UE: L’Allemagne sauve l’Euro en humiliant la Grèce

Par Pepe Escobar – Le 13 juillet 2015 – Source SpunikNews

Préambule

Il est bon de rappeler que l'eurogroupe, est une réunion 
informelle des ministres des Finances de la zone euro, 
sans aucune légitimité démocratique. Ce n'est pas un 
groupe appelé à prendre des décisions économiques 
ou politiques. Un groupe de discussion c'est tout, il n'a 
aucun pouvoir de décision.

Le décideur politique est le Conseil européen composé 
de membres démocratiquement élus par chaque pays de l'UE.

L'habitude a été prise par le Conseil de transformer 
systématiquement les préconisations technocratiques de 
l'eurozone en décisions politiques.

Ceci est tout sauf anecdotique, et montre à quel point 
les dirigeants élus de l'Europe ont abdiqué 
institutionnellement leur souveraineté politique aux 
mains du pouvoir financier et des conglomérats industriels; 
en bon français ça s'appelle une forfaiture.

Le Saker Francophone

Il a fallu aux institutions de l’UE le plus long sommet jamais tenu pour infliger à la Grèce une humiliation cuisante enrobée de novlangue eurocratique.

Et cela vient d’institutions qui ne bronchent pas lorsqu’il s’agit de sanctionner l’agression russe.

L’accord exclut le restructuration de la dette grecque – Wolfgang Schaüble © AP PHOTO/ THANASSIS STAVRAKIS

À la fin, il est revenu à la France (au président Hollande) contre l’Allemagne (la chancelière Merkel) – deux laquais que l’Histoire a placés à cet instant fatidique – de décider, tard dans la nuit, de l’avenir de l’Union européenne. L’Allemagne a gagné – avec la France peinant à rendre la pilule moins amère pour le Premier ministre grec Alexis Tsipras.

Dans le processus, Merkel/Hollande se sont comportés davantage comme un commando de l’Otan, fournissant un remix (économique) européen du Shock and Awe [choc et effroi]. Un eurocrate non identifié, invisible – encore consterné – l’a décrit de manière inoubliable comme un «supplice approfondi de la baignoire mental ». Dick Cheney et Donald l’inconnu-connu Rumsfeld devraient être admissibles pour toucher des droits d’auteur – dans l’esprit de l’amitié atlantiste.

Le résultat — cette déclaration du sommet européen— ajoute une nouvelle tournure à la maxime de Tacite : «Ils en font un désert et ils appellent cela la paix». Le Financial Times — qui au moins est familier de l’Histoire de Rome – l’a appelé «le programme de supervision économique le plus intrusif jamais établi dans l’Union européenne».

On va vous la jouer médiéval

La zone euro peut éclater à cause de la crise grecque. Martin Schultz. Reuters/Pawel Kopczynsk

Même avant l’offre finale que vous ne pouvez pas refuser, fleurant bon la mafia, compilée par les leaders de l’eurozone, Twitter a explosé dans le monde entier avec le hashtag #ThisIsACoup [Ceci est un coup d’État]. Parce que c’en était un. Notre marché – ou la faillite et l’expulsion de l’euro. Si c’est ce que l’Europe offre à ses amis, elle n’a pas besoin d’ennemis. Oh pardon ! en dehors de l’agression russe.

Donc nous avons ici un accord de sauvetage très dur qui vient juste une semaine après que les Grecs ont rejeté majoritairement par leurs votes le précieux accord pas si dur – qui ressemble maintenant à un truc pour jardin d’enfants.

Tsipras a cédé sur tout – depuis les coupes dans les retraites jusqu’à l’augmentation de la TVA pour, en effet, transformer la Grèce en une colonie du FMI (des centaines de millions de gens dans l’hémisphère sud savent exactement comment cela se traduit finalement en désastre économique).

La seule victoire de Tsipras a porté sur l’énorme montant de 50 milliards d’euros de possessions publiques grecques, qui seront placées, sous la surveillance du Parrain, dans une société basée dans le célèbre paradis fiscal de blanchiment d’argent qu’est le Luxembourg, et sur la privatisation à gogo, synonyme de capitalisme du désastre, ce second fonds sera basé à Athènes. Ces mesures sont supposées contribuer à payer les dettes.

Et comme la déclaration du sommet européen le souligne, l’actuel gouvernement grec sera même forcé de «revenir sur les engagements du programme précédent ou de fournir des équivalents compensatoires clairs pour les droits acquis créés ultérieurement».

Traduction : nous, les Maîtres de l’Eurozone, nous allons appliquer le sort carthaginois à votre économie [le Moyen-âge est encore loin, NdT].

Pas étonnant que les esprits passionnés d’Histoire dans l’Union européenne – et ils sont nombreux – soient convaincus que ceci est plus grave que le Traité de Versailles de 1919. Et nous savons tous comment ça s’est gâté à partir de là.

Et si tout cela échoue – comme cela se pourrait bien – ce sera la faute de la Grèce : «Les risques de ne pas conclure rapidement les négociations incombent pleinement à la Grèce.»

Le président de la Commission européenne (CE), l’opportuniste [imbibé, NdT] notoire Jean-Claude Juncker, est convaincu que le Parlement grec approuvera l’accord. Traduction là encore : c’est l’autoroute de la troïka, ou la mortalité animale sur les routes – comme dans le Grexit.

Le retour du Mur d’Hadrien ?

Ainsi, Angela Merkel gagne. Blitzkrieg Schäuble gagne. Le message de l’Allemagne aux autres pays agités de l’eurozone – l’Espagne, le Portugal, l’Irlande – est : «Essayez de faire quelque chose comme ça et nous vous ramènerons à Carthage».

Dans le meilleur des mondes possibles, à la Voltaire, Athènes pourrait avoir maintenant une ouverture pour procéder en un temps record à ces réformes drastiques si nécessaires. Et pourtant, bonne chance à celui qui réussira à amener les oligarques grecs à payer des impôts. Dans une veine plus proche de la realpolitik, on pourrait risquer que l’eurozone – à long terme – est condamnée.

Maintenant, c’est au peuple grec d’avoir – une fois de plus – le dernier mot. Sur un plan pratique de survie quotidienne, des millions de gens seront naturellement soulagés de voir les banques travailler de nouveau, les distributeurs automatiques fonctionner, les touristes revenir dans les îles et leurs retraites énormément dévaluées et leurs économies libellées en euros.

Et pourtant, c’est le peuple grec – et ses droits sociaux – qui a été impitoyablement puni. Et c’est extrêmement injuste. De 2001 – lorsqu’elle est entrée dans l’eurozone – jusqu’au commencement de la crise financière en 2007, la Grèce a dépensé moins pour les programmes sociaux (20.6%) que la France (28.7%) et – oui – l’Allemagne (26.7%).

Et la productivité du travail en Grèce était plus élevée que – oui – en Allemagne. Jusqu’en 2008, la croissance du PIB réel de la Grèce était en moyenne de 3.6%, et celle de l’Allemagne à peine à 1.3%. Voilà pour le mythe – largement colporté en Allemagne et dans d’autres pays d’Europe du nord – que les Grecs sont un tas de paresseux en train de téter des retraites généreuses et des allocations de chômage.

La victoire de la terre brûlée de l’Allemagne pourrait se révéler pire que celle de Pyrrhus. Les nobles institutions de cette idée non démocratique qu’est l’Europe sont largement ignorées – sinon méprisées – par leurs prétendus citoyens. Les Etats-Unis d’Europe? Cela n’arrivera pas. Jamais. Pas étonnant que les cyniques et les stoïciens associés soient maintenant en train de faire flotter l’idée de ramener le Mur d’Hadrien – pour séparer les barbares dans le nord du berceau de la civilisation occidentale.

Pepe Escobar est l’auteur de Globalistan: How the Globalized World is Dissolving into Liquid War (Nimble Books, 2007), Red Zone Blues: a snapshot of Baghdad during the surge (Nimble Books, 2007), Obama does Globalistan (Nimble Books, 2009) et le petit dernier, Empire of Chaos (Nimble Books).

A lire aussi: http://sputniknews.com/columnists/20150713/1024553249.html#ixzz3gLeoF0nP

Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone

International: Une étude allemande pointe les bénéfices économiques de la migration

La République fédérale devrait repenser son aide au développement et sa politique d’asile, estime une nouvelle étude de l’université d’Osnabrück, appelant les responsables politiques à voir la migration comme une opportunité plutôt que comme une menace.  Un article d’EurActiv Allemagne.

Une étude récemment publiée par l’Université de Osnabrück montre que le programme sur les migrations intitulé « Combattre les causes de départ » lancé par ministère allemand du Développement (BMZ) dervait être abandonné

etude allemande

Commandité par l’ONG pour le développement Welthungerhilfe, le document souligne que la migration à partir de pays en développement vers des pays plus riches peut contribuer au développement social et économique des pays d’origine, grâce aux transferts d’argent et aux nouvelles compétences acquises, expliquent les auteurs.

Migrations positives

Les pays cibles peuvent eux aussi tirer profit de l’immigration. Les régions à fort taux d’immigration ont toujours été le centre d’innovation et de productivité, souligne l’étude.

« L’aide au développement doit faire de la migration un modèle de réussite et non pas lui faire obstacle comme cela a été le cas jusqu’à présent », a déclaré Danuta Sacher de l’ONG Terre des hommes.

Les responsables politiques doivent affronter la réalité, qui est qu’un nombre croissant de personnes soumises à la pauvreté et à la violence fuient leur pays pour se rendre en Europe.

« La migration ne devrait pas être perçue comme une menace pour la sécurité. Nous vivons dans un monde interconnecté, dans lequel nous n’avons pas besoin de barrières aux frontières et de restrictions, mais plutôt de concepts pour établir une cohabitation complexe », a-t-elle assuré.

Politique ad hoc sur la fuite et la migration

« Le monde entier ne frappe pas à notre porte », a déclaré l’un des auteurs de l’étude Jochen Oltmer, professeur à l’université d’Osnabrück. En effet, 86 % des réfugiés recensés dans le monde sont actuellement situés dans des pays de l’hémisphère sud.

Pourtant, pendant des années, l’Allemagne et l’Europe ont privilégié une réponse ad hoc au problème de la migration, a déclaré Jochen Oltmer.

Les discussions se sont concentrées sur les moyens d’empêcher la fuite des réfugiés plutôt que sur leur protection, a-t-il ajouté. Ce genre de comportement revient à appeler les ouvriers avant que l’architecte ait approuvé le plan de la maison.

Au vu de la situation mondiale des réfugiés, a-t-il continué, la politique de développement n’a pas les compétences nécessaires pour entraver ou orienter les mouvements des réfugiés lorsqu’ils fuient les nombreux points névralgiques du monde.

Elle devrait donc plutôt contribuer à la prévention des conflits et à la résolution pacifique des conflits quand les réfugiés retournent dans leur pays d’origine, à la reconstruction et à la réintégration, a ajouté Jochen Oltmer, qui insiste également sur l’information à fournir aux migrants potentiels sur les canaux d’immigration légaux vers l’Europe.

Pour y parvenir, la politique de développement devrait être décidée de concert avec d’autres services politiques. Pour Jochen Oltmer, la politique du marché du travail en Allemagne peut être prise comme exemple. Les migrants et réfugiés doivent pouvoir accéder facilement et rapidement à des emplois légaux, a-t-il estimé.

Non à la « carte bleue » pour les réfugiés

La recherche d’emploi est particulièrement difficile pour les demandeurs d’asile en Allemagne. La plupart d’entre eux sont pourtant tout à fait instruits et ont même des professions où les travailleurs qualifiés sont trop peu nombreux.

Le week-end dernier, le président de l’agence allemande pour l’emploi, Raimund Becker, a déclaré que les réfugiés hautement qualifiés devraient bénéficier de nouveaux moyens d’accéder au marché de l’emploi.

Selon lui, la fameuse « carte bleue » qui attire des travailleurs qualifiés des pays tiers, pourrait aussi attirer les demandeurs d’asile qualifiés.

Actuellement, seuls les travailleurs ayant un diplôme universitaire peuvent postuler puis emménager en Allemagne avec leur famille. Au préalable, ils doivent cependant avoir trouvé un emploi permanent, à un salaire minimum fixé et avoir terminé leurs études.

À l’avenir, estime Raimund Becker, les réfugiés hautement qualifiés et leur famille devraient pouvoir sortir du processus d’asile et obtenir un nouveau statut de travailleurs immigrants qualifiés grâce à la « carte bleue ».

Cette initiative a toutefois été rejetée par le ministère des Affaires intérieures. Cité le 20 juillet dans le Rheinische Post, le secrétaire d’État parlementaire, Günter Krings, s’est dit inquiet qu’une telle mesure n’encourage à des abus du système d’asile.

« Le nombre de candidats à l’asile monterait en flèche », a mis en garde le chrétien-démocrate. Günter Krings est donc contre le fait de mélanger la procédure d’asile avec celle de la « carte bleue ».

Lundi, un porte-parole du ministère des Affaires intérieures a franchi une nouvelle étape dans le débat. Pour l’Allemagne, a-t-il dit, il n’y a aucune « demande de modification de la loi » à ce sujet.

Source : Euractiv

International: Les sommets de l’OCS et des BRICS à Oufa – DOSSIER: SPUTNIK France

Les sommets de l’OCS et des BRICS à Oufa

Du 8 au 10 juillet, les sommets de l’OCS et des BRICS se tiendront à Oufa, capitale de la république russe de Bachkirie.

Lire la suite du Dossier/ Bilan: http://fr.sputniknews.com/trend/sommets_osc_brics_oufa/#ixzz3foHSfQlU

OufaTrois jours de débats intenses, de rencontres de haut niveau, enfin d’un nombre important de documents signés…

Voilà le bilan du marathon politique qui s’est terminé à Oufa le 10 juillet. Deux organisations interétatiques dont les Brics et l’OCS, les deux présidées cette année par la Russie, ont dressé à l’issue des sommets des plans de travail et de coopération pour cinq et dix ans respectivement.

Réunions du sommet des BRICS, officielles et informelles
© Sputnik. Host photo agency/Iliya Pitalev Réunions du sommet des BRICS, officielles et informelles


Grèce : les Banksters ont gagné

Le bal des vampires peut continuer : Bruxelles a sauvé momentanément tous les spéculateurs de la ploutocratie mondiale.

La fanfare des marchés financiers a salué d’un bond de plus de 2% en quelques minutes l’accord largement prévisible sur la dette grecque, Tsipras n’ayant pas la carrure d’un chef d’État. Celui que Mélenchon qualifiait d’espoir pour la Grèce vient de faire aux grecs ce que Sarkozy avait fait aux français en 2005.

Source: http://www.agenceinfolibre.fr/grece-les-banksters-ont-gagne/

Pourrait-on lui en vouloir quand c’est le lieu commun dans le monde occidental de ne proposer aux urnes qu’un fossoyeur de liberté et de la dignité de son peuple ?

Quel chef d’État actuellement n’est pas à la solde de la finance internationale. Poser cette simple question, revient à reconnaître les chefs de « l’axe du mal ».

Le drame grec a été commenté et analysé à sens unique par des journalistes aux ordres de ceux qui les paient, ressassant à temps et à contretemps que les grecs ne sont que des feignants, des profiteurs, quand ils ne sont pas des fraudeurs.

La Grèce a tout simplement été victime d’un attentat financier.

Les confessions de l’ex-assassin financier, John Perkins se retrouvent dans la mise à sac de la Grèce :

 Pour l’essentiel, mon boulot consistait à identifier les pays détenant des ressources qui intéressent nos multinationales, et qui pouvaient être des choses comme du pétrole, ou des marchés prometteurs, des systèmes de transport. Il y a tant de choses différentes. Une fois que nous avions identifié ces pays, nous organisions des prêts énormes pour eux, mais l’argent n’arriverait jamais réellement à ces pays; au contraire, il irait à nos propres multinationales pour réaliser des projets d’infrastructures dans ces pays, des choses comme des centrales électriques et des autoroutes qui bénéficiaient à un petit nombre de gens riches ainsi qu’à nos propres entreprises. Mais pas à la majorité des gens qui ne pouvaient se permettre d’acheter ces choses, et pourtant ce sont eux qui ployaient sous le fardeau d’une dette énorme, très semblable à celle de la Grèce actuellement, une dette phénoménale.

Et une fois [qu’ils étaient] liés par cette dette, nous revenions, sous la forme du FMI – et dans le cas de la Grèce aujourd’hui, c’est le FMI et l’Union européenne – et posions des exigences énormes au pays : augmenter les impôts, réduire les dépenses, vendre les services publics aux entreprises privées, des choses comme les compagnies d’électricité et les systèmes de distribution de l’eau, les transports, les privatiser, et devenir au fond un esclave pour nous, pour les sociétés, pour le FMI, dans votre cas pour l’Union européenne. Fondamentalement, des organisations comme la Banque mondiale, le FMI, l’UE sont les outils des grandes sociétés multinationales, ce que j’appelle la corporatocratie.

Tous ceux qui ont une once de pouvoir dans le monde savent très bien quand ce mécanisme est en train de se produire quelque part sur la planète. John Perkin l’a très bien décrit dans son ouvrage en prenant exemple sur l’Argentine ainsi que plusieurs pays d’Amérique latine qui ont été victimes du même processus. Ceci explique certainement les changements politiques survenus en Amérique du Sud depuis une vingtaine d’années. Quand les peuples n’ont plus rien à perdre, il semble que leur conscience politique s’élargisse de façon inversement proportionnelle à la taille du garde-manger.

La seule différence qu’il y a entre un pays en crise ou un autre se retrouvant sous les fourches caudines de l’austérité, ne dépend que de la souplesse d’échine de ceux qui détiennent un mandat du peuple.

Quand la mise à sac d’un pays se fait sans attentat, c’est que l’affaire est menée par une équipe aussi brillante que celle du Fouquet’s. Durant les années Sarkozy, outre l’or de la France, toute son infrastructure a été bradée dans un silence assourdissant pendant que la dette explosait de plus de 600 milliards d’euros.

La mondialisation pilotée depuis plus de trente ans sous toutes ses formes : de la délocalisation à la loi Bolkestein ne sont que la mise en place d’un asservissement des peuples à la sauce « Communiste » dirigée par une nomenklatura « élue au suffrage universelle ».

 Le mystère Varoufakis

Après l’écrasante victoire du « non » au référendum grec, la démission de Varoufakis paraissait étonnante. Celle-ci a été interprétée comme une incompatibilité de travailler entre l’ancien ministre des Finances et la Troïka. Aujourd’hui, après l’incroyable soumission d’Alexis Tsipras, on se demande si Varoufakis ne connaissait pas déjà le dénouement et refusait d’y être associé ?

Son testament politique se retrouve dans sa dernière intervention et sa mise en garde pour la France :

« Ma conviction est que le ministre des finances allemand veut que la Grèce soit évincée de la monnaie unique pour susciter une crainte de tous les diables chez les français et leur faire accepter son modèle d’une zone euro disciplinaire. »

On maintient notre analyse du 3 juillet dernier ainsi que sa conclusion :

 De toutes les manières, que le « oui » ou le « non » l’emporte, les Grecs ne disposent d’aucune crédibilité pour réintroduire le drachme. Ils devront donc retourner à la table des négociations. La seule différence sera l’équipe qui ira présenter un plan qui ne changera rien. Les Grecs doivent accepter toutes les conditions au détriment de leur peuple, les prétentions de la finance internationale qui ne leur remettra jamais leur dette. Ce serait remettre en question celle de tous les peuples. Aujourd’hui la Grèce, demain l’Espagne, l’Italie ou la France ? Quel peuple se révoltera ? Contre l’asservissement bancaire, aucun !

L’étrange passivité de Vladimir Poutine depuis deux mois présageait que la cause était entendue. S’il nous a semblé, au début de l’année, que l’alliance Gréco-Russe contre la ploutocratie mondiale était possible, il nous est vite apparu que le temps n’était pas encore venu. Les 80 milliards de prêt socialisés à venir et offerts par la Troïka ne feront que retarder et amplifier la prochaine crise. Il va falloir maintenant se retourner vers les taux obligataires des dettes souveraines. Le torchon commence à brûler.

David Bonapartian et Denissto

Nil Nikandrov: Nouvelle tentative de Révolution orange en Équateur

Par Nil Nikandrov – le 9 juillet 2015 – Source Strategic Culture
Traduction: http://lesakerfrancophone.net/nouvelle-tentative-de-revolution-orange-en-equateur/

Le président équatorien Correa tire la sonnette d’alarme. Le pays pourrait être confronté à un nouveau coup d’État. Il y a de bonnes raisons de soutenir cette allégation. Dans son adresse hebdomadaire au peuple en mars dernier, le président a déclaré que les protestations en Équateur étaient organisées par des ennemis de la révolution citoyenne tandis que l’opposition pratique la stratégie de la guerre d’usure.

Selon lui, les partis et organisations fondés par des structures internationales sont soumis à l’influence de l’Agence centrale de renseignement des États-Unis (CIA), qui fait tout ce qu’elle peut pour créer des foyers de chaos et de violence et entraver les actions créatives du gouvernement. Parlant au peuple, Correa donne souvent des détails sur la politique du changement de régime doux pratiqué par Washington en Amérique latine. Selon le président, il existe un plan en quatre phases pour déstabiliser l’Équateur.

Premièrement: Un lavage de cerveau du public (ablandamiento) sera lancé par les médias agissant en tant que porte-parole de partis d’une opposition politique informelle. Leur mission sera d’inciter au mécontentement public et de désigner le gouvernement comme le principal coupable.

Deuxièmement: L’opposition tentera de discréditer le gouvernement, comme illégal et agissant contre les intérêts du peuple. Pour convaincre les gens ils lanceront une intense campagne de propagande accompagnée de milliers de publications biaisées, de faux documents d’analyse répandant des informations émanant de sources prétendument fiables. Ils utiliseront aussi les réseaux sociaux.

Troisièmement: Les forces anti-gouvernementales chaufferont à blanc les protestations de rue en organisant des manifestations. Peu importe combien de manifestants seront dans les rues. Les marionnettes dans les médias mettront les événements en évidence conformément aux instructions reçues pour convaincre le monde que l’Équateur est un pays déchiré par les conflits.

Quatrièmement: L’opposition utilisera différentes méthodes non violentes recommandées par Gene Sharp pour faire tomber le gouvernement. C’est quelque chose qu’ils essaient de faire au Venezuela et en Argentine.

Cinquièmement: L’opposition attaquera les fondements du pouvoir. Elle saisira les bâtiments du gouvernement, provoquera des émeutes de rue, stimulera le mécontentement dans l’armée, etc. La CIA sait comment faire.

Tout sera fait pour faire partir le président.

Rafael Correa ne fait pas mystère qu’il doit contrer quotidiennement de telles actions hostiles. Peu importe que la révolution citoyenne ait beaucoup plus de partisans que le mouvement d’opposition. Correa a averti les comploteurs que toute tentative d’organiser une révolution de couleur serait repoussée. En même temps, il a proposé un dialogue sur les questions brûlantes. Rafael Correa n’est pas enclin à prendre des mesures unilatérales. Toutes les décisions significatives sont prises après des référendums et des consultations à l’échelle du pays. Cette fois, le gouvernement n’a pas fait suffisamment d’efforts pour expliquer le nouvel impôt que le président Rafael Correa a présenté à l’Assemblée nationale (à majorité gouvernementale), qui visait à lever de nouvelles taxes sur les héritages et les plus-values. Il s’est trompé, croyant que l’opposition ne pourrait pas s’en servir comme d’un prétexte pour protester vu que les nouvelles mesures n’affectaient que 2% de la population.

Les manifestations réclament la fin des réformes sociales et la démission du président Rafael Correa

L’opposition se plaint constamment de la censure exercée par le gouvernement, mais cette fois, les potentialités des magnats qui contrôlent les médias ont été sous-estimées. Contre toute attente, de nombreux représentants de la classe moyenne ont participé aux manifestations des deux dernières semaines sous le slogan que l’Équateur n’est pas le Venezuela. Il y avait des appels à la fin des réformes sociales et à la démission de Correa. Pour normaliser la situation, le président a décidé de suspendre les réformes et de tenir des consultations avec les dirigeants de l’opposition. Il a voulu rétablir la paix avant la visite du pape François. L’opposition a ignoré l’appel du président, pensant qu’il voulait gagner du temps. Les manifestations ont continué. L’opposition sert les intérêts des clans d’oligarques. Poussée par les médias d’extrême-droite, il est difficile de s’attendre à ce qu’elle se comporte différemment. Au vu de la montée des tensions, le président Correa et le gouvernement ont décidé le 25 juin d’entamer un dialogue national sur l’équité et la justice sociale. Le dialogue est censé durer environ trois mois afin de discuter de quelles réformes le pays a besoin pour correspondre aux aspirations de la majorité des Équatoriens. Sa mission est de créer une société où les biens communs priment sur les intérêts personnels. Combattre l’inégalité et préserver la paix dans le pays – tels sont les buts de la politique adoptée par le gouvernement de Correa.

En fait, l’opposition a refusé le dialogue. Début juin, des manifestations ont eu lieu à Quito, Guayaquil, Cuenca et dans d’autres villes, accompagnées de violences et de désordres. Des douzaines de mouchards ont provoqué des tensions. Il y avait des gens sous l’influence de drogues et d’alcool, certains groupes de manifestants étaient armés de barres de fer, de piques et de coups de poing américains. La police a eu du mal à faire reculer les manifestants lorsqu’ils ont tenté de se frayer un passage vers le Carondelet Palace, le siège du gouvernement. Malgré toutes les provocations, il n’y a pas eu d’usage excessif de la force contre les manifestants, alors qu’au moins une douzaine de policiers ont été emmenés à l’hôpital grièvement blessés. Les partisans de Rafael Correa se sont rassemblés près du palais présidentiel, formant une muraille vivante sur le chemin des provocateurs. S’adressant aux gens depuis le balcon, Correa a mis en garde contre les plans des dirigeants de l’opposition qui voulaient déstabiliser le pays en organisant une marche sur Quito.

Selon le président, il était prêt à défendre la révolution citoyenne sans recourir à la violence et à conduire le pays à la paix et à la démocratie. Correa a confirmé sa décision de briguer la présidence en 2017. Il a offert à l’opposition d’organiser un référendum et de voir si le peuple lui faisait confiance. Il est encore populaire, c’est pourquoi l’opposition veut le renverser à l’aide de révolutions de couleur et de maïdans plutôt que d’un vote populaire. Dans ces circonstances, la Central Intelligence Agency (CIA) et la National Security Agency (NSA) ont intensifié leurs activités. Mario Pazmiño, ancien chef des renseignements militaires, et le colonel à la retraite César Carrión sont les personnes les plus fréquemment citées comme servant d’officiers de liaison entre l’opposition radicale et les services spéciaux états-uniens.

Les services de sécurité équatoriens disent que les plans de l’opposition comprennent la fermeture des frontières et le blocage des aéroports à Quito et Guayaquil. Le ministre de l’Intérieur José Serrano a déclaré que l’opposition faisait empirer la situation dans le but d’empêcher le pape de se rendre dans le pays. Il est peu probable que les chefs de l’opposition dans un pays catholique puissent faire de tels plans d’eux-mêmes. Indubitablement, l’opération a été planifiée et préparée par la CIA. Les plans ont été déjoués. Le pape François a déclaré qu’il n’avait jamais eu l’intention de renoncer à sa visite. Les maires de Quito, Guayaquil et le gouverneur de la province d’Azuay sont des chefs de l’opposition bien connus. Ils ont déclaré que la confrontation reprendrait immédiatement après la fin de la visite du pape, le 8 juillet. De puissants oligarques, des banques, UMINT de Chevron, la cinquième colonne au sein des services du pouvoir, des dirigeants syndicaux vénaux, des Indiens et des organisations étudiantes sont impliqués dans le complot. De nombreuses organisations non gouvernementales ont intensifié leurs activités. L’ambassade des États-Unis à Quito travaille sans relâche pour réaliser le scénario d’un Maïdan équatorien.

Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone

À lire aussi Arménie : les révolutions de couleur. Autopsie et travaux pratiques

GRÈCE: Une leçon magistrale de démocratie au monde

Pour tout citoyen quelque peu responsable et correctement informé – ce qui suppose d’autres sources que les médias dominants et leur programmation abrutissante – les temps présents et à venir paraissent sombres. Que ce soit en matière économique, sociale, environnementale, culturelle, sécuritaire, éducationnelle, etc… Et dans le flot continu d’informations qui se croisent et souvent s’entrechoquent, rien de plus compliqué que de tenter de démêler le vrai du faux, pour essayer de savoir où va le monde et de quoi seront faits nos lendemains, et ceux de nos enfants…

En ces temps de terreurs généralisées – qui ne doivent rien au hasard mais sont soigneusement entretenues par certains qui en tirent profits, même au plus haut niveau [ il suffit de se rappeler la mascarade qui a entouré les évènements de Charlie-Hebdo en début d’année et la manière dont le pouvoir a récupéré les choses pour faire passer vite fait, des lois de plus en plus liberticides ] – à propos de tout et souvent de rien, le citoyen est mis et maintenu en permanence en état de stress qui le tétanise et l’empêche ainsi d’avoir une réflexion claire qui ne peut s’élaborer qu’avec un certain recul par rapport aux contingences qui l’assaillent de toutes parts.

SOURCE: http://www.mondialisation.ca/syriza-donne-une-lecon-magistrale-de-democratie-au-monde/5460347

En s’y arrêtant, l’on se rend compte que la situation dans laquelle nous nous trouvons ne procède pas d’une quelconque fatalité, mais au contraire, est le résultat de décisions prises la plupart du temps par les pouvoirs politiques. Ces pouvoirs qui sont de plus en plus souvent de connivence avec le monde de la puissance industrielle, des grands médias qu’ils contrôlent largement, de la haute finance, de l’oligarchie planétaire. Il en résulte un appauvrissement généralisé de la chose politique – ce qui induit de mauvaises décisions pour les peuples dans la majorité des dossiers [ prenez n’importe quel sujet, vous verrez ] – au bénéfice de l’enrichissement personnel de ceux qui se pressent pour accéder à ces sphères de privilégiés où tout se monnaie… Quand l’actuel ministre de l’Economie E. Macron souhaitait qu’il y ait en France de nombreux jeunes désireux de devenir milliardaires, il aurait pu compléter sa phrase et leur conseiller une carrière politique… sauf qu’elle se fait la plupart du temps au détriment du savoir, de la connaissance, de la culture, de la compétence, et c’est cet appauvrissement généralisé du monde politique qui n’a plus d’autre objectif que de se maintenir au pouvoir qui entraîne les sociétés dans l’impasse que l’on voit aujourd’hui…

Pire, cela semble une constante, quel que soit le pays, le continent, le régime en place, la culture, à quelques rares exceptions près, mais dont presque personne ne parle… Dès lors, où que le regard se pose, la responsabilité du personnel politique dans la dérive du monde est écrasante !

En Europe aujourd’hui, les citoyens assistent médusés au dépeçage en règle d’un pays pris dans les  crocs de ses prédateurs. L’hydre baptisée « Troïka » (FMI-BCE-UE) n’a de cesse de maintenir le peuple grec la tête sous l’eau, tout en se déclarant prête à « reprendre le dialogue et aider (!) le pays ». L’hypocrisie et le cynisme des classes dirigeantes est à son comble. Des communiqués mensongers  adressés au grand public vont dans le sens diamétralement opposé à la réalité des faits. Ainsi des titres de cette presse de caniveau ces derniers jours, utilisant un vocabulaire tendancieux et à charge, accusant A. Tsipras de « dégainer l’arme du referendum »… Qui a donc « dégainé » le premier « l’arme »  du chantage et de l’ultimatum dont A. Tsipras a  souligné à juste titre l’illégalité aux yeux des Règles et Traités européens ? Ou les déclarations de divers responsables, telle celle de J-Cl. Juncker président de la Commission, déclarant que le « NON » au referendum « signifierait que les Grecs disent NON à l’Europe », alors que le gouvernement mené par Syriza veut tout simplement une autre Europe que celle qui met les peuples à genoux pour le bénéfice de quelques-uns, et dont on voit d’ailleurs l’échec sur toute la ligne sans encore bien évaluer les fractures profondes que cela crée au sein de populations mises en concurrence permanente… Ou encore, celle du ministre allemand Steinmeyer accusant A. Tsipras de « prendre le peuple grec en otage »… quand le 1er ministre grec fait exactement le contraire en se tournant vers son peuple, pour être certain de toujours en être le représentant autorisé. Combien de temps encore devrons-nous subir cet autoritarisme qui ne représente plus du tout l’aspiration des peuples au rêve européen !? Combien de temps nous faudra-t-il accepter d’être relégués dans la marge par ceux-là-mêmes qui n’arrêtent pas de nous servir le mot « démocratie » qu’ils vident de son essence même ? Ceux-là espèrent ainsi nous maintenir dans une peur pour nous empêcher de réagir, de soutenir les décisions de Syriza et de son alternative pour résister aux diktats iniques de cette Troïka et de ses thuriféraires ?

Les temps sont graves. Ces comportements du personnel politique doublé des sagouins médiatiques  mettent réellement en danger les principes même d’une véritable démocratie dont la plupart de ces satrapes se revendiquent. Mais qu’ils piétinent sans le moindre scrupule. N’a-t-on pas vu récemment, le 1er ministre Valls – de gôôôche paraît-il ! – demander un moment de recueillement au Parlement en mémoire de Ch. Pasqua, mafieux avéré dont les dossiers se sont empilés au fil des ans, mais qui s’est toujours sorti d’une Justice dont on sait les trous noirs dès qu’il s’agit du personnel politique !? Et faut-il revenir sur le nombre de dossiers où traîne le nom de Sarkozy… personnage fantasque, sans scrupule qui, tout honte bue, ose se représenter devant les électeurs par les carences d’un système qui le permet, alors qu’au moindre faux pas, un élu devrait être interdit de mandat, à vie !? Et j’en passe…

Et c’est sans doute ce qui mène aux dérives de plus en plus nombreuses auxquelles nous assistons. Les préoccupations de ces gens-là ne font plus aucun doute : ils ne veulent en aucun cas que le dossier grec fasse tache d’huile et se propage à d’autres pays européens dont l’Espagne et le parti Podemos, prochainement. Les enjeux y sont d’un tout autre poids que le dossier grec. Les créanciers doivent frémir face à cette éventualité. Le système bancaire tremble déjà. Et la crise qui s’en suivrait serait un cauchemar pire que celui des subprimes américaines. Ceux-là commencent peut-être à comprendre que les peuples ne se laissent plus mener par le bout du nez et veulent reprendre leur droit de regard  dans la perspective d’une autre Europe, ce qui les priverait de leurs privilèges éhontés. Je relevais dernièrement le salaire absolument indécent de Mme. Lagarde – toujours mise en examen dans différents dossiers – patronne du FMI, payée paraît-il, en fonction de ses compétences et ses hautes responsabilités. Cela n’a pas empêché les responsables du petit parti Syriza de prendre le FMI à contre-pied et de surprendre par leur connaissance des rouages et des textes de la sacro-sainte institution, ces fonctionnaires arrogants, en leur opposant deux clauses peu utilisées (voir : http://www.lalibre.be/economie/actualite/quand-la-grece-maitrise-mieux-les-regles-du-fmi-que-le-fmi-lui-meme-5594d9b83570e4598cb01bf4).

Le « cas grec » est pour ces rapaces financiers, un laboratoire où il s’agit de voir jusqu’où l’on peut mettre un peuple à genoux. Et si cela marche, la formule sera appliquée à l’ensemble des Etats européens. Raison pour laquelle il faut absolument que le peuple grec suive ceux qu’il a portés au pouvoir, en votant « NON » lors du referendum de dimanche prochain. Et contrairement à ce que d’aucuns voudraient faire accroire, le gouvernement grec donne au monde une leçon magistrale de démocratie, nous rappelant au passage qu’elle en est à l’origine et n’entend pas en galvauder le sens  et le vider de son contenu comme certains technocrates s’y emploient avec beaucoup de zèle…

Daniel Vanhove

Daniel Vanhove : Observateur civil. Auteur :

« Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes » – 2005 – Ed. M. Pietteur

« La Démocratie Mensonge » – 2008 – Ed. M. Pietteur

Pepe Escobar: European Dream : La démocratie athénienne face au Veau d’or

Le Premier ministre Alexis Tsipras permet au peuple grec de décider de son propre destin par le biais d’un référendum démocratique. Cela suffit pour mettre la troïka – la Banque centrale européenne (BCE), la Commission européenne (CE), et le Fonds monétaire international (FMI) – dans un accès de rage folle. Voici, en bref, tout ce qu’il faut savoir sur le rêve de l’UE [European Dream, NdT].

L'oracle disait que selon le dogme, la Banque centrale européenne devait 
être indépendante pour échapper à l'ingérence néfaste des gouvernements 
européens dans sa politique monétaire.
Beau principe.
Et comment peuvent faire les peuples maintenant pour échapper à 
l'ingérence de la BCE dans leurs économies? 

Le Saker Francophone
Diogène le Cynique et Alexandre le Grand
Diogène le Cynique et Alexandre le Grand

Tsipras a raison, bien sûr ; il devait convoquer un référendum parce que la troïka avait livré «un ultimatum à la démocratie grecque et au peuple grec». En effet, «un ultimatum en contradiction avec les principes et les valeurs fondatrices de l’Europe».

SOURCE: Pepe Escobar – sputniknews
– Le 29 juin 2015 Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

Tsipras: La Banque de Grèce suspend le service bancaire, introduction du contrôle des capitaux
© 2015 AFP / ANGELOS TZORTZINIS

Mais pourquoi? Parce que le réseau politico-économique apparemment tellement sophistiqué des institutions européennes – la Commission européenne, l’Eurogroupe, la BCE – aurait dû en venir à une décision politique sérieuse ; en raison, essentiellement, de leur méchant mélange de cupidité et d’incompétence, ils en ont été incapables. Au moins les citoyens de l’UE commencent maintenant à voir ce que représente leur ennemi : les institutions non transparentes qui sont censées les représenter.

Le renflouement de la Grèce, jusqu’ici à hauteur de €240 Mds (où celle-ci a été utilisée pour blanchir le sauvetage des banques françaises et allemandes), a entraîné une diminution de plus de 25% de l’économie nationale ; un chômage généralisé ; et une pauvreté à des niveaux sans précédent. Et pour les institutions de l’UE – et pour le FMI – il n’y a jamais eu de plan B ; il n’y avait que le chemin de l’euro-austérité – une sorte de choc de terreur économique – ou l’autoroute du désespoir. Le prétexte était de sauver l’euro. Ce qui rend ce prétexte encore plus absurde est que l’Allemagne ne se souciait tout simplement pas du défaut de la Grèce suivi d’un Grexit [sortie de l’euro, NdT] inévitable.

Et même si l’UE fonctionne en pratique comme un mastodonte réactionnaire maladroit, le spectacle déconcertant reste celui des intellectuels normalement réputés, tels que Jürgen Habermas, dénonçant le parti Syriza comme nationaliste et louant le président de la BCE, Mario Draghi, ancien golden boy de Goldman Sachs.

En attente de Diogène

Le référendum du 5 juillet va bien au-delà du fait, pour les Grecs, de répondre s’ils acceptent ou rejettent des hausses d’impôts gigantesques et des coupes dans les retraites (affectant beaucoup de gens qui sont déjà en dessous du seuil officiel de pauvreté) ; ce qui est la condition sine qua non de la troïka – qualifiée de mesures barbares par plus d’un ministre grec – pour débloquer encore un autre plan de sauvetage.

On pourrait penser qu’une question plus pertinente au referendum du 5 juillet pourrait être : «Quelle est la ligne rouge pour que la Grèce continue à faire partie de l’euro?»

Le Premier ministre Tsipras et le ministre des Finances Varoufakis ont récusé les rumeurs insistantes disant qu’ils accepteraient l’humiliation de rester dans la zone euro. Cela n’a servi qu’à radicaliser encore plus l’élite politico-économique  allemande – de la Dame de Fer Merkel au ministre des Finances Schäuble. Leur secret pas si caché est qu’ils veulent virer la Grèce de l’euro aujourd’hui.

Et cela amène, lentement, un bon nombre de Grecs – qui croyaient encore dans les avantages d’une maison financière prétendument commune – à commencer d’accepter un Grexit. Avec la tête haute.

La BCE n'a pas encore employé l'arme nucléaire pour anéantir l'ensemble du secteur 
bancaire grec [au moment de cet article, pas encore, effectivement, mais depuis... NdT].
Mais, de facto, le plafonnement, une fois le week-end du 27 juin passé, de l'assistance 
de liquidité d'urgence (ELA), tout l'enfer va se déchaîner si des millions de Grecs décident 
de retirer leurs économies au début de cette semaine, avant le référendum.

La Banque de Grèce, dans un communiqué, a souligné que «en tant que membre de l’Eurosystème, elle prendra toutes les mesures nécessaires pour assurer la stabilité financière pour les citoyens grecs dans ces circonstances difficiles», ce qui implique de sérieuses limites sur les retraits bancaires – permettant ainsi à la Grèce de survivre jusqu’au jour du référendum.

Le sacrifice de Brunehilde. Film de Fritz Lang 1924

Pourtant, personne ne sait ce qui se passera après le 5 juillet. Grexit reste une possibilité distincte. En se projetant plus loin, et en s’inspirant du Ring, l’opéra  de Wagner, il semble également clair que les institutions de l’euro elles-mêmes ont jeté de l’huile sur un feu qui peut finalement consumer toute la zone euro – une conséquence directe de leur zèle à immoler les Grecs comme Brunehilde.

Varoufakis: si l’Europe veut humilier la Grèce, avons-nous besoin d’une telle l’Europe? © REUTERS / ALKIS KONSTANTINIDIS 

Ce que la Grèce – le berceau de la civilisation occidentale – a déjà montré au monde devrait rendre leurs citoyens fiers ; rien de tel qu’un coup de feu de la démocratie pour rendre cinglés les dieux du néolibéralisme.

On peut être tenté d’invoquer un Diogène post-moderne, le premier philosophe sans-abri [un tonneau, NdT], avec une lanterne, à la recherche d’un honnête homme (à Berlin? Bruxelles? Francfort?) Et ne jamais en trouver un.

Imaginons une autre rencontre que notre post-moderne Diogène pourrait avoir alors qu’il lézarde au soleil sur une place à Athènes, au lieu de la plus grande célébrité du moment, Alexandre le Grand :

– Je suis Wolfgang Schäuble, le roi de la finance allemande.

Je suis Diogène le Cynique.

– Y a-t-il une faveur que je puisse t’accorder ?

Oui. Ôte-toi de mon soleil ! 

Pepe Escobar est l’auteur de Globalistan: How the Globalized World is Dissolving into Liquid War (Nimble Books, 2007), Red Zone Blues: a snapshot of Baghdad during the surge (Nimble Books, 2007), Obama does Globalistan (Nimble Books, 2009) et le petit dernier, Empire of Chaos (Nimble Books).

Dmitri Orlov: Le Trou Noir Financier : origine et destinée

ImageIl y a quelque temps, j’ai eu le plaisir d’entendre Sergey Glazyev – économiste, homme politique, membre de l’Académie des sciences, conseiller du Président Poutine – dire quelque chose qui confirme complètement ma propre pensée. Il a dit que tous ceux qui connaissent les mathématiques peuvent voir que les États-Unis sont au bord de l’effondrement parce que leur dette a augmenté de façon exponentielle.
Ce ne sont pas des mots qu’un Américain ou un homme politique européen peut proférer en public, et peut-être même pas chuchoter à leur moitié sous la couette, parce que les oreilles indiscrètes américaines pourraient les entendre. Puis l’homme politique en question obtiendrait le traitement de Dominique Strauss-Kahn (dont la carrière illustre s’est terminée lors d’une visite aux États-Unis, où il a été faussement accusé de viol et arrêté). Et donc aucun politicien européen (et à fortiori américain) ne peut énoncer une évidence, peu importe sa force.
SOURCE: Dmitri Orlov – ClubOrlov

Traduit par Hervé, relu par jj pour le SakerFrancophone

Les Russes ne l’ont que trop bien compris à ce jour. Oui, le maintien d’un dialogue et de relations cordiales avec les Européens est important. Mais il est bien entendu que les Européens ne sont qu’un tas de marionnettes américaines sans volonté ou capacité de prise de décision autonome. Alors pourquoi ne pas parler aux Américains directement? Hélas, les Américains sont aussi des marionnettes. Les fonctionnaires et les politiciens américains sont définitivement des marionnettes, contrôlées par les lobbyistes des entreprises et des oligarques œuvrant dans l’ombre. Mais voici une nouvelle sensationnelle : ce sont, eux aussi, des marionnettes contrôlées par les simples impératifs de rentabilité et de préservation de la richesse. En fait, toute la hiérarchie est un jeu de marionnettes. Et ce qui sous-tend l’ensemble est un trou noir financier gigantesque en constante expansion.

Aimez-vous votre trou noir? Si vous n’êtes pas sûr de l’aimer, laissez-moi vous poser quelques autres questions. Aimez-vous le fait que vos cartes de crédit fonctionnent toujours, ou que vous pouvez toujours garder de l’argent à la banque et même obtenir de l’argent à un distributeur de billets ou recevoir – ou espérer recevoir – éventuellement une pension? Aimez-vous le fait que vous pouvez obtenir des choses utiles comme de la nourriture, du gaz, des billets d’avions, contre de simples morceaux de papier imprimés avec des images d’hommes blancs morts? Aimez-vous le fait que vous avez accès à Internet, que les lumières sont allumées et qu’il y a de l’eau au robinet? Eh bien, si vous aimez ces choses, alors vous devez aussi aimer le trou noir financier, car c’est lui qui rend toutes ces choses possibles malgré la faillite de votre pays. Peut-être que c’est une relation d’amour-haine : vous aimez être en mesure de prétendre que tout va bien, même si vous savez que ce n’est pas le cas, et vous souhaitez profiter un peu plus du business as usual avant que l’enfer ne s’abatte sur nous, que ce soit pour quelques jours ou pour un an ou deux; mais vous détestez le fait que finalement le trou noir vous aspirera, après quoi les choses vont définitivement… couler.

Aux États-Unis, jusqu’à présent, le trou noir suce la moelle des familles individuelles (bien qu’il suce aussi parfois des villes entières, comme Detroit, Michigan, ou Bakersfield, Californie, ou Camden, New Jersey). Avec l’aide du racket à l’hypothèque frauduleuse [subprimes, NdT], il suce aussi les maisons, et les recrache rechargées de mauvaises dettes. Avec l’aide de l’industrie médicale, il suce les personnes malades et les recrache ruinées. Avec l’aide du racket de l’enseignement supérieur, il aspire l’espoir des jeunes, et les recrache diplômés mais avec des diplômes sans valeur et aux prises avec une dette étudiante vertigineuse. Avec l’aide du complexe militaro-industriel, il aspire à peu près tout et recrache des cadavres, des invalides, des dommages environnementaux, des terroristes et une instabilité mondiale, etc…

Mais le trou noir peut également aspirer des pays entiers. Actuellement, il est occupé à essayer de sucer la Grèce, mais c’est un moment difficile, parce que la Grèce est, malgré tout, une démocratie. Cela met les marionnettes du trou noir dans un drôle d’état à l’heure actuelle, et elles commencent à réclamer un changement de régime en Grèce, pour que la Grèce soit obligée de capituler devant le trou noir affamé.

La façon dont le trou noir aspire des pays entiers se présente comme suit. Si le trou noir n’a pas pu aspirer depuis quelques temps, il a faim et met les marchés financiers en chute libre. Les instruments financiers des pays qui se trouvent être les plus loin du trou noir, sur la périphérie, tombent plus vite. A la recherche d’un refuge sûr, l’argent sort violemment de ces pays vers les pays du centre qui sont regroupés, serrés autour du trou noir : les États-Unis, l’Allemagne, le Japon et quelques autres. Le trou noir engloutit cet argent, mais il a encore faim [l’appétit vient en mangeant…, NdT]. Et comme les pays de la périphérie sont maintenant financièrement trop faible pour résister, ils peuvent facilement être transformés en fourrage à trou noir. Cela se fait par la vente à la découpe du pays avec une dette extérieure qui ne pourra jamais être remboursée, puis en forçant à continuer à payer cette dette en en faisant une condition impérative pour maintenir la bouée de sauvetage financière, qui garde les banques ouvertes, les distributeurs automatiques de billets remplis, les lumières allumées, etc…[tout ce que vous avez aimé précédemment, NdT]. Pour être en mesure d’effectuer les paiements, le pays est contraint de démanteler son économie et sa société à travers l’imposition de l’austérité, de tout privatiser, en vue d’en faire des garanties pour plus de prêts, et d’abandonner sa souveraineté à des organisations transnationales, comme le FMI et la BCE, qui sont directement impliquées dans les soins et l’alimentation du trou noir.

Vous pourriez demander : qui est responsable de tout cela ? Si tout est le fait du trou noir, des marionnettes payées pour le soigner et l’engraisser, et de ses malheureuses victimes, alors qui prend les décisions? Eh bien, il se trouve que le trou noir a des émotions. Mais il est aussi très, très stupide. Il impose sa volonté en détruisant l’esprit de ses marionnettes – en les rendant incapables de comprendre certaines choses. Cependant, la bêtise est une épée à double tranchant, et en renforçant sa volonté de cette manière, le trou noir contrecarre également son propre but.

Par exemple, il y a quelque temps, le trou noir est tombé sur un gros morceau qu’il voulait aspirer, mais il n’a pas pu. Le morceau s’appelle Fédération de Russie. Il contrôle un territoire énorme, plein de toutes sortes de ressources naturelles que le trou noir aimerait transformer en garanties de prêt pour les aspirer. Le problème est qu’il est plein de Russes, qui sont un peuple auquel il est difficile de faire face quand on est une marionnette du trou noir. Ils ne cessent de dire aux marionnettes de garder leurs orteils de l’autre côté de la ligne rouge, là-bas, et si elles ne le font pas, ils ont tendance à enlever le cran de sûreté de leurs fusils, mettant fin à toute nouvelle discussion.

Cette situation appelle à la négociation, mais le trou noir, qui, comme je l’ai mentionné, est très, très stupide, n’a qu’une seule tactique de négociation. Il pose ses exigences, et attend de l’autre qu’il capitule. Si cela ne fonctionne pas, il applique une pression : impose des sanctions, attaque la monnaie, complique les transactions financières, bloque les actifs du pays à l’étranger, ainsi de suite – et attend que l’autre côté capitule. Et si cela ne fonctionne pas non plus, alors le pays est bombardé et mis en pièce par l’Otan ou, si l’Otan ne veut pas venir, par les États-Unis seuls. Cela fonctionne en général, mais pas dans le cas de la Russie. Mais le trou noir, si vous vous souvenez, est très, très stupide. Il continue à essayer par tous les moyens. Cette méthode déforme l’esprit de ses marionnettes, jusqu’au point où elles ne comprennent plus du tout ce qui se passe.

Par exemple, tout le monde sait maintenant que les pressions sur la Russie ne fonctionnent pas : selon la troisième loi de Newton, toute action entraîne une réaction égale et opposée, et la Russie est assez forte pour que la poussée ne provoque pas de déplacement du tout – mais cause seulement des dommages à ceux qui poussent. C’est comme essayer de changer l’orbite de la Terre en sautant d’une chaise tout en gardant les jambes raides, ce qui est juste un bon stratagème pour nécessiter des soins médicaux. En fait, les Russes sont plutôt reconnaissants pour les sanctions, parce que maintenant, ils ont une bonne raison de devenir enfin sérieux dans leurs investissements pour le développement économique national et pour l’autosuffisance. Mais les marionnettes, ayant eu l’esprit tordu par le trou noir, ne peuvent pas voir qu’en continuant à pousser, elles détruisent leurs propres économies dans le processus. Mais comme les sanctions ne fonctionnent pas [il faut les continuer, NdT], il est temps de passer à l’option militaire. Cela nécessite de concocter un casus belli, une raison d’aller à la guerre. Le trou noir hallucine : la Russie a envahi la Crimée! C’est sûr, mais il y a quelques centaines d’années de cela, puis elle est demeurée russe jusque là, et plus récemment, sur la base d’un accord international, mais qu’importe! (Oh, et juridiquement la Crimée n’a jamais réellement fait partie de l’Ukraine parce que Nikita Khrouchtchev a bâclé la paperasse de la donation.) OK, qu’à cela ne tienne, mais alors la Russie a envahi l’Ukraine! – tous les jours contenant la lettre D, comme day, mais la Russie est très sournoise et retire ses troupes avant que quiconque puisse prendre une seule photo d’eux là-bas. OK, soit, mais alors la Russie est prête à envahir l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie et peut-être aussi la Pologne. Envahir comment? Tu veux dire comme prendre un bus pour le festival de musique de Jurmala [ville lettone, NdT]? Considérez que c’est fait, mais le festival est déjà terminé et les envahisseurs fans de musique sont de retour à la maison. OK, cela se tient. Mais les marionnettes continuent à crier à l’agression russe! Encore et encore. Ce sont les dommages au cerveau causés par la proximité du trou noir.

ImageRegardez ce pauvre gars, par exemple. Il continue en aboyant, Agression russe! Agression russe!, tout en essayant de s’apaiser par la caresse de la croupe de son veau d’or. Que Dieu lui vienne en aide!

Retour à la réalité : les pauvres marionnettes sont incapables de comprendre qu’il n’y a aucune option militaire quand on s’attaque à la Russie. Il s’agit d’une puissance nucléaire avec un excellent moyen de dissuasion stratégique, un territoire bien défendu, et aucune intention agressive contre quiconque. Mais les marionnettes, avec leurs esprits malades, ne peuvent pas le voir, et donc elles empilent différentes sortes de vieilleries militaires obsolètes le long des frontières de la Russie, et en sont même à menacer de positionner en Europe des missiles nucléaires Pershing de moyenne portée totalement obsolètes. Ils sont obsolètes parce que les Russes ont maintenant le système S-500 pour les abattre tous. L’option militaire ne peut tout simplement pas fonctionner, mais ne le dites pas aux marionnettes qui ne peuvent pas absorber de telles informations sans subir d’autres dommages neurologiques.

Retour à la Grèce : la Grèce est minuscule, certainement pas la puissante Russie, mais elle a néanmoins refusé de capituler devant les exigences du trou noir. On lui a demandé de détruire complètement sa société et son économie comme condition pour maintenir les bouées de sauvetage financier du FMI et de la BCE. Ce qui est gênant pour le trou noir et ses marionnettes, c’est que la Grèce n’est pas un pays obscur du tiers-monde peuplé par des gens à la peau foncée dont vous ne voudriez pas pour marier votre fille, mais une nation européenne qui est le berceau de la civilisation et de la démocratie européennes. La Grèce a réussi à élire un gouvernement qui a tenté de négocier de bonne foi, mais les marionnettes ne négocient pas, elles exigent, menacent et causent des dommages jusqu’à ce qu’elles obtiennent gain de cause ou jusqu’à ce que leurs têtes explosent.

Ça va être intéressant à regarder. Si le trou noir ne réussit pas à sucer la Grèce, alors quel pays sera le prochain? L’Italie, l’Espagne ou le Portugal? Et, comme ce processus continue, à quel moment y aura-t-il assez de gens pour dire que ça suffit? Parce que quand ils le feront, le trou noir va se ratatiner. Ce n’est pas un vrai trou noir qui est constitué de matière si dense que son champ gravitationnel piège même la lumière. C’est un faux trou noir, composé de la cupidité combinée de tout le monde. Il est basé sur la cupidité et la peur tout autour de lui, et il se maintient en se nourrissant de la peur. S’il peut continuer à sucer les personnes, les familles et des pays entiers, il peut garder l’avidité de son noyau vivant, mais s’il ne le peut pas, alors l’avidité va se changer en peur, et le trou noir va imploser et mourir. Et je souhaite que quand il mourra toutes ses marionnettes avec leurs lésions cérébrales se réveillent, réalisent à quel point elles se sont trompées, et aillent chercher quelque chose d’utile à faire, comme élever des moutons, cultiver des légumes, ramasser des palourdes …

Duncan MacMartin: Human beings have been domesticated like cattle or The way of the psychopath

© David Blackwell – Christian Sell – General on the Battlefield – ca. 1648

Human beings have been domesticated like cattle over millennia by insidious and ruthless predator-parasites who easily walk among us. Their predatory nature has been largely sanitised and camouflaged by centuries of our begrudging tolerance and cowardly acceptance. Almost all of our great institutional ideas have been adjusted, perverted, corrupted and even radically transformed into environments that greatly favour their ways and tactics.

SOURCE: Duncan MacMartin – Opednews
Economics, governance, education, welfare, health, are now little more than facades of their original ideals filled with processes of entrapment, exploitation and frustration of potential that are working solely to empower and enrich the predators who control them.

Now through the focus of a number of researchers, these predators are coming to light and being described as « successful psychopaths » — they are composed of the majority of a 5% of humanity, who have successfully avoided being diagnosed clinically and have not been apprehended during criminal and immoral activities and then institutionalised.

The « ways » of the psychopath are simplistic and become easy to observe when we finally learn to see « the wood for the trees » and we learn that many of our critical social and economic « givens » are in fact evolutionary artefacts of the influences that psychopaths have had on our cultures and societies for millennia.

They have told us that, like domestic cattle, we need their fences (controls) and their oversight (surveillance) to protect us from the wolves (or terrorists) that would come and decimate us and our little ones and we have been told that the world is a terrible hostile place and that life is fraught with adversaries, a self–fulfilling prophecy when societies and cultures are governed by psychopaths. Their measures are in reality to make us defensive, terrorised and so easily influenced and ultimately such fear will intellectually infantilise us, divide us and then herd us like cattle for a more thorough and systematic control and exploitation.

The psychopath is operating cognitively at what Economics Nobel prize winner Daniel Kahneman called « System1 » or fast thinking, this is a cognitive template that is in place in infancy, the processes of which are situated largely within the limbic system, memory based and emotionally controlled. This type of primitive « fast and dirty » thinking when amplified through trial and error experiences is ideal for operating in chaotic and conflict based environments such as on the battlefield or in video games.

« System2 » thinking or slow thinking, on the other hand, is rational, considerate and logical, so being both analytical and constructive, it takes time. The cognitive processes of « System2 » take place largely cortically, in the areas of higher brain function and when fully evolved, utilise those higher cognitive functions acquired only through seeking mutually beneficial relationships with others and the environment. This type of advanced slow and empathetic thinking is ideal for dealing with relationships, creativity and complexity.

« System1 » or thinking « intuitively » (more like presumptuously) utilises formulae, recipes, scenarios and scripts for actions memorised and recalled in part from past experiences or mimicked from observing the « successful » actions of others in similar circumstances. As Kahneman points out, it is fraught with impulse, assumption and error. Its ONLY real advantages are for fast reflexive responses in conflict and competitive based survival environments where immediacy is the critical factor.

Psychopaths are not just identified by their lack of empathy and conscience and their ruthless, manipulative, single-minded, narcissistic and opportunistic ways but also by their almost total lack of application of « System2 » thinking. This means that they have a severe inability to deal with complexity, the welfare of others, or with any further effects of their actions beyond their immediate self-serving objective!

To understand how psychopaths have morphologically influenced the organs of society and culture we need to be aware of those ways and thinking processes outlined above. It’s not rocket science to come to the conclusion that if Psychopaths want to have the continual advantage and to prevail, they must turn every type of human dealing and interaction into a virtual conflict or competition. And so creating such adversarial systems is simple but such systems are extremely unintelligent, inefficient and run on flawed structures and processes, the true costs of which, unfortunately, are borne by the rest of us and the planet, and rarely by the psychopath.

All of us, at one time or another, probably often, have personally become victims of a psychopath. In the heat of a confrontation by one, it is almost reflexive to take up a « system1 » defensive and competitive position and in doing so our empathy and sense of fairness seriously disadvantages us against the « battle » honed deviousness, ruthlessness and opportunism of the psychopath. It is even easier for the psychopath to sow, nurture and take advantage of division among family, friends, communities, committees, cultures and even countries.

The big, corrupting, ancient and perennial issue then becomes: « In a conflict or competition, wouldn’t you rather have a psychopath on your side than against you? » But the end of all such situations is of course not just possible short term « gains » but an inevitable destruction and an environment of on-going conflict, both within and without.

Competition/Conflict is the life’s blood of the psychopath and the ultimate psychological contagion that can only be eradicated through a clarity, understanding and then avoidance of the cyclical processes between psychopathy/sociopathy and competition as a human dynamic. Instead we must choose a different path through the conscious development of empathetic mutuality and the consequential maturation of the « System 2 » thinking, creativity and complex thinking that gradually arises from such a choice.

Psychopaths and their constructs (ie corporations, political parties) need to be identified, avoided and isolated in such a manner that they have no further destructive influences over places of control, or critical decision-making. Competition spawns few winners and many losers, in an insidious hierarchy of exploitation. The organs of society, which have been perverted to reflect psychopathic ways and objectives should be rebuilt, eradicating competition and using our empathetically acquired higher intelligence, focussed on mutual benefit with true environmental synergy and creativity as its new core.

To understand the effect of the psychopath fully, we must be aware that the retarded infantile nature of his thinking and behaviour and his incapability of creative endeavour, keeps him in an infantile dependent state. He can only take, or be given what he needs and desires, so he focusses greatly on his infantile skills of manipulating others to meet his needs. He does this in a way that is amplified and sophisticated by many years of trial and error experience at « pushing people’s emotional buttons » using the emotional tactics of seduction, rejection and menace in all their variations.

Unfortunately the psychopath’s attributes of control are uniquely successful in divisive competitive environments like politics and economics, where whole populations have been both intellectually and empathetically suppressed in their development through the cradle to the grave application of competition. For most of us, in order to compete, we have been coerced into attempting to apply seriously faulty « system1 » thinking to every aspect of our lives, literally « in the heat of battle » and as a result have abandoned our fertile and complex cognitive potentials.

Education has now been perverted to where its major function is to prepare us for employment in very competitive environments under the direction of psychopaths or their processes and so, by default, pedagogy focusses on the simplistic and « quick and dirty » « system1 » limbic memory based cognitive template and the competitive tactics of the psychopath. It is further based on the unspoken assumption that working life is about taking instruction from authorities in the form of recipes, formulae, scripts and scenarios, remembering them in detail and then following them accurately to get the result the instructor demanded.

The price we pay for an education based almost entirely on system1 thinking is that we have severely stunted our cognitive potentials to where most of us are unable to conceptualise or build our own matrixes of understanding about any subject and then going on to create integrated maps of reality. Instead we rely on supposed « authorities » like mainstream media, politicians and « accredited sources » to inform us about their values, their worldview and what they deem should be considered important in life. And these authorities are most often controlled by psychopaths.

ESPAGNE: austérité et privatisations détruisent le système de santé publique et nuisent à la qualité des soins

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© Hugo Atman, Marches blanches à Madrid en février 2013

En Espagne, la politique d’austérité s’est traduite par des coupes budgétaires et des suppressions de postes massives dans les hôpitaux et les dispensaires publics. Aux dépens du personnel soignant, maltraité par une organisation du travail dégradé, et des patients, victimes de délais d’attente à rallonge et de négligences médicales en hausse. Le secteur privé profite, lui, d’une hausse des deniers publics, et de la privatisation rampante des hôpitaux. Les fortes mobilisations syndicales et citoyennes, ainsi que la victoire du nouveau parti de gauche Podemos à Madrid, ont pour l’instant mis un coup d’arrêt à cette destruction programmée du système de soins publics et universels. Enquête.

SOURCE: Nathalie Pédestarres – Bastamag

Le spectacle n’est pas très flatteur pour la direction de l’établissement hospitalier. Des lits sont entassés en quinconce dans les couloirs et dans les chambres individuelles. Les issues de secours sont bloquées et le travail du personnel soignant entravé. Avec l’augmentation des maladies hivernales, le service est rapidement saturé. La plupart des patients sont des personnes âgées, demandant une attention particuliers. L’exiguïté interdit toute intimité. Pendant que l’on vide les flacons d’urine de certains, on sert le repas à d’autres. L’odeur ambiante est désagréable. La tension entre le personnel soignant est palpable. Le service des urgences l’Hôpital 12 de Octobre, au sud de Madrid, semble au bord du ‘burn out’.

« Je n’en peux plus ! », soupire une infirmière tout en réalisant une prise de sang sur une vieille dame. L’infirmière est aphone, malade elle aussi, mais dans l’impossibilité de prendre un congé. Si elle le fait, sa charge de travail se répercutera immédiatement sur l’une de ses collègues. « Le personnel absent n’est pas remplacé », nous explique sa collègue. « Et puis il y a aussi de nouvelles sanctions économiques. »

« La saturation des urgences est devenue permanente »

En 2012, le gouvernement de Mariano Rajoy (Parti populaire, droite), a modifié le régime des indemnités journalières versées aux fonctionnaires de l’État en cas d’arrêt de travail pour les maladies et les accidents non-professionnels. Une infirmière voit ainsi ses indemnités réduites de 75% à partir du quatrième jour d’absence et jusqu’à 100% à compter du vingt-et-unième. L’infirmière enrouée ne décolère pas : « Comment voulez-vous que je récupère en étant constamment en contact avec des gens malades ? Sans compter que je dois à mon tour faire attention de ne contaminer personne. »

Ces scènes inquiétantes se banalisent. Dans un autre hôpital public de Madrid, le Clínico San Carlos, la saturation des urgences a forcé l’hôpital à annuler des interventions chirurgicales programmées de longue date afin de libérer des lits et du personnel. Quelques mois plus tôt, le personnel des urgences de l’hôpital madrilène La Paz dénonçait les graves carences de leur unité de soins : « 22 lits pour 45 malades ». La presse espagnole s’est faite l’écho du cri d’alarme généralisé des personnels soignants, mais aussi de l’indignation citoyenne face à plusieurs cas de personnes décédées. Elles avaient passé jusqu’à quatre jours aux urgences, après neuf mois sur liste d’attente !

Hausse des cas de négligences médicales

La Defensora del Pueblo – l’équivalent espagnol du Défenseur des droits – , Soledad Becerril, a publié début 2015 un rapport très critique sur la situation des services d’urgence dans les établissements hospitaliers publics [1]. Elle y signale, entre autres, que « la saturation des urgences est devenue permanente » et « augmente les cas de négligences médicales ». Reyes Gallego, infirmière à l’hôpital 12 de Octubre et membre du syndicat Syndicat unique de santé et d’hygiène (SUSH), confirme ces risques : « Quand il y trois patients dans un box prévu pour deux, les couloirs envahis par les lits et qu’un patient à besoin d’une intervention urgente, la possibilité de commettre des erreurs est exponentielle ». De leur côté, les directions des hôpitaux et les autorités sanitaires évoquent invariablement des « situations ponctuelles ».

Difficile de quantifier l’ampleur des négligences médicales. Il n’existe pas de statistiques officielles publiques. En 2005, l’Institut de statistiques espagnol a cessé de publier les indicateurs de la qualité de soins dans les hôpitaux. Seule l’association Defensor del Paciente (défenseur du patient), créée en 1987 pour venir en aide aux victimes de négligences médicales, publie chaque année un rapport sur la base des plaintes déposées contre les services d’urgences. D’après leurs données, le nombre de cas d’erreurs médicales présumées n’a cessé d’augmenter depuis 2010, passant de 12 162 cas (dont 554 décès) à 14 749 (dont 835 décès). Soit une hausse de 21% en quatre ans.

Délai d’attente moyen pour une opération : 98 jours

C’est aux experts médicaux et éventuellement aux juges de déterminer s’il y a faute professionnelle, et si ces fautes sont directement responsables des décès. « En moyenne, d’année en année, 40% des cas qui parviennent à l’association sont confirmés comme étant des négligences médicales », souligne Carmen Flores, la présidente de l’Association. Qu’en est-il des 60% restants ? Les données disponibles ne permettent pas de distinguer les plaintes rejetées de celles qui sont demeurées sans suite, les frais d’expertise juridiques à la charge du patient étant un frein pour que ces recours aboutissent.

L’association d’usagers est confrontée à un autre phénomène : les plaintes face à la longueur des listes d’attente. « Ces plaintes concernent les délais pour obtenir un traitement spécifique, pour être redirigé vers un spécialiste ou simplement avoir un diagnostic. Du total des plaintes que nous recevons, les deux tiers sont relatives aux listes d’attente », explique Carmen Flores. Et elles aussi augmentent depuis trois ans. D’après les propres statistiques du Système national de santé, entre juin 2012 et décembre 2013, l’attente moyenne pour une intervention chirurgicale est passée de 76 jours à 98 jours. Près d’un patient sur six est sur liste d’attente depuis au moins six mois, sur l’ensemble du territoire espagnol. Pour Carmen Flores, la cause de ces négligences et de ces délais ne fait aucun doute, ce sont les coupes budgétaires pratiquées par le gouvernement.

19 000 postes supprimés en deux ans

Pour les qualifier, le gouvernement espagnol a choisi un euphémisme : des « mesures urgentes pour garantir la durabilité du système national de santé et améliorer la sécurité des prestations ». Ces mesures se sont traduites par la suppression de 19 000 postes sur tout le territoire entre janvier 2012 et janvier 2014, soit 7% des effectifs de la santé publique (272 000 médecins et personnel infirmier). Le budget alloué au système de santé publique a chuté de 11 % entre 2010 et 2014. Outre la dégradation des conditions de travail et de la qualité des soins dispensée aux patients, cette politique d’austérité provoque un début d’exode du personnel soignant hors d’Espagne.

« Ces trois dernières années, 7 378 médecins [sur un total de 232 816 médecins inscrits à l’Ordre des Médecins en 2013] ont sollicité le certificat d’aptitude pour partir travailler hors de nos frontières », comptabilise l’Organisation médicale collégiale, qui chapeaute la profession. « Ce chiffre montre bien la crise qu’est en train de traverser la profession médicale en Espagne ». Le nombre de certificat octroyé a presque triplé depuis 2010. En parallèle, le nombre d’infirmiers au chômage a été multiplié par cinq, avec 20 000 personnels soignants sans emploi fin 2013.

« La Santé Publique est clairement maltraitée »

« La Santé Publique est clairement maltraitée en Espagne », s’insurge Reyes Gallego, du syndicat minoritaire SUSH. « Nous sommes surchargés de travail, et nos efforts ne sont valorisés ni par la hiérarchie ni même par la société. Comment se sentir motivés dans ces conditions ? ». Très souvent, les personnels sont directement la cible de l’énervement des usagers, qui leur attribuent la responsabilité de leur trop longue attente de soins. « Nous subissons un stress énorme. Parfois, au plus fort de l’activité des urgences, un médecin arrive et exige que nous interrompions ce que nous sommes en train de faire pour effectuer un électrocardiogramme à un patient… assis sur une chaise ! On est loin des conditions optimales enseignées à l’école d’infirmières pour faire ce genre d’interventions ! », témoigne Mar Coloma, infirmière à l’hôpital public Ramón y Cajal de Madrid. « Cette pression fait que les infirmières vivent dans la peur constante de commettre des erreurs, sans compter les lésions que cela induit ». Elle se souvient de cette infirmière surmenée dont le doigt, quelques mois auparavant, a été sectionné par une porte d’ascenseur.

Partout, l’évaluation quantitative, via la gestion des budgets, a pris le pas sur l’évaluation de la qualité des soins et de la prise en charge des patients (lire aussi notre article). « En tant que responsable d’un service, si l’on montre à la direction qu’on est capable de bien gérer le budget qu’elle nous a confiée, et mieux encore si l’on arrive à économiser sur ce budget, nous sommes récompensés », témoigne Luis Fernández, du service de cardiologie infantile de l’hôpital Ramón y Cajal. « Dans le cas contraire, nous sommes sanctionnés par une réduction de budget pour l’année suivante. »

La situation dans les dispensaires n’est guère meilleure. « L’organisation du travail a empiré ces dernières années. Avant nous avions un système d’évaluation, une plus grande participation dans la prise de décisions et un dialogue régulier avec nos supérieur. Tout cela a disparu avec le gouvernement actuel », décrit Rosa Bajo qui travaille dans le dispensaire de Campo Real, à une trentaine de kilomètres de la capitale. « Désormais, nous avons l’impression que la hiérarchie valorise davantage notre capacité à diminuer les coûts et à bien gérer le budget plutôt que d’améliorer les conditions de vie et de santé de nos patients. C’est très démotivant. »

L’austérité, prologue à la privatisation des hôpitaux

Plutôt que de « garantir la durabilité du système national de santé », le gouvernement espagnol est accusé de l’affaiblir, au profit des cliniques privées. Le processus de privatisation du secteur de la santé a commencé en 1991, sous le mandat du Premier ministre socialiste Felipe González. A l’époque, un rapport parlementaire pointe déjà « une certaine fatigue du système sanitaire ». « Depuis, les gouvernements successifs ont délibérément laissé se dégrader le système de santé publique. Ils ont sans cesse réduit ses budgets et ses effectifs et externalisé des services, de façon à orienter le public vers les opérateurs privés », accuse Juan Antonio Recio, ancien infirmier et membre de la Coordination anti-privatisation de la santé publique (CAS), qui regroupe des professionnels de santé, des usagers et des syndicats opposés aux mesures d’austérité.

C’est ce qui est arrivé à Juan José Martín. Ce patient doit subir une opération pour ôter des varices. Au préalable, il doit procéder à des examens cardiologiques et prendre rendez-vous avec un spécialiste. Or, le système public de santé madrilène est désormais équipé d’un service informatisé, géré par une société privée, qui centralise toutes les prises de rendez-vous et les redirige directement vers des médecins spécialistes en fonction de leur agenda. Initialement orienté vers un établissement privé, Juan José Martín refuse par principe, au nom du maintien des services publics. Réponse du service madrilène de santé : son rendez-vous sollicité en janvier 2015 ne lui sera accordé qu’en octobre prochain. « C’est une tactique pour décourager les patients et les diriger vers le privé où ils n’auront pas à attendre des mois pour obtenir leur rendez-vous », interprète-t-il.

Les budgets publics accordés au privé en forte hausse

Manuel Rengel, médecin néphrologue à l’hôpital universitaire Princesa confirme cette stratégie. Les patients qu’il reçoit ont initialement été systématiquement orientés vers les cliniques privées, sous contrat avec l’État, pour les premiers examens. Ce qui pose également des problèmes en matière de suivi de ces patients. Car si les prises de rendez-vous sont centralisés, la transmission des dossiers médicaux semble faire défaut. « Il n’y a aucune communication avec les médecins privés qui se sont chargés des premiers examens », déplore le spécialiste. « Donc, s’il y a un problème, je ne sais pas à qui m’adresser. Même si je le savais, je devrais demander l’autorisation à la direction de l’hôpital pour entrer en contact avec un médecin de l’extérieur au sujet d’un patient. » Le néphrologue exige donc que tous les examens aient lieu dans son service afin que le suivi de ses patients ne soit pas fragmenté.

Un rapport de la confédération syndicale CCOO (Comisiones Obreras), publié en septembre 2014, analyse en détail l’évolution des budgets octroyés au système public et aux partenariats public-privé en matière de santé [2]. Si celui destiné aux structures de soins publics diminue, l’enveloppe consacrée aux partenariats public-privé augmente. En dix ans, de 2002 à 2012, elle est passée de 3,6 milliards d’euros à 5,7 milliards en 2012. Soit une augmentation de 63 % en faveur du privé.

Huit nouveaux hôpitaux gérés par le secteur privé dans le cadre d’un partenariat avec l’État ont ainsi ouvert leurs portes dans la région de Madrid. Des personnels soignants venus du public y ont été transférés. Les conditions de travail et le niveau de qualité des soins dispensés sont-ils pour autant satisfaisants ? Une étude réalisée par la Coordination anti-privatisation il y a cinq ans ans tend à montrer le contraire, en recueillant des dizaines de témoignages [3].

« J’ai vu des médecins craquer et rentrer chez eux en pleurant »

« J’ai vécu le transfert au nouvel hôpital comme la pire année de ma vie, avec des relations entre professionnels néfastes, une qualité des soins qui se détériore. Dès que nous avons commencé à protester, nous avons eu de gros problèmes avec la direction. Certaines de nos déclarations sont sorties dans la presse et nous avons été menacés directement », décrit un médecin urgentiste de l’hôpital privatisé de Majadahonda. « Bien que l’équipe soit plutôt jeune, entre 30 et 40 ans, les arrêts de travail sont de plus en plus longs, avec carrément des dépressions. J’ai vu des médecins craquer et rentrer chez eux en pleurant », détaille une infirmière du même hôpital.

La conception même de ces nouveaux hôpitaux est mise en cause par le personnel qui y travaille. « Il y a des fuites d’eau partout, les canalisations gouttent. Quand il pleut, l’eau passe sous les portes des sorties de secours des blocs opératoires alors qu’elles devraient être obligatoirement étanches ! La seule chose que propose la direction est de placer des seaux », raconte une infirmière auxiliaire de l’hôpital Infanta Leonor. Cette privatisation rampante n’a pas non plus amélioré l’accès aux soins : d’après un rapport de Médecins du Monde publié en février 2015, 40 000 personnes se sont ainsi retrouvé privées du droit aux soins médicaux gratuits – sauf cas d’interventions vitales [4].
Premières victoires des mobilisations sociales

La réaction face à cette dégradation du système de santé espagnol est d’abord venue des mouvements anti-austérité, nés dans le sillage du mouvement des indignés. Suite à l’annonce en avril 2012 par le ministre régional de la Santé, Javier Fernández Lasquetty (Parti populaire) de plusieurs mesures – baisse du budget de la santé publique de 7%, privatisation total de plusieurs hôpitaux et dispensaires – , de nombreux collectifs de citoyens se sont créés pour protester contre ces coupes budgétaires et privatisations.

Depuis des « marées blanches », rassemblant des professionnels de santé, des syndicats, des associations de patients, des activistes anti-austérité se succèdent dans les rues de Madrid, en faveur d’un « système de santé de gestion publique, universel et de qualité ». Une première victoire est remportée en janvier 2014 lorsque le Tribunal Supérieur de Justice de Madrid décide de suspendre de façon préventive le processus de privatisation des six hôpitaux, alléguant que les « dimensions extraordinaires » de la mesure pourraient « porter un préjudice irréparable » aux usagers et personnels médicaux de Madrid [5]. Et en mai 2015, la gauche, emmenée par le nouveau parti Podemos, a ravi la ville de Madrid aux conservateurs néo-libéraux.

Notes :

[1] « Las urgencias hospitalarias en el Sistema Nacional de Salud : derechos y garantías de los pacientes », Defensor del Pueblo, Janvier 2015.

[2] « Analisis del presupuesto sanitario 2014 », Fédération de la santé et des secteurs sociaux et sanitaires, CCOO, septembre 2014.

[3] « Dando voz a las profesionales, percepciones sobre los nuevos modelos de gestion de la sanidad », Consuelo Alvarez Plaza (anthropologue), Juan Antonio Gomez Liebana (Sociologue), CAS Madrid, juin 2010.

[4] « Derribando el Muro de la Exclusion Sanitaria », Médecins du Monde, février 2015.

[5] Lire cet article de Mediapart.

Brandon Smith: Théatre des crises, gouvernement mondial à venir

ImageAfin de comprendre ce qu’il se passe réellement dans le monde entier en termes d’effondrement de l’économie, nous devons mettre de côté les fausses versions grand public de la réalité. Quand on pense à l’UE et à ses turbulences financières actuelles, il est très important, à certains égards, d’ignorer la Grèce complètement. C’est ça, oubliez tout le drame entourant les supposées obligations de la dette grecque. Vont-ils trouver un moyen de payer les créanciers? Vont-ils faire défaut? Va-t-il y avoir un accord entre la Russie et les BRICS? Y aura-t-il des concessions de dernière minute pour sauver le système? Peu importe. Tout ce cinéma n’est qu’un soap-opera, un théâtre Kabuki complexe géré par des financiers internationaux et des élites mondialisées.

Traduit par Hervé, relu par Diane et jj pour le Saker Francophone

Il est très important de rappeler les fondamentaux. La Grèce va faire défaut sur ses dettes. Il n’y a pas moyen d’éviter cela. Peut-être que la Grèce conclura un accord aujourd’hui, peut-être le fera-t-elle demain; mais finalement, la capacité du pays à étirer ses ressources afin de répondre à ses engagements exponentiels aura une fin. C’est inévitable, et ce n’est pas le deal de dernière minute qui va changer la donne sur le fond.

Pourquoi tant d’économistes sont-ils si inquiets au sujet d’un petit pays comme la Grèce ? Tout cela est dû à un grand mensonge : un récit malhonnête est perpétué par les élites selon lequel si la Grèce tombe, en faisant défaut ou en quittant l’UE, cela pourrait déclencher un effet domino sur les autres nations venant frapper leur mur de dette et donc lui emboîtant le pas. Le mensonge imbriqué dans ce récit est la revendication que la Grèce va provoquer une contagion à travers l’acte d’un défaut de paiement. Soyons clairs : il n’y a pas de contagion. Plusieurs pays de l’UE ont développé leurs propres problèmes de dette au cours des deux dernières décennies, et pas à cause de la Grèce. Chacun de ces pays, de l’Italie à l’Espagne, au Portugal, etc., doit faire face à son propre désastre autour de sa dette souveraine causée par sa propre irresponsabilité fiscale. La seule raison légitime pour cette contagion est le fait que ces pays ont été contraints à une interdépendance socialisée à travers la structure de l’UE.

Ne jamais oublier ceci : l’UE est en difficulté non pas à cause de la Grèce, mais en raison d’une interdépendance supranationale forcée. L’UE sur le plan juridique ne devrait pas exister, comme aucun système de monnaie unique supranationale centralisée.

Je voudrais également souligner que les institutions mondialistes comme le Fonds monétaire international sont très motivées pour déclencher une catastrophe dans l’UE, malgré l’hypothèse de certaines personnes que l’UE est une sorte de modèle représentatif de la mondialisation. Il n’en est rien. Si tel était le cas, alors le FMI ne serait pas en train de mégoter pour aider la Grèce sur sa dette tout en continuant à aider l’Ukraine, malgré l’incapacité de l’Ukraine à payer.

Pourquoi les mondialistes veulent-ils une rupture partielle de l’UE ? Qu’auraient-ils à gagner à un tel événement ? C’est facile ; ils gagnent une crise, le chaos et l’occasion de présenter une fausse dialectique.

L’Europe n’est pas du tout représentative de ce que les mondialistes veulent vraiment en termes de structure économique et politique, peu importe que beaucoup de gens le supposent. C’est plutôt une sorte de fac-similé ; une demi-mesure. Quand l’Europe touchera le fond de l’abîme financier, le public perplexe commencera à penser que l’enfer lui est tombé dessus, les élites seront là avec une explication immédiate. Ils prétendront que le problème n’était pas l’interdépendance au sein de l’UE. Au lieu de cela, ils affirmeront que l’UE n’a pas été ASSEZ centralisée. Ils prétendront que, pour qu’une économie et une monnaie supranationale soient efficaces, nous devons aussi avoir une gouvernance supranationale. En d’autres termes, le système a échoué car il doit être stabilisé par un gouvernement mondial.

Les socialistes Fabiens diront que ce sont les institutions barbares et dépassées de la souveraineté nationale qui ont provoqué cette crise totale. Ils vont complètement gommer les effets négatifs d’un système économique interdépendant et le fait que le manque de redondance laisse les cultures impuissantes. Nous sommes tous un grand village humain, après tout, alors nous devons accepter l’idée que nous réussissons ou échouons tous ensemble. Les marchés libres et l’innovation individuelle n’ont apparemment rien à voir avec une structure économique prospère. Ce dont nous avons vraiment besoin est un amalgame d’esprit de ruche qui nous transforme tous en pièces facilement remplaçables comme dans une tondeuse à gazon massive et grondante, qui mâche notre patrimoine, l’histoire et les principes, pour le bénéfice d’un Bien arbitraire plus grand et la promesse de villes alchimiques flottant dans le ciel où personne n’aura plus à travailler.

La chute de l’Union européenne est un moyen pour cette fin, pour les mondialistes. Il n’y a presque aucune nation ou institution qu’ils ne sacrifieront pas si ce sacrifice peut être exploité afin de poursuivre leur objectif de domination politique et économique mondiale totale. Ils ne veulent pas seulement un système complètement centralisé ; ils veulent aussi nous voir tous les supplier de mettre ce système en place. Ils veulent que la masse pense que l’idée vient d’elle. Ceci est la forme la plus répandue et efficace de l’esclavage, quand les esclaves sont manipulés pour exiger leur propre asservissement. Quand les esclaves sont trompés en croyant qu’ils peuvent être fiers de leur asservissement – un insigne d’honneur au service du collectif, si vous voulez.

La chute des États-Unis ne sera pas différente à cet égard. Nous n’avons pas une structure supranationale comme l’UE. Donc, notre récit de l’effondrement sera légèrement différent, et la leçon d’ingénierie sociale que nous sommes censés apprendre sera soigneusement élaborée.

Vous voyez, les Américains sont censés jouer le rôle des impérialistes gâtés qui obtiennent finalement ce que nous méritons, un coup bas économique. Nous sommes la nouvelle Rome, du pain et des jeux et tout le reste. Et quand les États-Unis vont s’écraser comme l’Europe, les Fabiens seront là encore une fois pour avertir des avidités inhérentes à la souveraineté nationale et aux aspirations destructrices au pouvoir, qui doit être écrasé par un système politique mondial plus impartial. Je ne sais pas vraiment combien de gens là-bas savent cela, mais nous, les Américains, sommes censés jouer les méchants dans le théâtre mondial mis sur pied par les élites. Les Américains sont les méchants, le reste du monde joue le rôle de la victime innocente, et des centres mondialistes comme le FMI et la BRI sont destinés à jouer les héros, venir à la rescousse de l’humanité quand tout semblera perdu.

Notre génération de la dette surpasse de loin celle de l’ensemble des pays de l’UE combinés, un fait que je décris dans la partie 3 de ma série Un dernier regard sur l’économie réelle avant qu’elle n’implose. Contrairement à la Grèce – quoique – les États-Unis ont la possibilité d’imprimer directement de la monnaie à volonté afin de prolonger la punition pour nos dépenses massives basées sur la dette. Cependant, comme nous l’avons vu avec les récentes réactions du marché face à l’idée même d’une hausse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale en septembre, un tel événement va déclencher de vastes sorties des marchés boursiers et annoncer la fin de la nouvelle normalité. Encore une fois, pourquoi les banksters feraient-ils cela ? Pourquoi ne pas maintenir les taux d’intérêt proches de zéro ? Ce n’est pas comme s’il y avait une pression publique pour relever les taux; en fait, c’est tout le contraire. Pourquoi la Fed ignore-t-elle les centaines de signaux montrant que les États-Unis sont en récession et pousse-t-elle en avant la discussion des hausses de taux d’intérêt, malgré ce que l’on pourrait logiquement conclure de ce que serait le meilleur intérêt de la Fed ?

La Fed sait que les seules choses qui soutiennent les marchés américains sont l’argent gratuit et la foi aveugle du public dans le fait que les banques et le gouvernement vont agir pour faire cesser toute douleur ou souffrance économique si un tel potentiel de crise devait survenir. Lorsque l’argent gratuit sera parti et que la foi disparaîtra, alors nous aurons une catastrophe épique sur les bras. Les mondialistes au sein de la Fed le savent, et ils veulent que cela arrive – au moins, ils veulent une version contrôlée de cette crise finale. Les élites ont besoin de la chute du système américain actuel exactement parce que cela va faire place à la montée de ce qu’ils appellent souvent le grand reset économique. Ce reset est la prochaine étape dans le plan de centralisation économique mondiale totale.

Il ne s’agit pas de contagion. Il n’y a pas de telle chose. C’est une excuse, un bouc émissaire destiné à détourner l’attention du vrai problème. Cela représente un effort concerté au cours des dernières décennies par les internationalistes pour manœuvrer les cultures occidentales vers une position de vulnérabilité. Quand les gens sont faibles et effrayés, ils deviennent malléables. Les changements sociaux que vous n’auriez jamais crus possibles aujourd’hui deviendront très possibles demain au milieu d’une crise. Je crois que nous voyons maintenant le début de la prochaine grande crise, et les fondamentaux de l’économie soutiennent mon avis. Alors que l’ensemble du système européen pend par le fil de la dette grecque et que le système américain entier est bloqué avec des taux d’intérêt proches de zéro et une foi aveugle dans le marché, quelque chose est sur le point de se briser. Il n’y a pas de retour en arrière possible dans une telle situation. Il y a seulement la voie à suivre; la voie à suivre n’est pas agréable ou confortable, mais elle ne peut pas être ignorée.

Nous ne pouvons pas oublier que la crise est en soi une distraction. Quelle que soit la douleur que nous devrons ressentir demain, ou le lendemain, ou la prochaine décennie, il faudra rappeler qui était à l’origine de tout cela : les banques internationales et leurs homologues politiques mondialistes. Peu importe ce qui arrive, il faudra ne jamais être prêts à accepter un système centralisé. Peu importe la façon raisonnable ou rationnelle que cela pourrait prendre dans la terreur de l’incertitude financière, il ne faut jamais donner ce qu’elle veut à la bête. Il faut refuser de se conformer à la dialectique. C’est la seule chance que nous avons de laisser revenir la vraie prospérité. Une fois que nous aurons traversé la ligne rouge dans le domaine de l’interdépendance dans un monde entièrement institutionnalisé, nous ne connaîtrons jamais plus la prospérité ou de la liberté.

P.C.Roberts: De nouveau, la Grèce peut sauver l’Occident

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Comme à Marathon, aux Thermopyles, à Platées et à Mycale, il y a environ 2500 ans, de nouveau, la liberté occidentale dépend de la Grèce. Aujourd’hui, Washington et son empire d’États vassaux européens jouent le rôle de l’Empire perse, et les Grecs ont, tardivement, formé un gouvernement, Syriza, qui refuse de se soumettre à l’Empire de Washington.

Peu de gens comprennent que le sort de la liberté occidentale, ce qu’il en reste, est en jeu dans le conflit et, en fait, le sort de la vie sur terre. Il est certain que le gouvernement allemand ne le comprend pas. Sigmar Gabriel, un vice-chancelier allemand, a déclaré que le gouvernement grec était une menace pour l’ordre européen. Ce qu’il entend par ordre européen est le droit des pays les plus forts de piller les plus faibles.

La crise grecque n’est pas à propos de la dette. La dette est la propagande à laquelle l’Empire recourt pour nier la souveraineté partout dans le monde occidental.

Le gouvernement grec a demandé à la brochette de pays qui composent la démocratique Union européenne une prolongation d’une semaine pour rembourser la dette afin de permettre au peuple grec d’approuver ou de désapprouver les conditions léonines imposées à la Grèce par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le FMI, sur l’insistance de Washington.

La réponse de l’Europe et du FMI, et de Washington, a été NON.

Ils ont dit au gouvernement grec que la démocratie ne s’applique pas lorsque les créanciers sont déterminés à faire payer les citoyens grecs pour les erreurs de leurs créanciers, avec la diminution des pensions de retraite, la réduction des soins de santé, de l’éducation, de l’emploi et des services sociaux. La position de l’Empire est que le peuple grec est responsable des erreurs de ses créanciers étrangers, et que le peuple grec doit payer pour les erreurs de ses créanciers, en particulier les erreurs [et magouilles comptables, NdT] commises par Goldman Sachs.

Comme cela a été définitivement prouvé, l’affirmation de l’Empire est fausse. Les mesures d’austérité qui ont été imposées à la Grèce ont fait chuter l’économie de 27%, augmentant ainsi le ratio de la dette par rapport au PIB et aggravant la situation financière du pays. Tout ce que l’austérité a fait est de tirer le peuple grec encore plus bas, ce qui rend le remboursement de la dette impossible.

L’Empire a rejeté le référendum démocratique de la Grèce de dimanche prochain, parce que l’Empire ne croit pas à la démocratie. L’Empire, comme tous les empires, croit en la soumission. La Grèce n’est pas soumise. Donc la Grèce doit être punie. Les Perses Darius et Xerxès avaient la même vision que Washington et l’UE. Le gouvernement grec est censé faire ce que les précédents gouvernements grecs ont fait, accepter de rembourser et autoriser le pillage de la Grèce.

Le pillage est la seule manière qui reste au système financier occidental pour faire de l’argent. Dans la course aux profits à court terme, les sociétés occidentales, encouragées et contraintes par le secteur financier, ont délocalisé à l’étranger l’industrie, la fabrication et les compétences professionnelles, ainsi que la technologie de l’information et l’ingénierie des logiciels. Tout ce qui reste à l’Occident, ce sont les paris de casino sur les produits dérivés à effet de levier. Apple est une société américaine, mais pas un seul ordinateur Apple n’est fabriqué aux États-Unis.

Les gouvernements allemand, français et néerlandais, avec Washington et le système financier occidental, se sont prononcés en faveur du pillage. Pour qu’un pays puisse être pillé, il faut que la voix de son peuple soit réduite au silence. Voilà pourquoi les Allemands et l’UE contestent au gouvernement grec le pouvoir de confier au peuple grec le droit de décider de l’avenir de la Grèce.

En d’autres termes, en Occident aujourd’hui, la souveraineté des peuples et la responsabilité des gouvernements sont incompatibles avec les intérêts financiers du 1%. Pour conclure : si la démocratie peut être détruite en Grèce, elle peut être détruite dans toute l’Europe.

Le peuple ne tient pas seulement le sort de la démocratie occidentale entre ses mains, mais aussi le sort de la vie sur la terre. La méthode de Washington pour créer un conflit avec la Russie est l’UE et l’Otan. En violation des accords [verbaux, NdT] passés entre Gorbatchev et les précédents gouvernements états-uniens, Washington a amené l’Otan aux frontières de la Russie et déploie actuellement plus de troupes, d’armements et de missiles sur les frontières russes, tout en tenant des propos agressifs à l’égard de la Russie.

La Russie n’a pas d’autre choix que de viser ces déploiements militaires insensés. Comme ces derniers augmentent et que la propagande occidentale irresponsable et totalement faussaire contre la Russie et le gouvernement russe dégénère, la guerre peut éclater.

Il est clair que Washington et ses États vassaux ont évité la diplomatie et ont recouru en lieu et place à la diabolisation et à des tentatives de coercition pour forcer la Russie à satisfaire les demandes de l’Empire.

Cette politique irresponsable se poursuit malgré les nombreux avertissements du gouvernement russe à l’Occident de ne pas poser d’ultimatum à la Russie. Comme les empires se caractérisent par l’arrogance et l’hybris, l’Empire n’entend pas les avertissements.

Nous avons récemment eu des menaces britanniques contre la Russie de la part du Premier ministre marionnette de Washington à Londres, en dépit du fait que le Royaume-Uni ne peut engager aucune force contre la Russie et peut être détruit en quelques minutes par celle-ci. Cette sorte d’insanité est ce qui mène à la guerre. Le Premier ministre britannique est cinglé, il pense qu’il peut défier la Russie.

Washington prépare l’Armageddon. Mais la Grèce peut nous sauver. Tout ce que le peuple a à faire est de soutenir son gouvernement et d’insister pour que ce gouvernement, le premier depuis longtemps à représenter les intérêts du peuple grec, envoie l’UE corrompue au diable, fasse défaut sur la dette et se tourne vers la Russie.

Cela serait le début de la fin de l’UE et de l’Otan et cela sauverait le monde de l’Armageddon.

Très probablement, l’Italie et l’Espagne suivraient la Grèce et sortiraient de l’UE et de l’Otan, puisque ces pays sont aussi visés par un pillage sans merci. L’UE et l’Otan, les supplétifs utilisés par Washington pour créer un conflit avec la Russie, se déliteraient. Le monde serait sauvé et devrait son salut à la capacité des Grecs à réaliser ce qui est réellement en jeu. Exactement comme ils l’ont fait à Marathon, aux Thermopyles, à Platées et à Mycale.

Il est difficile d’imaginer un autre scénario qui nous sauverait de la Troisième Guerre mondiale. Prions pour que les Grecs comprennent la responsabilité qui est entre leurs mains, non seulement celle de la liberté mais aussi de la vie sur la terre.

P.C. Roberts: « Washington est incapable d’empêcher l’Armageddon »

SOURCE: Zero Hedge – Traduction : Résistance authentique

Discours de Paul Craig Roberts à la conférence sur la crise Europe / Russie à Delphes, Grèce, 20-21 juin 2015

Les États-Unis ont poursuivi leur quête d’impérialisme depuis le début de leur histoire, mais c’est l’effondrement soviétique de 1991 qui a permis à Washington de comprendre que le monde lui appartient. L’effondrement de l’Union Soviétique a entraîné la montée des néoconservateurs au pouvoir et de leur influence au sein du gouvernement américain. Les néoconservateurs ont interprété l’effondrement soviétique comme le choix de l’Histoire d’un « capitalisme démocratique américain » comme Nouvel Ordre Mondial.

Choisi par l’Histoire comme le pays exceptionnel et indispensable, Washington revendique le droit et la responsabilité d’imposer son hégémonie sur le monde. Les néoconservateurs considèrent leur plan comme trop important pour être contraint par des lois nationales et internationales ou par les intérêts des autres pays. En effet, en tant que Puissance Unique, Washington est requis par la doctrine néoconservatrice d’empêcher la montée d’autres pays qui pourraient restreindre la puissance américaine.

Paul Wolfowitz, un néoconservateur de premier plan, a écrit la doctrine Wolfowitz peu de temps après l’effondrement soviétique. Cette doctrine est la base de la politique étrangère et militaire des États-Unis. La doctrine stipule :

« Notre premier objectif est d’empêcher la réémergence d’un nouveau rival, que ce soit sur le territoire de l’ancienne Union Soviétique ou ailleurs, qui constituerait une menace de l’ordre de celle posée auparavant par l’Union Soviétique. Ceci est une considération dominante qui sous-tend la nouvelle stratégie de défense régionale et exige que nous nous efforcions d’empêcher toute puissance hostile de dominer une région dont les ressources, sous contrôle consolidé, seraient suffisantes pour créer une puissance mondiale » .

Notez que le « premier objectif » de Washington n’est pas la paix, ni la prospérité, ni les droits de l’homme, ni la démocratie, ni la justice. Le « premier objectif » de Washington est l’hégémonie mondiale. Seul le très confiant révèle de manière aussi flagrante son objectif.

En tant qu’ancien membre du Comité de la Guerre Froide sur le Danger Présent, je peux expliquer ce que les mots de Wolfowitz signifient. La « menace posée précédemment par l’Union Soviétique » était la capacité de l’Union Soviétique à bloquer l’action américaine unilatérale dans certaines régions du monde. L’Union Soviétique était une contrainte sur l’action unilatérale des États-Unis, pas partout mais dans certains endroits. Toute contrainte sur Washington est considérée comme une menace. Une « puissance hostile » est un pays avec une politique étrangère indépendante, comme les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) l’ont proclamé. L’Iran, la Bolivie, l’Équateur, le Venezuela, l’Argentine, Cuba et la Corée du Nord avancent également une politique étrangère indépendante.

Washington ne peut tolérer autant d’indépendance. Comme le président russe Vladimir Poutine l’a récemment déclaré, « Washington ne veut pas de partenaires. Washington veut des vassaux. » La doctrine Wolfowitz exige de Washington qu’il se dispense ou qu’il renverse les gouvernements qui ne soumettent pas à sa volonté. Ceci est le « premier objectif. » L’effondrement de l’Union Soviétique a amené à ce que Boris Eltsine devienne le président d’une Russie démembrée. Washington s’est habitué à la soumission de Eltsine et s’est lui-même absorbé dans ses guerres au Moyen-Orient, attendant de Vladimir Poutine qu’il perpétue la vassalité de la Russie.

Cependant, lors de la 43e Conférence de Munich sur la politique de sécurité, M. Poutine a déclaré: « je considère que le modèle unipolaire est non seulement inacceptable mais aussi impossible à tenir dans le monde d’aujourd’hui. »

Poutine a poursuivi en disant :

« Nous voyons un mépris croissant des principes fondamentaux du droit international, et les normes juridiques indépendantes sont, de fait, devenues de plus en plus proches des systèmes juridiques d’un État. Un Etat et, bien sûr, d’abord et avant tout les États-Unis, ont outrepassé leurs frontières nationales dans tous les sens du terme. Ceci est visible dans les mesures économiques, politiques, culturelles et éducatives qu’ils imposent aux autres nations. Eh bien, qui aime cela ? Qui est heureux avec cela ? »

Lorsque Poutine a publié ce défi fondamental à la Puissance Unique américaine, Washington était préoccupé par son manque de succès dans ses invasions de l’Afghanistan et de l’Irak. La mission n’était pas un succès. En 2014, il était venu à l’attention de Washington, tandis qu’ils faisaient sauter mariages, funérailles, anciens du village et matchs de football des enfants au Moyen-Orient, que la Russie était devenue indépendante du contrôle de Washington et présentait un formidable défi pour la puissance unilatérale de Washington. Poutine a bloqué l’invasion de la Syrie planifiée par Obama et le bombardement de l’Iran.

La montée indéniable de la Russie a recentré Washington du Moyen-Orient vers les vulnérabilités de la Russie. L’Ukraine, longtemps un élément constitutif de la Russie et par la suite l’Union soviétique, a été séparée de la Russie dans le sillage de l’effondrement soviétique suite aux manœuvres de Washington. En 2004, Washington avait essayé de capturer l’Ukraine pendant la Révolution Orange, qui échoué à remettre l’Ukraine dans les mains de Washington. Par conséquent, selon la Secrétaire d’État Adjoint néocon Victoria Nuland, Washington a dépensé 5 milliards de dollars sur la décennie suivante pour le développement d’organisations non gouvernementales ukrainiennes (ONG) qui pourraient être appelées dans les rues de Kiev et pour la formation de leaders politiques ukrainiens prêts à représenter les intérêts de Washington.

Washington a lancé son coup d’État en Février 2014 avec des manifestations orchestrées qui, par l’ajout de violences, ont entraîné le renversement et la fuite du gouvernement démocratiquement élu de Victor Ianoukovitch. En d’autres termes, Washington a détruit la démocratie dans un nouveau pays par un coup d’état avant que la démocratie ne puisse prendre racine. La démocratie ukrainienne ne signifiait rien pour Washington. Washington avait l’intention de se saisir de l’Ukraine afin de créer un problème de sécurité pour la Russie et aussi pour justifier les sanctions contre « l’agression russe » dans le but de rompre les relations économiques et politiques croissantes de la Russie avec l’Europe. Washington craignait que ces relations puissent saper la mainmise de Washington sur l’Europe.

Les sanctions sont contraires aux intérêts de l’Europe. Néanmoins les gouvernements européens ont satisfait aux intentions cachées de Washington. La raison m’a été expliquée il y a plusieurs décennies par le Docteur Président du comité de thèse, qui est devenu secrétaire adjoint à la Défense pour les affaires de sécurité internationale. J’ai eu l’occasion de lui demander comment Washington a réussi à faire agir des gouvernements étrangers dans l’intérêt de Washington plutôt que dans l’intérêt de leur propre pays. Il m’a répondu, « l’argent. » Je lui ai dit, « vous voulez dire aide étrangère? ». Il a répondu, « non, nous donnons des sacs remplis d’argent aux politiciens. Ils nous appartiennent. C’est de nous qu’ils répondent ».

Le journaliste allemand Udo Ulfkotte a récemment écrit un livre, Journalistes corrompus, dans lequel il a indiqué que tous les journalistes européens importants travaillent comme agents de la CIA. Cela ne me surprend pas. La situation est identique aux États-Unis. Alors que l’Europe devient un appendice de Washington, un ensemble d’états vassaux, l’Europe rend possible la quête hégémonique de Washington au point même d’être entraînée dans un conflit avec la Russie dans une « crise » qui est entièrement une création de propagande de Washington.

Les médias déguisent la réalité. Pendant le régime Clinton, six sociétés dites méga-médias ont été autorisées à acquérir 90% de la presse américaine, TV, radio, et de divertissement ; une concentration qui a détruit la diversité et l’indépendance. Aujourd’hui, les médias à travers le monde occidental servent de ministères de la propagande pour Washington. Les médias occidentaux sont le Ministère de la Vérité de Washington. Gerald Celente, le prévisionniste de tendances, appelle les médias occidentaux « presstitutes, » une combinaison de « prostituées » et de « presse ». Aux États-Unis, la Russie et Poutine sont diabolisés 24h sur 24. Chaque émission nous alerte sur « la menace russe. » Même les expressions du visage de Poutine sont analysées psychologiquement. Poutine est le nouvel Hitler. Poutine nourrit l’ambition de recréer l’empire soviétique. Poutine a envahi l’Ukraine. Poutine va envahir les états baltes et la Pologne. Poutine est une menace du niveau d’Ebola et de l’État Islamique. Les experts américains de la Russie, tels que Stephen Cohen, déclarent que les faits sont rejetés car « apologistes de Poutine. » Tous ceux qui osent s’excuser de la propagande anti-Poutine et anti-russe sont accusés d’être des « apologistes de Poutine », à l’instar des sceptiques du 11 septembre qui ont été rejetés comme des « théoriciens du complot ». Dans le monde occidental, les chercheurs de vérité sont diabolisés avec Poutine et la Russie.

Le monde devrait noter qu’aujourd’hui, en ce moment, la vérité est la présence la plus malvenue dans le monde occidental. Personne ne veut l’entendre à Washington, Londres, Tokyo, ou dans l’une des capitales politiques de l’empire de Washington. La majorité de la population américaine a sombré dans la propagande anti-russe, tout comme ils ont cru aux « armes de destruction massive de Saddam Hussein », « l’utilisation d’armes chimiques par Assad contre son propre peuple, » les armes nucléaires iraniennes, « les mensonges sans fin à propos de Kadhafi », le 11 septembre, les chaussures explosives, les vestes piégées, les bombes dans les shampoings et les bouteilles d’eau. Il y a toujours un nouveau mensonge pour maintenir le facteur peur dans le camp des guerres sans fin de Washington et des mesures d’un état policier qui enrichit les riches et appauvrit les pauvres.

La crédulité du public a permis à Washington d’établir les bases d’une nouvelle guerre froide ou d’une frappe nucléaire préventive contre la Russie. Certains néoconservateurs préfèrent la dernière alternative. Ils pensent qu’une guerre nucléaire peut être gagnée, et ils demandent, « Quel est le but des armes nucléaires si elles ne peuvent pas être utilisés? ».

La Chine est l’autre puissance montante que la doctrine Wolfowitz exige de limiter. « Le pivot vers l’Asie » de Washington crée de nouvelles bases navales et aériennes pour contrôler la Chine et perpétuer l’hégémonie de Washington dans la mer de Chine méridionale. Tout cela pour dire que la position de Washington est non négociable. Washington n’a aucun intérêt au compromis avec la Russie ou la Chine. Washington n’a aucun intérêt dans les faits. L’offre de Washington est la suivante : « Vous pouvez faire partie de notre nouvel ordre mondial comme nos vassaux, mais pas autrement. »

Les gouvernements européens et, bien sûr, le petit roquet qu’est le gouvernement britannique, sont complices dans cette déclaration de guerre implicite contre la Russie et la Chine. Si on en vient à la guerre, les Européens devront payer le prix ultime pour la trahison de leurs dirigeants comme Merkel, Cameron et Hollande, pendant que l’Europe cessera d’exister.

La guerre avec la Russie et la Chine est au-delà des capacités de Washington. Toutefois, si « l’ennemi » diabolisé ne succombe pas à la pression en acceptant le leadership de Washington, la guerre sera inévitable. Washington a lancé une attaque. Comment Washington peut reculer ? N’attendez pas d’entendre le régime américain dire « nous avons fait une erreur, trouvons une solution ». Tous les candidats annoncés pour la présidence américaine est engagé envers l’hégémonie américaine et la guerre. Washington considère que la Russie peut être isolée de l’Occident et que cet isolement va motiver les éléments sécularisés et occidentalisés en Russie, qui désirent faire partie de l’Occident, dans une opposition plus active contre Poutine. Le Saker appelle ces Russes les « intégrationnistes atlantistes ».

Après deux décennies d’infiltration de la Russie par les ONG de la cinquième colonne de Washington, le gouvernement russe a enfin pris des mesures pour réglementer les centaines d’ONG financées par l’occident à l’intérieur de la Russie et qui composent la subversion de Washington du gouvernement russe. Cependant, Washington espère toujours utiliser les sanctions pour provoquer assez de perturbation de la vie économique en Russie pour être en mesure d’envoyer des manifestants dans les rues. Le changement de régime, comme en Ukraine, est l’un des outils de Washington. En Chine, les États-Unis ont organisé les émeutes « étudiantes » de Hong Kong, en espérant qu’elles se propagent en Chine, et Washington soutient l’indépendance de la population musulmane dans la province chinoise qui borde le Kazakhstan.

Le problème avec un gouvernement qui contrôle une idéologie est que l’idéologie et non la raison dirige l’action du gouvernement. Alors que la majorité des populations occidentales manquent d’intérêt à rechercher des explications indépendantes, les populations n’imposent pas de contrainte sur les gouvernements. Pour comprendre Washington, allez en ligne et lisez les documents néoconservateurs et leurs prises de position. Vous verrez un programme au-dessus de la loi, la morale, la compassion, et le sens commun. Vous verrez un programme du mal.

Qui est le secrétaire d’état adjoint de M. Obama dans la partie ukrainienne du monde ? C’est la néoconservatrice Victoria Nuland, qui a organisé le coup d’État ukrainien, qui a placé le nouveau gouvernement fantoche, qui est mariée à un néoconservateur encore plus extrême Robert Kagan. Qui est le conseiller d’Obama à la sécurité nationale ? C’est Susan Rice, une néoconservatrice.

Qui est l’ambassadeur d’Obama à l’ONU? C’est Samantha Power, une néoconservatrice. Maintenant, intéressons-nous vers les intérêts matériels. L’agenda néoconservateur de l’hégémonie mondiale sert le puissant complexe militaire / de sécurité dont le budget annuel d’un billion de dollars dépend de la guerre, chaude ou froide. L’objectif caché de l’hégémonie américaine sert les intérêts de Wall Street et des méga-banques. L’impérialisme financier américain se propage à la mesure de la puissance et de l’influence de Washington. Il en va de même pour les sociétés pétrolières américaines et les sociétés agro-alimentaires américaines telles que Monsanto. L’hégémonie de Washington signifie que les sociétés américaines obtiennent le droit de piller le reste du monde.

Le danger de l’idéologie néoconservatrice est qu’elle est en parfaite harmonie avec des intérêts économiques forts. Aux États-Unis la gauche s’est rendue impuissante. Elle croit tous les mensonges gouvernementaux fondamentaux qui ont donné à l’Amérique un état policier incapable de produire un leadership alternatif. La gauche américaine, pour le peu qu’il en reste, croit en la version gouvernementale du 11 septembre pour des raisons émotionnelles. La gauche anti-religieuse croit en la menace posée à la liberté de pensée par une Russie chrétienne. La gauche, convaincue que les Américains sont racistes, croit aux explications du gouvernement sur l’assassinat de Martin Luther King.

La gauche accepte la fable évidente du gouvernement sur le 11 septembre, car il est émotionnellement important pour la gauche américaine que les peuples opprimés ripostent. Pour la gauche américaine, il est émotionnellement satisfaisant que le Moyen-Orient, longtemps opprimé et exploité par les Français, les Britanniques et les Américains, ait frappé en retour et humilié la puissance unique dans l’attaque du 11 septembre. Ce besoin émotionnel est si puissant pour la gauche qu’il les aveugle sur l’improbabilité que quelques Saoudiens, qui ne savaient même pas piloter des avions, aient pu déjouer non seulement le FBI, la CIA et la NSA, qui espionne le monde entier, mais aussi l’ensemble des 16 agences de renseignement américaines et les agences de renseignement des états vassaux américains de l’OTAN et du Mossad israélien, qui a infiltré toutes les organisations terroristes y compris celles créés par Washington lui-même.

On ne sait comment, ces Saoudiens ont aussi réussi à déjouer le NORAD, la sécurité des aéroports, provoquant quatre échecs de sécurité en une heure le même jour. Ils ont réussi à empêcher, pour la première fois, l’US Air Force d’intercepter les avions détournés. Le contrôle du trafic aérien a, on ne sait comment, perdu sur son radar les avions de ligne détournés. Deux avions de ligne se sont écrasés, un dans la campagne de Pennsylvanie et l’autre sur le Pentagone, sans laisser de débris. Le passeport du responsable de l’attaque, Mohammed Atta, a été stipulé comme le seul élément intact retrouvé dans les débris des tours du World Trade Center. L’histoire du passeport était si absurde qu’elle a dû être modifiée.

Ce récit invraisemblable n’a pas fait soulever un seul sourcil dans les médias presse et TV occidentaux si bien dressés. La droite est obsédé par l’immigration des peuples à peau foncée, et le 11 septembre est devenu un argument contre l’immigration. La gauche attend que les opprimés ripostent contre leurs oppresseurs. La fable du 11 septembre survit car elle sert les intérêts de la gauche autant que la droite.

Je peux vous dire avec certitude que si la sécurité nationale américaine avait totalement échoué comme présenté dans l’explication officielle du 11 septembre, la Maison Blanche, le Congrès, les médias auraient hurlé pour une enquête. Des têtes seraient tombées dans les agences qui ont permis un tel échec de la sécurité nationale de l’état. L’embarras qu’une superpuissance puisse si facilement être attaquée et humiliée par une poignée d’Arabes agissant indépendamment de toute agence de renseignement aurait créé un tel tollé qu’ils auraient du rendre des comptes. Au lieu de cela, la Maison Blanche s’est opposée à toute enquête pendant un an. Sous la pression des familles qui ont perdu des membres de leur famille dans les tours du World Trade Center le 11 septembre, la Maison Blanche a créé une commission politique composée de politiciens contrôlés par la Maison Blanche. La commission s’est assise et a écouté le récit du gouvernement et l’a écrit. Cela n’est pas une enquête.

Aux États-Unis, la gauche se concentre à diaboliser Ronald Reagan, qui n’avait absolument rien à voir avec tout cela. La gauche déteste Reagan parce qu’il a dû utiliser une rhétorique anti-communiste afin de garder sa base électorale tandis qu’il cherchait à mettre fin à la guerre froide face à l’opposition du puissant complexe militaro / sécuritaire.

Est-ce que la gauche est plus efficace en Europe? Pas que je sache. Regardez la Grèce par exemple. Le peuple grec s’est fait enfoncer par l’UE, le FMI, les banques allemandes et néerlandaises, et les fonds spéculatifs de New York. Pourtant, lorsqu’il leur a été présenté un candidat promettant de résister au pillage de la Grèce, les électeurs grecs lui ont donné à peine 36% des voix, suffisamment pour former un gouvernement mais pas assez pour avoir une influence auprès des créanciers. Après avoir paralysé leur gouvernement avec un si faible soutien électoral, le peuple grec enfonce encore l’impuissance de leur gouvernement en demandant à rester dans l’UE. Si quitter l’UE n’est pas une menace crédible, le gouvernement grec perd tout pouvoir de négociation.

De toute évidence, la population grecque a subi un lavage de cerveau si profond sur la nécessité de faire partie de l’UE qu’elle est prête à être économiquement dépossédée plutôt que de quitter l’UE. Ainsi, les Grecs ont perdu leur souveraineté et leur indépendance. Un pays sans sa propre devise n’est pas, et ne peut pas être, un pays indépendant. Dès que les intellectuels européens ont apposé leur signature à l’UE, ils ont soumis les nations à la vassalité, à la fois aux bureaucrates de l’UE et à Washington. Par conséquent, les pays européens ne sont pas indépendants et ne peuvent pas exercer une politique étrangère indépendante.

Leur impuissance signifie que Washington peut les conduire à la guerre. Pour bien comprendre l’impuissance de l’Europe jetons à œil à la France. Le seul leader en Europe digne de ce nom est Marine Le Pen. A peine prononcé, je suis immédiatement dénoncé par la gauche européenne comme un fasciste, un raciste, et ainsi de suite. Cela montre immédiatement la réponse conditionnée de la gauche européenne. Ce n’est pas moi qui partage les vues de Le Pen sur l’immigration. C’est le peuple français. Le parti de Le Pen a remporté les dernières élections européennes. Le Pen est synonyme de l’indépendance française de l’UE. La majorité des Français se considèrent comme français et veulent rester français avec leurs propres lois et coutumes. Seule Le Pen parmi les politiciens européens a osé déclarer qu’à l’évidence : « Les Américains nous conduisent à la guerre ! ».

Malgré le désir français pour l’indépendance, les Français vont élire le parti de Le Pen à l’UE mais ne lui donneront pas les votes pour gouverner la France. Les Français renient leur propre indépendance parce qu’ils sont fortement conditionnés par le lavage de cerveau, en grande partie venu de la gauche, et ont honte d’être racistes, fascistes, et tout autre épithète attribué au parti politique de Le Pen, un parti qui prend position pour l’indépendance de la France. La gauche européenne, jadis une force progressiste, même révolutionnaire, est devenue une force réactionnaire. Il en est de même aux États-Unis. Je dis cela comme l’un des contributeurs populaires de Counterpunch.

L’incapacité même d’intellectuels à reconnaître et à accepter la réalité signifie que les oppositions aux néoconservateurs ne sont présentes nulle part, sauf en Russie et en Chine. L’Occident est incapable d’empêcher l’Armageddon. Tout dépend de la Russie et de la Chine, car Washington a formulé le dilemme de telle manière que pour éviter l’Armageddon, la Russie et la Chine doivent accepter de devenir des vassaux. Je ne crois pas que cela se produira. Pourquoi des gens qui se respectent ne soumettraient à un Occident corrompu?

L’espoir repose sur Washington pour qu’il provoque la rébellion chez ses vassaux européens en les poussant trop fort au conflit avec la Russie. L’espoir que les pays européens soient contraints à une politique étrangère indépendante semble aussi être la base de la stratégie du gouvernement russe.

Peut-être que les intellectuels peuvent aider à faire concrétiser cet espoir. Si les politiciens européens venaient à rompre avec l’hégémonie de Washington et au lieu de cela venaient à représenter les intérêts européens, Washington serait privé de couverture pour ses crimes de guerre. Les agressions de Washington seraient limitées par une politique étrangère européenne indépendante. La destruction du modèle néoconservateur de puissance unique serait alors visible, même à Washington, et le monde deviendrait un endroit plus beau et plus sûr.

Les frontières de sang

Les frontières de sang.

A quoi ressemblerait un meilleur Moyen-Orient ?

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Les frontières internationales ne sont jamais complètement fixées. Mais le degré d’injustice qu’elles infligent à ceux dont les frontières les forcent à vivre ensemble ou séparément, fait une énorme différence – souvent la différence entre la liberté et l’oppression, la tolérance et l’atrocité, la primauté du droit et le terrorisme, ou même la pa

Les frontières les plus arbitraires et les plus biaisées dans le monde sont en Afrique et au Moyen-Orient. Dessinées par l’égoïsme des Européens (qui ont eu suffisamment de problèmes à définir leurs propres frontières), les frontières de l’Afrique continuent de provoquer la mort de millions d’autochtones. Mais les frontières injustes au Moyen-Orient – expression empruntée à Churchill – génèrent plus de problèmes que ce qui peut être géré localement.

Alors que le Moyen-Orient a beaucoup plus d’autres problèmes que des frontières mal définies – de la stagnation culturelle par le biais d’inégalités scandaleuse à l’extrémisme religieux mortel – le plus grand tabou dans l’effort de comprendre l’échec complet de la région n’est pas l’islam mais ces frontières internationales, terribles mais sacro-saintes-adorées par nos propres diplomates.

Bien sûr, aucun ajustement de frontières, même draconien, ne pourra faire le bonheur de toutes les minorités au Moyen-Orient. Dans certains cas, les groupes ethniques et religieux vivent entremêlés et se sont aussi mariés entre communautés. Ailleurs, les réunions sur des bases de liens du sang ou de convictions pourraient ne pas se révéler aussi joyeuses que leurs partisans actuels le pensent. Les limites prévues dans les cartes accompagnant cet article tentent de réparer les torts subis par les groupes de population visiblement les plus mal traités, comme les Kurdes, les Baloutches et les arabes chiites, mais ne parviennent pas à rendre compte de manière adéquate des chrétiens du Moyen-Orient, les Bahaïs, ismaéliens, Naqshbandis et de nombreuses autres minorités numériquement moindres. Et une ombre hante la région qui ne pourra jamais être redressée par une récompense de territoire : le génocide perpétré contre les Arméniens par un Empire ottoman en train de mourir.

Pourtant, malgré toutes ces injustices que les frontières repensées ici laissent sans réponses, sans ces grandes révisions des frontières, nous ne verrons jamais plus un monde pacifique au Moyen-Orient.

Même ceux qui abhorrent le thème des modifications de frontières seraient bien intentionnés de se livrer à un exercice qui vise à concevoir une réforme plus juste, même encore imparfaite, des frontières nationales entre le Bosphore et l’Indus. En admettant que l’habileté politique internationale n’a jamais développé d’outils efficaces – à l’exception de la guerre – pour réajuster des frontières défectueuses, un effort mental pour saisir les frontières organiques du Moyen-Orient contribue néanmoins à comprendre l’ampleur des difficultés que nous rencontrons et auxquelles nous continuerons à faire face. Nous sommes face à des déformations artificielles colossales qui ne cesseront de générer haine et violence jusqu’à ce qu’elles soient corrigées.

Quant à ceux qui refusent de penser l’impensable, déclarant que les frontières ne doivent pas changer et que c’est comme ça, il vaut la peine de leur rappeler que les frontières n’ont jamais cessé de changer à travers les siècles. Les frontières n’ont jamais été statiques, et de nombreuses frontières, du Congo au Kosovo en passant par le Caucase, vont aujourd’hui encore changer (alors que les ambassadeurs et les représentants spéciaux détournent les yeux pour admirer le brillant de leurs chaussures).

Oh, et un autre sale petit secret de ces 5 000 ans d’histoire : le nettoyage ethnique, ça marche.

Commençons avec la question de la frontière la plus sensible aux yeux des lecteurs américains : pour qu’Israël puisse avoir un espoir raisonnable de vivre en paix avec ses voisins, il devra revenir à ses frontières d’avant 1967 -–avec des ajustements locaux essentiellement pour des préoccupations légitimes de sécurité. Mais la question des territoires entourant Jérusalem, une ville tachée de sang depuis des milliers d’années, peut se révéler insurmontable de notre vivant. Alors que toutes les parties ont transformé leur Dieu en magnat de l’immobilier, les luttes d’influence sur le terrain ont fait littéralement preuve d’une ténacité inégalée, par simple cupidité pour la richesse pétrolière ou à cause de querelles ethniques. Alors laissons de côté cette question qui mérite une étude spécifique et tournons-nous vers celles qui sont soigneusement ignorées.

L’injustice la plus flagrante dans le partage notoirement injuste des terres entre les  Balkans et  l’Himalaya est l’absence d’un État kurde indépendant. Il y a entre 27 et 36 millions de Kurdes vivant dans des régions contiguës au Moyen-Orient (les chiffres sont imprécis, car aucun État n’a jamais permis un recensement honnête). Supérieure à la population de l’Irak d’aujourd’hui, même le chiffre le plus bas fait des Kurdes le plus grand groupe ethnique du monde sans État propre. Pire, les Kurdes ont été opprimés par tous les gouvernements qui cherchent à contrôler les collines et les montagnes où ils ont vécu depuis l’époque de Xénophon.

Les États-Unis et leurs partenaires de la coalition ont raté une chance en or pour commencer à corriger cette injustice après la chute de Bagdad. L’Irak, état Frankenstein cousu à partir de pièces mal ajustées,  aurait du être divisé en trois petits états immédiatement. Nous avons échoué par lâcheté et par manque de vision, intimidant les Kurdes d’Irak pour leur faire soutenir le nouveau gouvernement irakien – ce qu’ils ont fait avec nostalgie comme une faveur pour notre bonne volonté. Mais en cas de plébiscite libre, ne vous méprenez pas : près de 100% des Kurdes d’Irak voteraient pour l’indépendance.

Tout comme les Kurdes qui souffrent depuis longtemps de la Turquie, qui ont enduré des décennies d’oppression militaire violente et une dégradation depuis plusieurs décennies, en tant que Turcs des montagnes, dans un effort pour éradiquer leur identité. Alors que la situation kurde aux mains d’Ankara s’est quelque peu améliorée au cours de la dernière décennie, la répression a récemment été de nouveau intensifiée et les 20% de la Turquie les plus à l’est doivent être considérés comme un territoire occupé. Comme pour les Kurdes d’Irak, ceux de Syrie et d’Iran, eux aussi, se précipiteraient pour rejoindre un Kurdistan indépendant s’ils le pouvaient. Le refus par les démocraties légitimes du monde de voir un champion kurde indépendant est un péché d’omission bien pire que les maladroits petits péchés qui excitent régulièrement nos médias sur les droits de l’homme. Et de plus : un Kurdistan libre, allant de Diyarbakir à Tabriz, serait l’État le plus pro-occidental entre la Bulgarie et le Japon.

Un juste alignement dans la région laisserait les trois provinces à majorité sunnite de l’Irak en tant qu’État tronqué, qui pourraient éventuellement choisir de s’unifier avec une Syrie qui perdrait son littoral au profit d’un grand Liban orienté vers la Méditerranée : la renaissance de la Phénicie. Les chiites au sud de l’Irak formeraient la base d’un État arabe chiite englobant une grande partie du golfe Persique. La Jordanie conserverait son territoire actuel, avec une certaine expansion vers le sud au détriment de l’Arabie Saoudite. Pour sa part, l’État contre nature qu’est l’Arabie saoudite souffrirait d’un aussi grand démantèlement que le Pakistan.

Une cause de la large stagnation du monde musulman est le traitement par la famille royale saoudienne de La Mecque et de Médine comme leur fief. Avec les sanctuaires les plus sacrés de l’Islam sous le contrôle de la police d’État de l’un des régimes les plus bigots et oppressifs au monde – un régime qui commande de vastes richesses pétrolières héritées –, les Saoudiens ont été en mesure de projeter leur vision wahhabite de la discipline, de la foi intolérante bien au-delà de leurs frontières. L’accès des Saoudiens à la richesse et, par conséquent, à l’influence a été la pire chose qui puisse arriver au monde musulman dans son ensemble depuis l’époque du Prophète, et la pire chose qui puisse arriver aux Arabes depuis les conquêtes de l’Empire ottoman (sinon celles du grand Mongol).

Alors que les non-musulmans ne peuvent pas agir sur le contrôle des villes saintes de l’Islam, imaginez combien le monde musulman serait plus sain si la Mecque et Médine étaient gouvernées par un conseil représentatif des grandes écoles coraniques et des mouvements musulmans du monde dans un État sacré islamique – une sorte de super-Vatican musulman – où l’avenir d’une grande foi pourrait être débattu plutôt que simplement décrété. La vraie justice – que nous pourrions ne pas aimer – donnerait également les champs de pétrole côtiers de l’Arabie saoudite aux Arabes chiites qui peuplent cette sous-région, tandis qu’un quart sud irait au Yémen. Confinée à un territoire croupion saoudien autour de Riyad, la Maison des Saoud serait capable de beaucoup moins de mal envers l’islam et le monde.

L’Iran, un État avec des frontières extravagantes, perdrait une grande partie de son territoire en faveur d’un Azerbaïdjan unifié, du Kurdistan libre, de l’État arabe chiite et du Baloutchistan libre, mais gagnerait les provinces autour d’Hérat, aujourd’hui en Afghanistan – une région en affinité historique et linguistique avec la Perse. L’Iran pourrait à nouveau devenir un état ethnique perse, la question la plus difficile étant de savoir s’il doit ou non garder le port de Bandar Abbas ou le remettre à l’État arabe chiite.

Ce que l’Afghanistan perdrait pour la Perse à l’ouest, il le regagnerait à l’est, pour que les tribus du Nord-Ouest frontalier du Pakistan soient réunies avec leurs frères afghans (le but de cet exercice est de ne pas dessiner les cartes que nous aimerions mais celles que les populations locales souhaiteraient). Le Pakistan, un autre État contre nature, perdrait également son territoire baloutch pour un Balouchistan libre. Le reste, le Pakistan naturel, se situerait complètement à l’est de l’Indus, sauf pour un embranchement vers l’ouest, près de Karachi.

Les cités-états des Émirats arabes unis auraient un sort mixte – comme ça va probablement évoluer. Certaines pourront être incorporées dans l’État arabe chiite entourant une grande partie du golfe Persique (un État plus susceptible d’évoluer en tant que contrepoids à l’Iran perse, plutôt que comme un allié). Comme toutes les cultures puritaines sont hypocrites, Dubaï, par nécessité, serait autorisée à conserver son statut de terrain de jeux pour les riches débauchés. Le Koweït resterait dans ses frontières actuelles, comme Oman.

Dans chaque cas, cette redéfinition des frontières hypothétiques reflète les affinités ethniques et le communautarisme religieux – dans certains cas, les deux à la fois. Bien sûr, si nous pouvions, d’un coup de baguette magique, modifier les frontières en discussion, nous préférerions certainement le faire de manière sélective. Pourtant, l’étude de la carte révisée, à la différence de la carte illustrant les limites d’aujourd’hui, montre les grands torts des frontières tracées par les Français et les Anglais au XXe siècle, pour une région qui a mal émergé des humiliations et des défaites du XIXe siècle.

Les corrections de frontières reflétant la volonté du peuple peuvent être impossibles. Pour le moment. Mais avec le temps et les effusions de sang a priori inévitables, de nouvelles frontières naturelles vont émerger. Babylone est tombée, plus d’une fois.

Pendant ce temps, nos hommes et nos femmes en uniforme vont continuer à se battre pour la sécurité contre le terrorisme, pour la perspective de la démocratie et pour l’accès à l’approvisionnement en pétrole dans une région destinée à s’entre-déchirer. Les divisions humaines actuelles et l’union forcée entre Ankara et Karachi, conjointement avec les malheurs auto-infligés dans la région, forment un terrain fertile quasi parfait pour l’extrémisme religieux, la culture du blâme et le recrutement de terroristes comme personne n’aurait pu le concevoir. Où que les hommes et les femmes regardent tristement à leurs frontières, ils cherchent des ennemis avec enthousiasme.

De l’offre excédentaire de terroristes dans le monde à la rareté des approvisionnements énergétiques, les déformations actuelles du Moyen-Orient promettent une aggravation de la situation, pas une amélioration. Dans une région où seuls les pires aspects du nationalisme arrivent à prospérer et où les aspects les plus avilissants de la religion menacent de dominer une foi déçue, les États-Unis, leurs alliés et, surtout, nos forces armées vont trouver des crises sans fin. Alors que l’Irak peut fournir un contre-espoir – si nous ne quittons pas prématurément son sol – le reste de cette vaste région offre une perspective d’aggravation des problèmes sur presque tous les fronts.

Si les frontières du grand Moyen-Orient ne peuvent pas être modifiées pour refléter les liens naturels du sang et de la foi, nous pouvons considérer comme une certitude qu’une partie de l’effusion de sang dans la région continuera d’être de notre responsabilité.

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Qui gagne, qui perd ?

Gagnants Perdants
Afghanistan Afghanistan
État arabe chiite Iran
Arménie Irak
Azerbaïdjan Israël
Baluchistan Libre Koweit
Kurdistan Libre Pakistan
Iran Qatar
État islamique Sacré Arabie Saoudite
Jordanie Syrie
Liban Turquie
Yémen Émirats arabes unis
Cisjordanie

Ralph Peters est l’auteur du nouveau livre Ne jamais arrêter la lutte

Liens

http://hedidh.blogspot.fr/2012/01/les-dessous-dune-carte.html

L’article avait finalement déjà été traduit mais m’avait échappé. Je vous en laisse ici le lien car il s’agit d’un tunisien qui en fait une critique très intéressante, de l’intérieur si je puis dire.

Note du Saker Francophone 

Évidemment, il ne se pose aucune question de civilisation ou de droit, le modèle économique et culturel américain étant amené à s’imposer naturellement. Je vous renvoie au livre d’Hervé Juvin qui traite de la question des frontières. Il existe un autre modèle possible sans toutes ces frontières, qui serait peut-être plus adapté aux sources bédouines d’une partie des populations du Moyen-Orient si, bien sûr, on les laisse un jour en discuter entre elles.

Mais cela reste un exercice plus honnête que je ne le pensais avant traduction, avec un côté américain naïf qui pense en toute honnêteté détenir LA vérité. Pas sûr que les arabes entre eux et en toute indépendance aient la même perception. On ne voit pas non plus apparaître les intérêts des USA dans ce découpage … ou alors les cités-États Dubai, le Koweit et aussi Oman garderaient leur bases US, sans parler de la profondeur stratégique d’Israël qui fait partie des perdants, ce qui expliquerait la nervosité de Netanyahou ces dernières années pour conquérir des avantages stratégiques et l’alliance contre nature avec l’Arabie Saoudite.

https://i0.wp.com/a398.idata.over-blog.com/4/22/09/08/Gulf-and-MidEast/Strait_of_hormuz-Bases-Militaires-source-LeFigaro.fr.jpg

Traduit par Hervé, relu par jj pour le Saker Francophone

ix et la guerre.



ntre la liberté et l’oppression, la tolérance et l’atrocité, la primauté du droit et le terrorisme, ou même la paix et la guerre. Suite: Les frontières de sang.

Tout n'est que leçons et seule la connaissance protège