, la désertification des campagnes profondes, la dégradation de l’environnement et de la biodiversité et mettrait fin à l’objectif d’instaurer des circuits courts entre producteurs et consommateurs. »

Outre les droits de douane, quel est l’enjeu majeur des négociateurs ?

Abattre les normes pour imposer la bio-piraterie et la dérégulation sanitaire, alimentaire et phytosanitaire. L’article 28 du mandat appelle en effet à un renforcement des droits de propriété intellectuelle tels qu’ils sont déjà amplement consacrés par l’accord de l’OMC. On sait que c’est par une extension de ces droits que l’agrobusiness s’emploie à s’assurer le contrôle de toute la chaîne alimentaire, de la semence à l’assiette, à imposer ses propres semences, à breveter le vivant végétal (nutritif ou curatif) et animal et, de la sorte, à privatiser le patrimoine de l’humanité. On sait aussi que c’est l’usage abusif de ces droits par les multinationales pharmaceutiques, soutenues par des gouvernements occidentaux, qui réduit de plus en plus l’accès aux médicaments essentiels pour les populations en situation précaire. Je vous recommande de lire à ce sujet le dernier rapport d’Oxfam titré : « Insatiable richesse : toujours plus pour ceux qui ont déjà tout » où l’on détaille comment les entreprises dépensent des millions de dollars en lobbying afin de protéger et renforcer leurs intérêts.

Les USA et l’UE ont des manières très différentes de protéger la santé des consommateurs. Aux USA, dont le gouvernement n’est pas chargé de l’intérêt général, c’est par les voies de recours aux tribunaux que les consommateurs peuvent agir à posteriori. Dans les États européens, c’est par l’établissement de normes que cette protection est assurée.

Autrement dit, aux USA, tant qu’il n’a pas été prouvé scientifiquement qu’un produit est nocif, il est libre d’accès. En Europe, tant qu’on n’a pas prouvé que le produit est sain, il est interdit d’accès. Deux conceptions du risque radicalement opposées.

En Europe, des normes en matière d’alimentation et de santé, ainsi qu’en matière phytosanitaire (santé des plantes) protègent plus ou moins les populations. Le texte du mandat des négociateurs annonce que l’accord sur les mesures sanitaires et phytosanitaires de l’OMC ainsi que l’accord vétérinaire bilatéral USA-UE vont servir de base pour aller plus loin. Mais dans quel sens ? Certainement pas vers plus de protection, puisque les entreprises américaines contestent le bien fondé scientifique des normes sanitaires européennes et font pression sur le gouvernement US pour obtenir leur abrogation à travers cet accord transatlantique.

Les refus européens des OGM, celui du bœuf traité aux hormones de croissance, des poulets chlorés, des carcasses traitées à l’acide lactique, des porcs traités à la ractopamine (additif chimique qui rend la viande plus maigre, interdit dans 150 États) sont considérés, aux USA, comme des barrières protectionnistes dépourvues de pertinence scientifique. Les négociateurs américains n’accepteront jamais le « droit pour les Parties à évaluer et gérer les risques en conformité avec le niveau de protection que chaque Partie juge approprié, en particulier lorsque les preuves scientifiques sont insuffisantes » demandé par le mandat(article 25). D’ailleurs, l’article 45 de celui-ci prévoit que les firmes privées auront le droit de contester toutes les normes (sociales, sanitaires, environnementales, …) devant ce fameux mécanisme de règlement des différends.

Que nous rapporterait le GMT?

Les autorités européennes s’évertuent à nous faire croire que ce grand marché aurait de magnifiques répercussions sur notre commerce et donc des retombées financières et en terme d’emplois dans nos pays. Et pourtant, un rapport issu du Centre européen d’économie politique internationale (European Centre for International Political Economy, Ecipe), affirme que le GMT procurera à la population du marché transatlantique un surcroît de richesse de 3 centimes par tête et par jour… à partir de 2029 (14). La même étude évalue à 0,06 % seulement la hausse du produit intérieur but (PIB) en Europe et aux États-Unis. Par comparaison, la cinquième version de l’iPhone d’Apple a entraîné aux États-Unis une hausse du PIB huit fois plus importante !

Par contre, il est impossible de chiffrer le risque que nous ferait courir les milliers d’entreprises qui utiliseraient contre nos États le mécanisme de règlement des différends. Quatorze mille quatre cents compagnies américaines disposent en Europe d’un réseau de cinquante mille huit cents filiales qui pourraient se jeter dans la chasse aux trésors publics. Ce serait la faillite assurée de nos finances nationales.

Les rapaces ne sont pas uniquement américains ! Rappelons que le fournisseur d’électricité suédois Vattenfall réclame plusieurs milliards d’euros à l’Allemagne pour son « tournant énergétique », qui encadre plus sévèrement les centrales à charbon et promet une sortie du nucléaire !

Et que la française Veolia, qui traite les déchets d’Alexandrie, a attaqué l’Égypte pour une atteinte insupportable à ses intérêts parce que le gouvernement a accepté une augmentation de salaire minimum des travailleurs – de 41 à 72 euros par mois -…

La réaction citoyenne est européenne

Comment réagir ? D’abord, en brisant le secret. La mobilisation des citoyens européens a été entendue par la Cour de Justice Européenne qui a décidé en juillet 2014 que les documents portant sur des négociations internationales ne doivent pas être « systématiquement » confidentiels.

Tiens, à ce propos, curieuse coïncidence, la Commission européenne a dévoilé le 28 novembre 2013 une proposition de directive relative à la protection des savoir-faire et des informations commerciales non divulgués (secrets d’affaires) contre l’obtention, l’utilisation et la divulgation illicites. Tout n’est pas nécessairement mauvais dans ce projet mais il a une conséquence très claire : les lanceurs d’alertes comme ceux qui ont révélé Luxleaks ou HSBC et bien d’autres affaires risquent d’être poursuivis et condamnés. « En effet, la notion de secret des affaires consacre le fait que le droit des actionnaires prime sur celui des salariés et de la société tout entière et remet directement en cause le droit d’intervention des organisations syndicales, la reconnaissance récente et fragile des lanceurs d’alerte et la liberté de la presse », annonce une série d’associations françaises regroupées sous les sigles « stop trade secret » et « we are the leaks ».

Ce projet de directive est mis à l’ordre du jour du Parlement européen le 28 avril ; une campagne est donc lancée visant à obtenir un vrai statut des lanceurs d’alerte, à renforcer le droit d’intervention des organisations syndicales et des institutions représentatives du personnel, et à garantir la responsabilité des multinationales.

Le secret des négociations sur le GMT doit cesser. Le débat doit être porté devant les parlements, au vu et au su de tous. Heureusement, les pouvoirs locaux peuvent refuser d’entériner le futur accord transatlantique. De nombreux appels sont lancés sur internet pour que les citoyens des divers pays européens interpellent leurs élus afin de s’engager à ce sujet.

En Belgique, la campagne No-Transat a été lancée il y a quatre ans déjà par des militants de la FGTB, rejoints par la CSC et de nombreux groupes citoyens. 74.550 citoyens belges ont déjà signé leur adhésion. Une pétition européenne a recueilli, elle, plus d’un million 475 mille signatures. Malgré cela, elle n’a pas été reconnue comme « Initiative citoyenne » à part entière par la Commission européenne ancienne. Il faut dire que le commissaire chargé à l’époque du commerce, Karel De Gucht, est un fervent partisan du GMT.

En France, une vingtaine de villes et communautés territoriales ont déclaré leur opposition au GMT. En Belgique, la Ville de Bruxelles a adopté le 22 janvier 2015 une résolution en ce sens. D’autres communes belges ont effectué la même démarche. Le mouvement s’étend dans divers pays européens.

Cependant, l’actualité politique est paradoxale. D’une part, le nouveau parlement européen vient d’organiser un débat portant notamment sur la clause des Règlement des Différends Investisseurs-États (RDIE), qui a essuyé récemment de vives critiques de la part des gouvernements allemands et français. Mais ces trois derniers jours, on apprenait que la France faisait marche arrière à ce sujet ! Motif ? Mieux vaut une cour d’arbitrage qu’une juridiction inféodée au pouvoir… Et l’on pense ici à la Chine. L’Allemagne reste toujours vigoureusement contre. L’arrivé au pouvoir de Syriza en Grèce pourrait également rebattre les cartes des soutiens gouvernementaux aux accords de « libre-échange ».

Partout, des citoyens se groupent, contestent, pétitionnent, boycottent. Ils veulent une éthique de l’économie. Ils veulent une responsabilisation morale des multinationales. Les journaux, les grands médias répercutent de plus en plus cette question.

Malgré cela, notre gouvernement fédéral a affirmé, le 5 février 2015, sa volonté de conclure au plus tôt les dizaines de traités internationaux dans le cadre de l’Union économique belgo-luxembourgeoise, toujours en attente de signature. Tous contiennent une clause d’arbitrage « investisseurs-contre-Etats » similaire à celle prévue dans le projet de traité transatlantique.

Notre gouvernement oublie que nous avons une affaire pendante avec la Chine à la suite d’un accord semblable : en 2012, l’assureur chinois Ping An a entamé un arbitrage contre la Belgique, sur base de l’accord bilatéral d’investissement UEBL-Chine, demandant compensation pour une perte qu’il estime à 2,8 milliards d’Euros dans le cadre du rachat de la banque Fortis. Une sentence pourrait donc être rendue dans les prochaines années par trois arbitres privés condamnant la Belgique à plusieurs milliards d’euros de compensation, sans aucun recours possible, contre une décision prise par un gouvernement démocratiquement élu.

Mais que font nos parlementaires ?

Pouvons-nous rêver d’une éthique mondiale ?

Malgré les atermoiements politiques, la lutte continue. Elle dépasse le clivage gauche-droite. Elle inclut les débats sociétaux, écologiques, de droit international, d’éthique des affaires.

De plus en plus de citoyens interpellent leurs élus, refusent qu’on leur impose des règles contraires aux valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité. Ils veulent le maintien des valeurs de solidarité, des Etats garants de la démocratie, de la sécurité sociale, de dialogue social par le biais des syndicats notamment. Ils rêvent d’un tribunal pénal international pour les multinationales les plus criminelles, celles qui volent les terres, les biens communs, les richesses de la nature et surtout, celles qui violent les droits les plus élémentaires des populations locales, des travailleurs… et qui viennent ensuite tranquillement négocier avec nous une extension de leur énorme pouvoir.

S’ils respectent ces valeurs et ces règles exigées par les citoyens, les pouvoirs démocratiques pourront faire respecter le droit international, les règles de sécurité alimentaires et médicales les plus strictes. La création intellectuelle, artistique et scientifique autant que technique, pourra être protégée et financée par les Etats. L’environnement sera protégé afin que nous puissions produire des aliments sains en suffisance pour nourrir une humanité en croissance. C’est possible, mais seule une régulation par les pouvoirs publics peut obtenir de tels résultats et pas le dit « libre marché » qui sert avant tout les intérêts d’une minorité de riches.

Oui, il est permis de rêver de pouvoirs publics, émanations des peuples informés, éclairés, solidaires. Nous pouvons mettre en pratique cet humanisme héritier des Lumières où de plus en plus de citoyens utilisent les leviers de la démocratie pour protéger le bien commun.

Notes :

http://www.jennar.fr/

www.gmtpourleretraitdelafrance.fr

http://www.collectifstoptafta.org/collectifs-locaux/

http://www.no-transat.be/

http://www.altersummit.eu/alter-sommet/article/appel-a-un-sommet-alternatif?lang=en

http://france.attac.org/se-mobiliser/le-grand-marche-transatlantique/

– « Europe, une biographie non autorisée. De la « paix américaine » à la « civilisation poubelle », 580 pages chez Aden, pour 30 €.

Le Monde diplomatique daté juin 2014 comprend un dossier de huit pages sur le Grand marché transatlantique (GMT).

http://www.euractiv.fr/sections/euro-finances/les-documents-du-ttip-peuvent-etre-publies-selon-la-cour-de-justice

– « Les usurpateurs- Comment les entreprises transnationales prennent le pouvoir », Susan George, Seuil, 2015.

http://www.cncd.be/Le-gouvernement-Michel-sous-traite

http://www.cncd.be/L-arbitrage-investisseur-Etat-un

– Transatlantique arnaque – La casse du siècle: https://www.youtube.com/watch?v=LjftFgq_Ltg

– BERTHELOT Jacques, La folie d’intégrer l’agriculture dans un accord de libre-échange UE-USA, 15 août 2013 (jacques.berthelot4@wanadoo.fr).

États-Unis: Quand Wall Street remplace les Nations Unies

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Alastair Crooke

Jadis, le Conseil de sécurité des Nations unies pouvait prendre des sanctions à l’encontre de personnes, de groupes ou d’États qui menaçaient la paix mondiale. Mais aujourd’hui, Washington utilise le vocable de « sanctions » pour masquer ses agressions économiques contre ceux qui lui résistent. Bien sûr, les « sanctions » unilatérales des États-Unis sont illégales en droit international. Il ne s’agit en réalité que d’embargos, forme moderne des sièges militaires.

Source: http://www.voltairenet.org/article186956.html

Lors du Forum d’Istanbul, Alastair Crooke a offert un entretien d’une grande profondeur géostratégique à Yonca Poyraz Doğan, qui tient la rubrique Monday Talk dans le quotidien turc Today’s Zaman, pour l’édition en anglais [1].

Alastair Crooke a été fonctionnaire de haut rang dans le MI6, avant d’être conseiller en politique extérieure de l’Union européenne et du sénateur états-unien George Mitchell ; il dirige actuellement le groupe de réflexion Conflicts Forum, qui a son siège à Beyrouth.

Citoyen britannique, Crooke est également l’auteur de l’ouvrage Résistance, l’essence de la révolution islamiste [2], et il approfondit ici des thèmes déjà développés par Juan C. Zarate, l’ancien vice-assistant de W. « Baby » Bush, dans son livre La guerre du Trésor : déclenchement d’une nouvelle ère de guerres financières [3] ; il reprend aussi le stratège financier James Rickards, qui avait présenté un exposé [4] à l’International Institute for Strategic Studies de Londres ; je m’étais moi-même basé sur leurs travaux pour offrir une conférence à l’Institut de Recherches Economiques de l’UNAM il y a deux ans.

Alastair Crooke explique donc en détail la nouvelle hégémonie US en termes de financiarisation de l’ordre global, à une époque où l’ordre international dépend plus du contrôle de la Réserve fédérale et du Trésor des USA que de l’Onu. Sa lecture géo-financière rend patente la suprématie du dollaro-centrisme de Wall Street par-dessus l’ordre légal caduc de l’Onu ; en effet le système de l’hégémonie du dollar n’a pas besoin de la dépendance US par rapport à l’Onu, et en laisse le contrôle au secrétariat au Trésor, contrôlé à son tour par David Steve Cohen, ce qui explique le fait que les instruments militaires sont devenus moins accessibles à l’administration états-unienne pour des raisons de politique extérieure. En effet, qui surveille donc le vigilant D. S. Cohen ?

Crooke considère que les USA et Wall Street sont parvenus à contourner l’Onu pour imposer leur ordre global « basé sur un système dollaro-centré » au moyen de « l’instrumentation de la position US comme contrôleur de toutes les transactions en dollars, ce qui permet de se passer de tous les vieux outils (sic) de la diplomatie et de l’Onu. »

À son avis, « le monopole de la devise de réserve est devenu l’instrument unilatéral US, déplaçant l’action multilatérale de l’Onu, tandis que les USA réclament que soit sous leur juridiction toute transaction formulée en dollars, partout dans le monde.

Jusqu’où les monétaristes de la Réserve fédérale et du Trésor US poussent-ils le mépris pour l’agonisante Onu ?

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Aujourd’hui les USA ne tiennent plus compte de l’ordre international structuré autour de l’Onu et de son corpus de lois internationales, et ils tendent à imposer leurs « sanctions économiques pour faire pression sur certains (sic) pays. » Les sanctions économiques des USA se sont substituées aux lois internationales, tandis que la pléiade des financiers monétaristes israélo-anglo-saxons prend la place de la vieille garde des juristes de l’Onu.

L’année dernière, on a calculé que les transactions globales en dollars US correspondaient à un minimum de 65 % de l’échange de biens et de services, pourcentage qui a dû augmenter avec l’effondrement de l’euro et la guerre des devises qui a provoqué des dévaluations abruptes, depuis le yen japonais jusqu’au real brésilien.

Il faut souligner une coïncidence inédite : les chefs du colossal contrôle financier des USA, sont trois israélo-américains : David Steve Cohen, le surveillant en chef, Jack Lew, le secrétaire au Trésor, et Janet Yellen, gouverneur de la Réserve fédérale. Un énorme pouvoir financier…

David Steve Cohen est l’équivalent dans le Mexique néolibéral actuel, du point de vue opérationnel, d’Alberto Bazbaz Sacal, celui qui a négligé de porter son regard sur les pots-de-vin internes dans son Unité de Renseignement financier, du secrétariat aux Impôts, mais ne connaît aucune réprimande pour autant, et qui a ignoré la fraude étrange de Ficrea.

Quelles sont les chances de succès du nouvel ordre financier global imposé par Wall Street et les USA ?

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La cosmogonie de Crooke est géo-financière : elle applique la géopolitique des finances aux grandes puissances, en particulier à la Chine et à la Russie, qui ont noué une alliance pour contrer la guerre financière entre les USA et la Russie, véritable conflit géostratégique qui se déploie en Ukraine, d’où émergera le Nouvel ordre mondial, ce qui est la thèse de notre blog [5].

Après la rude correction infligée par la banque israélo-anglo-saxonne à l’Iran, comme le signale le livre de Juan Zarate, et maintenant la guerre géo-financière contre la Russie, dans ses quadruples modalités, sanctions, effondrement du rouble et du pétrole, fuite massive de capitaux, le « système du pétrodollar qui cotise en dollars l’or noir, se trouve blessé à mort », selon Crooke, qui considère que la Chine a compris que la Russie constitue le premier domino ; si la Russie tombe, la Chine se retrouvera en première ligne. C’est pourquoi elles cherchent ensemble à créer un système financier parallèle (sic) déconnecté du système financier occidental, qui inclut la réplique du Swift et des entités comme la Banque de Développement Asiatique face au FMI.

Il faut encore ajouter la création de la nouvelle Banque de développement des BRICS et leur mini FMI lors du sommet de Fortaleza au Brésil, tellement important à mon avis qu’il a déclenché la fureur contre la Russie en Ukraine quelques jours plus tard (il faut comprendre dans ce cadre l’attentat contre le vol de la Malaysia Airlines, commis par les oligarques ukrainiens liés à l’OTAN).

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Alastair Crooke signale que c’est la Chine, et non pas le FMI, qui est en train de sauver le Venezuela, l’Argentine et la Russie tandis que leurs devises s’effondrent, et il rapporte que la Chine se faisait déjà du souci pour le rouble à la mi-décembre, ce qui l’a poussée à intervenir pour arrêter la chute.

Les tendances financières sont favorables à la Chine, qui est en train de déplacer le FMI et la Banque mondiale et qui opère comme « barrière face à un système financier qui se trouve pris dans un virage dramatique pour évoluer et se distancer du contrôle occidental », ce qui touche de près le Proche-Orient et ses flux financiers provenant du pétrole.

Il annonce « la fin du système du pétrodollar pour recycler les revenus pétroliers de Wall Street », alors que la chute du prix du pétrole a créé subitement d’immenses turbulences financières qui ont mis en danger le système financier global.

Le long texte de l’entretien avec Crooke est fascinant : il révèle qui sont derrière les salafistes du groupe DAESH / ISIS / ISIL et nous fait comprendre comment l’effondrement artificiel des prix du pétrole a pour but de faire du tort à l’Iran et de faire pression sur la Russie pour leur faire changer d’attitude envers le président Baschar al Assad de Syrie, processus dans lequel les dérivés financiers de Wall Street ont joué un rôle décisif, comme ils le font maintenant avec les métaux précieux, en particulier l’or et l’argent.

Traduction
Maria Poumier

Source
La Jornada (Mexique)

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[1] “Turkey might become hostage to ISIL just like Pakistan did”, Yonca Poyraz Doğan, Today’s Zaman, February 1, 2015.

[2] Resistance : The Essence of the Islamist Revolution, Alastair Crooke, Pluto Press (February 17, 2009), 328 pages.

[3] Treasury’s War : The Unleashing of a New Era of Financial Warfare, Juan Zarate, PublicAffairs (2013), 512 pages.

[4] Currencies of Power and the Power of Currencies : The Geopolitics of Currencies, Reserves and the Global Financial System, James Rickards, IISS Seminar (2012), 18 pages.

[5] Blog d’Alfredo Jalife-Rahme (en espagnol).

Patrick Martin – Washington se prépare à une guerre mondiale

Le AtlanticCouncil diffusera en Live sur Youtube, le 17 Mars 2015 / 15h30, la conférence intitulée: HOW THE NEXT GREAT WAR BEGINS / Comment commence la prochaine Grande Guerre avec en sous-titre: Le début de la prochaine Grande Guerre… Pas besoin d’un devin pour comprendre la suite. Exactement comme le démontre Orlov dans son article Dmitry Orlov: Les US échoueront à l’échec en entraînant leurs partenaires. l’Empire du Chaos n’en est plus à désirer un certain résultat, il ne s’améliorera pas, au contraire il va tenter d »embraser autant de foyers que possible. Burn baby burn! Ouf! Ça donne un frisson dans le dos!

Un document extraordinaire publié le 31 juillet sur les préparatifs militaires américains demande au Pentagone de se préparer à mener en même temps pas moins d’une demi douzaine de guerres, dont des guerres où l’adversaire dispose d’armes nucléaires.

Ce document intitulé “Ensuring a Strong Defense for the Future,” (Assurer une défense forte pour l’avenir) a été rédigé par le National Defense Panel, un groupe d’anciens haut responsables militaires et civils, chargés par le Congrès de fournir un examen critique du document officiel de préparatifs du Pentagone publié en début d’année, le Quadrennial Defense Review 2014.

Source: Patrick Martin – WSWS

Le National Defense Panel est dirigé conjointement par William Perry, ministre de la Défense du gouvernement Clinton et le général John Abizaid, ancien chef du commandement central américain. Parmi ses membres on compte quatre autres généraux à la retraite, ainsi que Michèle Flournoy, ancienne ministre adjoint à la Défense sous Obama et Eric Edelman, néoconservateur en vue et sous-secrétaire à la Défense dans le gouvernement de George W. Bush.

Ce groupe est donc bipartite et représente l’ensemble du spectre de l’élite responsable de la sécurité dans le Washington officiel. Son rapport est sorti sous les auspices d’une agence financée au niveau fédéral et qui se consacre à l’étude de la guerre et dont le nom, dans la plus pure logique orwellienne, est l’ US Institute of Peace (l’Institut américain pour la Paix.)

Ce document met en garde contre les dangers confrontant les Etats-Unis, avec en premier lieu le pouvoir grandissant de la Chine et de la Russie, suivi par la Corée du Nord, l’Iran, l’Irak, la Syrie, l’ensemble du Moyen-Orient, puis l’Afrique. La Chine et la Russie sont ainsi placées en haut de la liste des cibles potentielles pour une action militaire américaine, devant les trois pays choisis par George W. Bush dans son fameux discours de 2002 sur « l’Axe du mal. »

Ce document fait remarquer que depuis les deux dernières décennies, depuis l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, la doctrine de défense des États-Unis exige qu’il soit possible de mener de front deux guerres majeures. Puis il exige que l’on procède à un changement radical dans cette doctrine:

« Étant donné que le climat de menace empire, nous estimons qu’une structure plus expansive des forces militaires, une qui soit différente de celle permettant de mener de front deux guerres, mais tout aussi puissante, est appropriée. »

Un peu plus loin des précisions sont apportées:

« Nous estimons … que la capacité à mener une guerre mondiale est la condition sine qua non d’une superpuissance et donc une condition essentielle à la crédibilité de la stratégie de sécurité nationale globale des États-Unis. Dans le climat actuel de menace, il serait possible que l’on fasse appel aux États-Unis pour dissuader ou combattre dans plusieurs régions durant des périodes qui se recoupent: sur la péninsule coréenne, en Mer de Chine orientale ou du Sud, au Moyen-Orient, en Asie du Sud et très probablement en Europe. Les États-Unis sont aussi confrontés à la perspective de combattre des adversaires disposant de l’arme nucléaire. De plus, la propagation d’Al Qaïda et de ses dérivés dans de nouvelles régions en Afrique et au Moyen-Orient signifie que l’armée américaine doit être capable de supporter des opérations de contre-terrorisme et de défendre la patrie américaine même lorsqu’elle est engagée dans des conflits régionaux à l’étranger. [caractères gras ajoutés]

Cette liste suggère que les Etats-Unis doivent se préparer à combattre cinq ou six guerres majeures simultanément. Ce n’est rien de moins que d’exiger que l’impérialisme américain commence à se préparer à mener une guerre mondiale qui menacerait d’extinction l’humanité entière.

Présenter la Chine et la Russie comme des cibles probables de l’action militaire américaine a des implications des plus sinistres, étant donné que ces deux pays disposent des deuxième et troisième plus importants arsenaux nucléaires de la planète, derrière les Etats-Unis.

Le rapport soutient la position du gouvernement Obama de « ré-équilibrage » des forces militaires américaines afin de confronter la Chine, décrivant cette initiative stratégique comme étant un effort visant à réaffirmer « la primauté de la région Asie-Pacifique parmi les intérêts sécuritaires des États-Unis. »

Quant à la probabilité qu’une telle guerre éclate, il faut faire remarquer que le National Defense Panel discute des détonateurs possibles pour une conflagration majeure, notamment en Extrême-Orient. Le langage est peut-être truffé de jargon mais il n’empêche que la perspective fait froid dans le dos.

« La prolifération de systèmes ne nécessitant pas de pilote et qui sont de plus en plus autonomes en Asie-Pacifique ainsi qu’au Moyen-Orient, par exemple, aura un impact préjudiciable sur la capacité à maintenir la stabilité lors d’une crise ou à gérer l’escalade si un conflit survenait. Ces systèmes, combinés à la prolifération d’armes offensives et défensives dans le cyberespace et l’espace lui-même, affecteront grandement la relation entre la capacité militaire offensive et défensive dans les régions clé, augmentant le risque qu’une crise ne se transforme rapidement en un conflit avant que les décideurs politiques et les commandants militaires n’aient le temps nécessaire pour réagir. »

Pour dire les choses simplement, une guerre majeure peut être déclenchée par l’interaction d’armes fixées sur des drones et de systèmes de riposte automatisés des deux côtés, sans même qu’il y ait d’intervention humaine.

Le rapport ne met pas ouvertement en question la professionnalisation de l’armée, mais se concentre sur son coût en augmentation et exige « des réformes des salaires et des prestations sociales qui soient significatives et permettent de réduire le coût » afin de le rendre plus abordable. La logique des pressions conjointes de l’augmentation des coûts et de l’expansion des déploiements militaires est cependant inexorable: cela veut dire que tôt ou tard, et cela viendra plus tôt qu’on ne le croit, la classe dirigeante américaine devra opter pour une forme de conscription qui aille encore plus loin que la conscription économique actuelle où les couches les plus pauvres de la classe ouvrière s’engagent dans l’armée de « volontaires » de façon disproportionnée.

Le rapport sur la défense exprime l’inquiétude de voir les préparatif de guerre du Pentagone être affectés par les contraintes financières sur l’impérialisme américain, notamment les limitations auto-imposées comme le blocage budgétaire (« sequester ») de certaines dépenses militaires choisies et imposées conformément à la Budget Control Act (loi de contrôle du budget) de 2011.

Les auteurs déplorent à maintes reprises les limites imposées sur les dépenses militaires des Etats-Unis du fait du fardeau des programmes sociaux dans le pays, en attirant l’attention sur « l’énorme fossé grandissant entre le montant collecté pour soutenir les programmes sociaux, notamment la sécurité sociale et les principaux programmes de santé, et l’argent dépensé pour ces programmes. »

Ils déclarent, « Les États-Unis doivent mettre de l’ordre dans leur fiscalité tout en finançant simultanément et de façon robuste les dépenses militaires. Une maîtrise agressive du coût des soins de santé doit certainement être poursuivie à la fois au sein du Département militaire [c’est à dire pour les soldats et leur famille] et plus largement dans tous les programmes du gouvernement. »

Il faut le répéter: Il s’agit d’un rapport bipartite. Démocrates et Républicains, libéraux et conservateurs ont approuvé les exigences exprimées dans ce rapport de réduire drastiquement les programmes sociaux dont dépendent les travailleurs afin de s’assurer que des milliers de milliards soient disponibles pour les déverser dans la gueule insatiable de la machine de guerre américaine.

Le caractère bipartite de ce document atteste de l’unité de toutes les sections de la classe dirigeante américaine sur le recours à une violence sans précédent pour sauvegarder sa richesse et sa domination sur de vastes régions du monde. Cela confirme que la lutte contre la guerre impérialiste ne peut être menée que par la classe ouvrière qui se libère du système politique existant au Etats-Unis et qui construise un mouvement politique de masse indépendant, fondé sur un programme socialiste révolutionnaire et internationaliste.

(Article original paru le 6 août 2014)

NSA : Espionner les dirigeants européens

Anonymous est apparu pour la première fois sur la toile d’Internet en 2003 comme un groupe de hackers activistes défendant la liberté d’expression et opérant comme un « cerveau digital global anarchiste. » Il s’agit d’un instrument, ou plutôt d’une arme destinée à être utilisée dans la guerre de l’information. Et cette arme a un avantage considérable : il s’est bien souvent avéré difficile de savoir qui l’utilisait vraiment. Pourtant, le problème ne se posait pas lorsqu’Anonymous publiait en 1993 une photo d’Angela Merkel rendant visite au Club Elbterrassen pour y rencontrer quelques skinheads et quelques autres personnages dont l’un exécutait un salut nazi…

Berlin s’était alors fendu d’explications circonstanciées, mais ce n’est pas là le problème. Une photo vieille de plus de 12 ans vient d’être publiée le 9 février dernier, juste avant la visite d’Angela Merkel à Washington, et après sa rencontre avec le président français François Hollande et le président russe Vladimir Poutine à Moscou, une réunion qui a duré plusieurs heures.

En publiant cette photo, Anonymous demandait si, pour diriger l’Allemagne, on pouvait vraiment faire confiance à une femme politique qui fut membre de l’Organisation de la Jeunesse socialiste en Allemagne de l’Est, qui était une espionne de Berlin Est, et qui fricotait avec les nazis.

L’attaque médiatique a été précédée par un évènement notable : la chancelière s’est opposée à l’idée de fournir des armes létales à l’Ukraine. Angela Merkel a pris la parole lors d’une conférence sur la Sécurité à Munich le 7 février pour dire que « la situation de l’Ukraine ne s’améliorera pas en fournissant plus d’armes. » Et elle a réitéré cette affirmation un certain nombre de fois lors de ses récents voyages aux États-Unis et au Canada. Aux USA, ce sont le sénateur John McCain et la secrétaire d’État adjointe aux affaires européennes et asiatiques, Victoria Nuland, qui ont répondu en premier. Le Sénateur a comparé les tractations entre Merkel, Hollande et Poutine à la réunion d’apaisement entre Neville Chamberlin et Adolf Hitler. Mme Nuland a, comme à son habitude, utilisé un langage particulièrement obscène pour qualifier la dirigeante du principal État européen.

Il faut se rappeler aussi que depuis un certain temps, les services secrets américains ont abondamment collecté toute sorte d’informations, par différents moyens, dans le but de pouvoir les utiliser contre la chancelière allemande. On a appris par exemple en octobre 2013 que la NSA (National Security Agency) avait mis sur écoute le téléphone personnel de Mme Merkel, et l’information selon laquelle l’Agence américaine maintenait depuis plus de 10 ans la Chancelière sous surveillance a provoqué un énorme scandale. Mme Merkel a expliqué qu’elle n’attendait ni n’exigeait aucune excuse particulière, mais cette affaire a ouvert une importante brèche dans la confiance mutuelle et il a fallu des efforts importants pour tenter de la restaurer. Les promesses n’ont pas suffi, et la situation imposait des changements. Dans ces circonstances, la Chancelière pouvait difficilement calmer l’indignation générale, mais Washington a fait la sourde oreille sur ce qu’elle disait. L’histoire des enregistrements a finalement été étouffée et il n’y a eu aucun réel changement.

Angela Merkel n’est pas la seule dirigeante européenne à avoir fait l’expérience des pratiques de Washington concernant toute « liberté de pensée » des leaders européens, en particulier quand il s’agit de la Russie. Les exemples ne manquent pas.

La Hongrie, emmenée par son premier ministre Victor Orban, a signé avec la Russie un contrat pour achever la construction de deux centrales nucléaires situées à 100 km de Budapest. Les États-Unis ont [immédiatement] imposé des sanctions contre la Hongrie. Le Sénateur McCain, toujours aussi prompt à dégainer, a qualifié le premier ministre hongrois de « dictateur fasciste ». [Dans le même temps], le président Poutine était attendu à Budapest le 17 février.

L’administration US est aussi insatisfaite de la position de Milos Zeman, le président de la République tchèque, qui a osé demander des preuves que les troupes russes ont bien envahi l’Ukraine, et a appelé les États-Unis et l’Union européenne à mettre fin aux sanctions. Les USA ont alors utilisé leurs réseaux dans le pays pour lancer une vaste campagne discréditant le Président.

Alors qu’il était premier ministre de l’Italie, Silvio Berlusconi n’hésita pas à affirmer que la compréhension mutuelle entre la Russie et les États-Unis était une exigence pour la stabilité en Europe. Il a déclaré que les USA avaient agi de façon irresponsable en déployant des missiles de défense en Pologne et en République tchèque, en reconnaissant l’indépendance du Kosovo, et en poussant la Géorgie et l’Ukraine dans l’OTAN.

Dominique Strauss-Kahn, ex-directeur du fonds monétaire international, a été victime d’une provocation planifiée longtemps à l’avance et organisée contre lui aux États-Unis où il a été accusé d’avoir violé une femme de chambre noire lors de son séjour à New York. Il a dû faire faire à un procès aux États-Unis. On a su par la suite que la femme de chambre avait menti, mais cela est passé totalement inaperçu. Strauss-Kahn a perdu son poste au FMI et n’a pas pu se présenter aux élections présidentielles en France.(*)

Orban, Zeman, Berlusconi, Strauss-Kahn, et maintenant Merkel : tous sont devenus des cibles pour les frappes chirurgicales des armes de l’information US contre les politiciens européens montrant de bien trop grandes velléités d’indépendance en matière de politique étrangère, au goût de Washington.

L’establishment américain pense que l’Europe doit rester sur sa ligne et suivre la politique étrangère US sans aucune variante possible. Selon eux, c’est comme cela que s’obtient la quintessence de la coopération transatlantique. Juste après sa rencontre avec Angela Merkel, le président américain a expliqué lors d’une interview à Vox.com, que les États-Unis étaient obligés d’avoir « la plus puissante armée du monde. »Et il a ajouté « nous devons parfois tordre un peu le bras de certains pays qui ne veulent pas faire ce qu’on leur demande. » La brutalité de cette déclaration ne laisse aucun doute sur le fait que les États-Unis sont prêts à « tordre le bras » de n’importe quel allié qui n’aurait pas les mêmes vues qu’eux sur les différents problèmes dans le monde.

Les alliés (vassaux ?) européens, ou asiatiques peuvent être certain de cela. Le président turc Erdogan est très certainement le prochain sur la liste. On ne lui pardonne pas d’avoir signé avec Poutine l’accord sur le gazoduc « Turkish Stream ». Et on entend clairement le tic-tac de l’horloge.