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IRAK: grand banditisme international

Un cas inouï de corruption dans l’industrie pétrolière révélé par des journalistes, avec au centre la société monégasque Unaoil, et mêlant Samsung, Rolls Royce, Halliburton et d’autres géants mondiaux. Voici comment l’Occident a acheté l’Irak, rendant mensongère la promesse de Washington de redonner le pétrole au peuple.

Après le renversement de Saddam Hussein, le gouvernement américain avait affirmé que les bénéfices du pétrole irakien reviendraient au peuple irakien. L’enquête « Fabrique de la corruption mondiale » menée par Fairfax Media et le Huffington Post a démenti cette promesse en dévoilant que le marché pétrolier était plus que jamais gouverné par la corruption et les pots-de-vin.

« La corruption alimente les inégalités déjà marquées à l’échelle mondiale, et fait partie des facteurs déclencheurs des printemps arabes. Fairfax Media et The Huffington Post sont en mesure de révéler comment Unaoil a découpé le marché pétrolier moyen-oriental au bénéfice de groupes occidentaux entre 2002 et 2012″, déclare le Huffington Post.

Au centre de ce scandale mondial, Unaoil, une société monégasque dirigée par le clan Ahsani qui a aidé les grandes multinationales à gagner les contrats pétroliers en Irak après la guerre.

Les résultats de l’enquête révèlent la proximité des Arsani avec les membres des familles royales, la manière dont ils trompent les agences anti-corruption ou contrôlent un réseau clandestin d’intermédiaires dans les pays producteurs de pétrole.

Bien qu’on connaisse peu de chose sur cette société et qu’elle ne figue pas dans les classements des plus grands groupes mondiaux, elle est à l’origine de la plus grande opération de corruption mondiale, à laquelle sont mêlées des dizaines de multinationales américaines, européennes et australiennes.

Après six mois d’une enquête qui s’est étendue sur deux continents, Fairfax Media et The Huffington Post révèlent qu’Unaoil versait clandestinement des milliards de dollars pour le compte de Samsung, Hyundai, Rolls Royce, Halliburton, le constructeur français Technip ou la branche offshore du groupe australien Leighton Hold.

Grâce à une personne ayant contacté les journalistes enquêtant sur la corruption, une annonce immobilière codée a été publiée dans le Figaro pour attirer les complices dans un piège. Une série de rencontres et d’appels secrets ont alors permis aux journalistes d’obtenir une centaine de milliers de mails et de documents appartenant au clan Ahsani.

« Nombre de personnes ainsi démasquées continuent à exercer en toute impunité. Les documents exposent la trahison dont sont victimes les populations du Moyen-Orient. », souligne le Huffington Post.

Ces milliers de documents et de mails consultés par les journalistes montrent que si certains employés n’étaient pas conscients d’être impliqués dans une grosse chaîne de corruption, persuadés qu’ils étaient de recruter un authentique lobbyiste, d’autres, conscients ou soupçonnant qu’ils finançaient une action de corruption, ont fermé les yeux.

Un certain nombre de dirigeants ont, quant à eux, « non seulement donné leur approbation à cette corruption, mais eux-mêmes empoché des rétro-commissions ou donné leur accord pour masquer des dessous-de-table dans des contrats frauduleux en Irak. Un directeur a même négocié le versement mensuel d’un pot-de-vin en échange d’informations sur les pratiques internes de son entreprise », constate le Huffington Post.

Les journalistes ont souligné que les sources de cette enquête ne recherchent pas le profit mais souhaitent que les actes des personnalités les plus puissantes au sein des milieux gouvernementaux et économiques du monde entier impliqués dans cette affaire scandaleuse soient rendus publics et que ces personnalités soient punies pour leur corruption.

Commentaire : Il est de plus en plus évident que les guerres au Moyen-Orient sont une excuse pour voler le pétrole, et tuer par là-même des milliers d’innocents. Une ribambelle de psychopathes postés à tous les échelons, responsables de l’annihilation d’une culture, d’une société, de villes et de villages, d’un patrimoine archéologique et d’un ensemble de traditions. L’argent incitateur, initiateur, et moteur de toutes les guerres, pour le plus grand malheur du monde, et instrument de domination parfait d’un système pathocratique.

Lire aussi:

Thierry Meyssan: La France et Israël lancent une nouvelle guerre en Irak et en Syrie

D’une main, le gouvernement français mobilise tous ses médias pour focaliser sa population sur les attentats du 13 novembre, puis sur la Cop21. De l’autre, il profite de l’inattention générale pour lancer avec Israël une nouvelle guerre en Irak et en Syrie. Son objectif n’est plus de renverser le régime laïque syrien, ni de détruire son armée, mais désormais de créer un État colonial à cheval sur l’Irak et la Syrie, géré par des Kurdes, afin de prendre en tenailles les États arabes. Le rêve d’une puissance israélienne du Nil à l’Euphrate est de retour.

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Sur cette carte, publiée par Robin Wright dans le New York Times en 2013, on distingue le Sunnistan que Daesh créera en juin 2014 et où il proclamera le Califat, et le Kurdistan que la France et Israël veulent créer en 2016. On notera que cette carte ne prévoit rien pour les chrétiens qui devraient être soit transférés en Europe, soit exterminés.

Au G20, Moscou et Washington imposent de couper le financement de Daesh

Le sommet du G20 à Antalya (Turquie) s’est certes préoccupé d’économie, mais surtout de la situation au Proche-Orient. De nombreuses négociations bilatérales ont eu lieu au cours du sommet et nous ignorons les détails de ce qui a été évoqué et conclu durant ces apartés.

Cependant, le président russe, Vladimir Poutine, a dénoncé sans les nommer les États participant à la conférence qui sponsorisent Daesh. Il a montré à ses collègues des photographies satellites des convois de camions-citernes traversant la Turquie pour vendre le pétrole volé par l’organisation terroriste en Irak et en Syrie [1]. Publiquement mis en cause pour ses violations des résolutions du Conseil de sécurité et son financement de Daesh, le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, a accusé le coup. Selon l’opposition turque, Bilal Erdoğan (le fils du président) dirige personnellement ce trafic [2].

Les présidents Poutine et Obama se sont mis d’accord pour détruire les camions-citernes de la famille Erdoğan et mettre ainsi un terme au trafic pétrolier. Le jour même, l’US CentralCommand bombardait pour la première fois depuis un an et demi des camions-citernes en Irak, tandis que l’armée russe en détruisait plus de 500 en Syrie [3].

La Russie et les États-Unis ont contraint la France à se joindre à cette opération. Faisant mine de réagir aux attentats de Paris, le président Hollande annonça sans rougir qu’il donnait ordre à ses armées de bombarder des objectifs de Daesh en Syrie, tandis que le président Poutine donnait publiquement instruction aux armées russes de se coordonner avec la France et de la traiter « comme » un allié [4]. Le président français rencontrera prochainement ses homologues états-unien et russe.

Il semble que des dispositions effectives aient été prises pour isoler les 24 établissements bancaires que Daesh utilise depuis l’Irak pour transférer de l’argent ; des dispositions que le sous-secrétaire d’État US David S. Cohen tentait vainement d’imposer depuis des mois [5].

La France et les « faucons libéraux » organisent une nouvelle guerre

Prenant acte qu’il devrait retirer Daesh de Syrie, le groupe d’États, de multinationales et de personnalités US qui organise la guerre a alors décidé d’en lancer une troisième.

- Le « Printemps arabe » (février 2011 à janvier 2013) avait été lancé par le département d’État US. Il s’agissait de renverser les régimes laïques arabes, qu’ils soient alliés ou résistant aux États-Unis, et de les remplacer par des dictatures des Frères musulmans. Après avoir renversé les présidents tunisien et égyptien lors des « révolutions » du Jasmin et du Lotus, la guerre fut déclarée à la Libye et à la Syrie (comme prévu par le Traité de Lancaster House de novembre 2010), mais les puissances coloniales ne parvinrent pas à attaquer l’Algérie (prise d’otages d’In Amenas).
- La seconde guerre de Syrie (juillet 2012 à octobre 2015) avait été lancée par la France, les « faucons libéraux » US (Hillary Clinton, Jeffrey Feltman, David Petraeus, etc.) et Israël, financée par un groupe d’États (Turquie, Qatar, Arabie saoudite, etc.) et de multinationales (Exxon-Mobil, KKR, Academi, etc.). Il ne s’agissait plus tant de changer le régime, que de « faire saigner » le pays et de détruire son armée (plus de 100 000 soldats syriens sont déjà morts en luttant contre le terrorisme). Elle a pris fin avec l’intervention militaire de la Russie.
- La troisième guerre de Syrie (depuis le 20 novembre 2015) est initiée par certains membres du même groupe, cette fois en vue de créer un nouvel État au Nord de la Syrie et de l’Irak, de manière à prendre en tenaille les peuples arabes résistant à l’expansionnisme israélien [6].

Les organisateurs de la guerre ayant pris conscience qu’il ne leur sera plus possible de continuer d’agir contre la Syrie sont convenus de reprendre et de continuer le programme qui a déjà conduit à la création du Soudan du Sud, en 2012. Ce projet correspond au plan d’Alain Juppé (mars 2011) et à celui publié par Robin Wright (septembre 2013) qui prévoyaient qu’après avoir utilisé Daesh pour créer un Sunnistan, il conviendrait de créer un Kurdistan [7].

Il ne s’agit plus ni d’une guerre prétendument idéologique (Printemps arabe), ni prétendument religieuse (Seconde Guerre de Syrie), mais prétendument ethnique.

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En 1956, le likoudnik David Ben Gourion et le socialiste Guy Mollet se rencontraient secrètement à Sèvres pour conclure une alliance et s’emparer du Canal de Suez. Aujourd’hui leurs successeurs, le likoudnik Benjamin Netanyahu et le socialiste François Hollande, ont conclu un pacte pour s’emparer du Nord de l’Irak et de la Syrie. Jadis, les puissances coloniales pratiquaient la « politique de la canonnière », aujourd’hui, elles préfèrent utiliser le terrorisme.

Les opérations secrètes sur le terrain

Pour ce faire, ils sont parvenus à retourner le parti kurde syrien marxiste-léniniste YPG (désormais dénommé « Forces démocratiques de Syrie ») et à l’allier au clan Barzani d’Irak. Certes, les deux groupes sont kurdes, mais ne parlent pas la même langue, ils se sont entretués durant toute la Guerre froide, et se réclament d’idéologies diamétralement opposées [8].

Rappelons au passage que, désormais, le Gouvernement régional kurde d’Irak est une dictature. Son président Massoud Barzani, un agent du Mossad installé par le Royaume-Uni et les États-Unis, s’accroche au pouvoir depuis la fin de son mandat, en juin 2013 [9].

Ils ont poussé les « Forces démocratiques » (sic) à kurdiser de force les populations non-Kurdes du Nord de la Syrie (octobre 2015), provoquant le soulèvement des arabes et des chrétiens assyriens et la colère de Damas, mais aucune réaction internationale [10]. Il n’y en avait d’ailleurs pas eu lors de l’annexion des champs pétroliers de Kirkouk par le Gouvernement régional kurde d’Irak (été 2014), l’opinion publique internationale n’ayant d’yeux que pour le nettoyage ethnique pratiqué par Daesh. À l’époque, non seulement les grandes puissances n’avaient pas condamné la guerre de conquête du Gouvernement régional kurde d’Irak, mais avaient proposé de lui fournir directement des armes, sans passer par le Gouvernement central de Bagdad, prétendument pour lutter contre Daesh.

Les parties au conflit n’annonceront pas faire la guerre pour créer un État colonial israélien et prendre les États arabes résistants en tenaille, mais dès que cela sera nécessaire déclareront lutter pour un Kurdistan indépendant ; une position grotesque puisque le territoire concerné n’a jamais appartenu au Kurdistan historique et que les Kurdes y sont largement minoritaires (moins de 30 % de la population).

Le 5 novembre, la France annonçait l’envoi du porte-avions Charles-De-Gaulle sur zone, prétendument pour lutter contre Daesh, en réalité pour se positionner en vue de la 3ème guerre de Syrie [11]. Le bâtiment a quitté Toulon, son port d’attache, le 18 novembre.

Du 13 au 15 novembre, le Gouvernement régional du Kurdistan d’Irak, appuyé par les « Forces démocratiques de Syrie » ont repoussé Daesh du Mont Sinjar (Irak). En réalité, les soldats de Daesh s’étaient retirés ne laissant que 300 hommes face à une coalition de plusieurs dizaines de milliers de soldats. La zone libérée n’a pas été restituée au Gouvernement irakien, mais annexée par le Gouvernement régional kurde d’Irak.

Bien qu’elle fasse mine de ne pas soutenir cette opération et de la condamner, la Turquie l’a approuvée lors du Traité secret Juppé-Davoutoglu de 2011. Si le pseudo-Kurdistan était créé, elle ne manquerait pas d’y repousser les militants du PKK.

La résolution 2249 autorise de facto la nouvelle guerre

Le 20 novembre, la Russie tentait de faire passer une nouvelle fois la proposition de résolution qu’elle avait rédigée pour la séance du 30 septembre et qu’elle avait été contrainte de retirer [12]. Tout au plus modifiait-elle son texte en incluant des références aux attentats de Souse, du Sinaï, d’Ankara, de Beyrouth et de Paris, ainsi qu’en mentionnant l’article 51 de la Charte (droit à la légitime défense). Une seconde fois, elle devait renoncer à son texte et laisser passer une proposition française légalisant toute intervention militaire contre Daesh en Syrie et en Irak, ce que le Conseil approuvait à l’unanimité (résolution 2249) [13]. Bien qu’elle puisse être interprétée de plusieurs manières, la résolution piétine de facto la souveraineté nationale de l’Irak et de la Syrie. Elle autorise les grandes puissances à s’y ingérer pourvu qu’elles prétendent lutter contre Daesh [14]. Il s’agit évidemment de libérer le Nord de la Syrie de Daesh, non pas pour le restituer à la Syrie, mais pour y proclamer un État indépendant sous autorité kurde.

La Russie ne s’est pas opposée à cette résolution et l’a votée. Il semble qu’elle souhaite pour le moment profiter du plan franco-israélien pour repousser Daesh hors de Syrie sans pour autant accepter le principe d’un pseudo-Kurdistan. La création d’un tel État n’a aucune légitimité en droit international (les Kurdes de Syrie ne sont pas opprimés, mais jouissent des mêmes droits que les autres citoyens). Elle rouvre la question des droits des minorités déjà posée par la création du Kosovo par l’Otan. Elle autorise de facto tout groupe ethnique, quelle que soit sa situation politique, à revendiquer un État indépendant, ce qui implique par voie de conséquence la possible dissolution de la plupart des États au monde —y compris la France— et le triomphe de la « globalisation ».

Thierry Meyssan

Thierry Meyssan Consultant politique, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage en français : L’Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP Bertand, 2007). Compte Twitter officiel.

À retenir :
- Le Kremlin et la Maison-Blanche se sont entendus pour couper les financements de Daesh. Ils ont bombardé en Irak et en Syrie les camions-citernes de la société de Bilal Erdoğan et isolé les banques de Daesh.
- Après l’annexion des champs pétroliers de Kirkouk en juin 2014, Israël et la France sont parvenus à poursuivre l’extension du territoire du Gouvernement régional kurde d’Irak (annexion des Monts Sinjar) et à lancer la conquête du territoire non-Kurde du Nord de la Syrie par le YPG désormais dénommé « Forces démocratiques de Syrie ». Ils entendent à terme faire fusionner les deux entités et proclamer l’indépendance d’un État prétendument kurde.
- La création d’un pseudo-Kurdistan dans des territoires non-Kurdes n’a aucune légalité en droit international. Elle vise uniquement, avec celle du Sud Soudan, à prendre en tenaille les principaux États arabes (Égypte, Syrie et Irak) pour réaliser le rêve d’une puissance israélienne du Nil à l’Euphrate.

[1] “President Putin Responses to journalists’ questions following the G20 summit”, Kremlin, November 16, 2015.

[2] « Le rôle de la famille Erdoğan au sein de Daesh », Réseau Voltaire, 26 juillet 2015.

[3] « L’armée américaine a détruit 116 camions-citernes de l’EI », Robert Burns, Associated Press, 16 novembre 2015.

[4] « Syrie : Poutine ordonne d’établir un contact direct avec la France et de la traiter comme un allié », Russia Today, 17 novembre 2015.

[5] “Why Is Money Still Flowing to ISIS ?”, The Editorial Board, The New York Times Sunday Review, October 10, 2015.

[6] « Comment Israël veut relancer la guerre au Levant », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 11 mai 2015.

[7] “Imagining a Remapped Middle East”, Robin Wright, The New York Times Sunday Review, September 29, 2013.

[8] « Le Kurdistan et le Califat », « Le « Kurdistan », version israélienne », par Thierry Meyssan, Al-Watan (Syrie), Réseau Voltaire, 7 et 13 juillet 2014.

[9] « Les Kurdes d’Irak s’opposent à la reconduction de leur président », Réseau Voltaire, 20 août 2015.

[10] « Les États-Unis et Israël débutent la colonisation du Nord de la Syrie », Réseau Voltaire, 1er novembre 2015.

[11] « Le porte-avions « Charles-De-Gaulle » déployé contre le groupe État islamique », Le Monde avec AFP, 5 novembre 2015.

[12] “Russian draft resolution on Counterterrorism”, Voltaire Network, 1 October 2015.

[13] “Resolution 2249 on combating ISIS”, Voltaire Network, 20 November 2015.

[14] « Le Conseil de sécurité adopte une résolution appelant à la lutte contre Daech », Centre de Nouvelles de l’Onu, 20 novembre 2015.

Dmitry Orlov: Les US échoueront à l’échec en entraînant leurs partenaires

Source: Dmitry Orlov –  ClubOrlov / Le Saker Francophone



Balayant les titres de la presse mainstream occidentale, puis regardant attentivement derrière le miroir sans tain pour les comparer avec les allées et venues réelles, on peut avoir l’impression que les propagandistes de l’Amérique, et de tous ceux qui suivent dans leur sillage, poussent de toutes leurs forces pour concocter des justifications pour une action militaire quelle qu’elle soit, que ce soit pour fournir des armes à l’armée ukrainienne largement défunte, ou pour un  défilé de matériels et de troupes militaires des États-Unis mis en scène dans la ville presque entièrement russe de Narva, en Estonie, à quelques centaines de mètres de la frontière russe, ou pour mettre des conseillers américains en danger dans certaines parties de l’Irak principalement contrôlées par des militants islamistes.

Les efforts acharnés pour attiser l’hystérie comme au temps de la guerre froide sous le nez d’une Russie autrement préoccupée mais essentiellement passive, semblent hors de proportion avec la menace militaire réelle posée par la Russie. (Oui, en Ukraine, les bénévoles et des munitions filtrent à travers la frontière russe, mais c’est tout.) Plus au sud, les efforts visant à renverser le gouvernement de la Syrie, en aidant et en armant les islamistes radicaux semblent avoir beaucoup de ratés. Mais c’est un scénario bien connu, n’est ce pas? Que l’engagement militaire américain de mémoire récente n’ai abouti qu’à des fiascos? Peut-être que l’échec n’est pas seulement une option, mais plus une nécessité?

Passons-les en revue.

  • L’Afghanistan, après la plus longue campagne militaire de l’histoire des États-Unis, a été rendue aux talibans.
  • L’Irak n’existe plus en tant que nation souveraine, elle est fracturée en trois morceaux, l’un d’eux contrôlé par des islamistes radicaux.
  • L’Égypte a été démocratiquement réformée en une dictature militaire.
  • La Libye est un état moribond en pleine guerre civile.
  • L’Ukraine sera bientôt dans un état semblable; elle a été réduite à la pauvreté en un temps record, moins d’une année.
  • Un renversement récent du gouvernement a sorti le Yémen de la sphère d’influence des États-Unis.
  • Plus près de nous, les choses vont si bien dans les pays d’Amérique centrale dominés par les US, le Guatemala, le Honduras et El Salvador, qu’ils ont produit un flot de réfugiés, tous essayant d’entrer aux États-Unis dans l’espoir d’y trouver un sanctuaire.

En regardant ce vaste paysage d’échecs, il y a deux façons de l’interpréter. La première est que l’administration des États-Unis est la plus incompétente que l’on puisse imaginer, et ne peut jamais obtenir quoi que ce soit de correct. Mais une autre façon de voir est qu’ils ne réussissent pas pour une raison très différente: ils ne réussissent pas parce que les résultats ne comptent pas. Vous voyez, si l’échec était un problème, alors il y aurait une sorte de pression venant de quelque part au sein de l’establishment, et la pression pour réussir pourrait donner sporadiquement lieu à une amélioration des performances, menant à au moins quelques succès. Mais si, de fait, les échecs ne sont pas un problème du tout, et si à la place il y avait une sorte de pression à l’échec, nous verrions alors exactement ce que nous ne voyons.

On peut aussi remarquer que c’est la portée limitée de l’échec [l’échec de l’échec en somme, Note du Saker Fr] qui constitue un problème. Cela expliquerait les récentes rodomontades en direction de la Russie, l’accusant d’ambitions impériales (Russie qui n’est pas intéressée par des gains territoriaux), la diabolisation de Vladimir Poutine (qui est efficace et populaire) et les provocations le long de diverses frontières de la Russie (en laissant la Russie se sentir vaguement insultée mais plus généralement indifférente). On peut faire valoir que toutes les précédentes victimes de la politique étrangère des États-Unis, comme l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, la Syrie, et même l’Ukraine, sont trop petites pour produire un échec assez grand pour satisfaire le goût de l’Amérique pour l’échec. La Russie, d’un autre côté, surtout quand on est incité à penser qu’il se lève une sorte de fascisme nouveau à la sauce américaine, a la capacité de fournir aux États-Unis un échec de politique étrangère qui éclipserait tous les précédents.

Des analyses ont proposé une variété d’explications pour le militarisme hyperactif et surdimensionné de l’Amérique. Voici les trois premiers:

1. Le gouvernement américain a été soumis au complexe militaro-industriel, qui demande à être financé généreusement. Les justifications sont créés artificiellement pour atteindre ce résultat. Mais il semble y avoir une sorte de pression pour fabriquer effectivement des armes et avoir des armées sur le terrain. Est-ce que ça ne serait pas beaucoup plus rentable d’atteindre l’échec total simplement en volant tout l’argent sans passer par la construction réelle des systèmes d’armes? [c’est fait en partie, Note du Saker Fr] Donc il doit y avoir quelque chose d’autre.

2. La posture militaire américaine est conçue pour assurer une domination totale de l’Amérique sur l’ensemble de la planète. Mais domination totale sonne un peu comme succès, alors que ce que nous voyons est un échec complet. Encore une fois, cette histoire ne correspond pas aux faits.

3. Les actes militaires des États-Unis pour défendre le statut du dollar américain comme monnaie de réserve mondiale. Sauf que le dollar américain est lentement mais sûrement en train de perdre son attractivité en tant que monnaie de réserve, comme en témoignent la Chine et la Russie agissant aussi rapidement que possible pour se débarrasser de leurs réserves en dollars américains, et stocker de l’or à la place. De nombreux autres pays ont conclu des accords entre eux pour cesser d’utiliser le dollar américain dans le commerce international. Le fait est qu’on n’a pas besoin d’un énorme potentiel militaire pour vider sa monnaie nationale dans les toilettes, donc, une fois de plus, quelque chose d’autre doit se passer.

Il y a beaucoup d’autres explications possibles, mais aucune d’entre elles n’explique le fait que le but de tout ce militarisme semble être de parvenir à l’échec.

Peut-être une explication plus simple suffirait? Que diriez-vous de celle-ci?

Les États-Unis ont abandonné leur souveraineté à une clique d’oligarques financiers. N’ayant plus personne à qui répondre de ses actes, cette oligarchie américaine (et dans une certaine mesure internationale) a ruiné la situation financière du pays, en augmentant la dette jusqu’à des niveaux stupéfiants, détruisant l’épargne et les retraites, avilissant la monnaie et ainsi de suite. L’inévitable fin du jeu est que la Réserve fédérale des États-Unis (avec les banques centrales des autres pays développés) finira par acheter toute les dettes souveraines avec l’argent qu’ils impriment à cet effet et, au bout du compte, cela conduira inévitablement à l’hyperinflation et à la faillite nationale. Un ensemble très particulier de conditions a empêché ces deux événements d’avoir lieu jusqu’à ce jour, mais cela ne signifie pas qu’ils ne se produiront pas, parce que c’est ce qui arrive toujours, tôt ou tard.

Maintenant, supposons qu’une oligarchie financière ait pris le contrôle du pays, et, comme elle ne peut pas contrôler ses propres appétits, elle est en cours d’effondrement. Alors, il serait logique pour elle d’avoir une sorte de plan de sauvegarde pour le jour où tout le château de cartes financier s’écroulera. Idéalement, ce plan aurait pour effet de mettre fin à toute chance de révolte des masses opprimées, et de permettre à l’oligarchie de maintenir sa sécurité et sa richesse. En temps de paix, c’est possible aussi longtemps qu’elle peut apaiser la populace avec du pain et des jeux, mais quand une calamité financière provoque un crash économique, le pain et les jeux deviennent rares, et la solution de repli à portée de main, c’est la guerre.

N’importe quelle justification pour la guerre fera l’affaire, qu’il s’agisse de terroristes étrangers ou nationaux, du croquemitaine russe, ou d’extraterrestres hallucinés. Le succès militaire n’est pas important, parce que l’échec est encore mieux que le succès pour maintenir l’ordre, car il permet de forcer l’ordre grâce à diverses mesures de sécurité. Plusieurs pistes sont explorées et ont été testées, telles que l’occupation militaire de Boston à la suite des attentats et la mise en scène sur le marathon de Boston. L’infrastructure de surveillance et le complexe industriel des prisons partiellement privatisé sont déjà en place pour enfermer les indésirables. Un échec vraiment énorme fournirait la meilleure justification pour mettre l’économie sur le pied de guerre, imposant la loi martiale, la répression de la dissidence, interdisant les activités politiques extrémistes et ainsi de suite.

Voilà à quoi nous devrions peut-être nous attendre. L’effondrement financier est déjà tout cuit, et ce n’est qu’une question de temps avant que cela n’arrive effectivement et précipite l’effondrement commercial lorsque les chaînes d’approvisionnement mondiales cesseront de fonctionner. L’effondrement politique peut être évité, et sa meilleure façon de résister sera de commencer le plus grand nombre possible de guerres, afin de tisser, en toile de fond, une multitude d’échecs servant de justification à toutes sortes de mesures d’urgence, qui toutes n’ont qu’un seul objectif: supprimer la rébellion et garder l’oligarchie au pouvoir. Hors des États-Unis, il semblera que les Américains détruisent tout: des pays, des infrastructures, des passants innocents, et eux-mêmes (figurez-vous, apparemment cela fonctionne aussi). De l’extérieur, regardant dans la salle des miroirs sans tain de l’Amérique, cela ressemblera à un pays devenu fou; mais il y ressemble déjà de toute façon. Et à l’intérieur de la salle des miroirs, cela ressemblera à de vaillants défenseurs de la liberté qui luttent contre les ennemis implacables du monde entier. La plupart des gens resteront dociles et agiteront juste leurs petits drapeaux.

Mais je m’aventurerai à parier qu’une défaillance se produira à un certain moment se traduisant par un méta-échec: l’Amérique échoue même à l’échec. J’espère qu’il y a quelque chose que nous pouvons faire pour aider ce méga échec de l’échec à se produire le plus vite possible.

Traduit par Hervé, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone


 

USA – Le terroriste c’est nous : révélation de sites noirs de la CIA sur le sol étasunien

En avril 2004, le monde a été choqué et horrifié par la dissémination de photographies des tortures sadiques pratiquées par les militaires américains à la prison d’Abou Ghrib en Irak. Les détenus de la prison, dont la plupart étaient enfermés pour s’être opposés à l’occupation militaire américaine, y étaient battus, torturés, soumis à des sévices sexuels et tués.

À l’époque, le World Socialist Web Site avait expliqué que les crimes révélés par ces photos et la psychologie dont ils procédaient ne pouvaient être compris qu’en rapport avec la brutalité des relations sociales aux États-Unis et avec les sales objectifs coloniaux de la guerre elle-même.

Source: Andre Damon – WSWS

Le WSWS avertissait en outre de ce qu’« une telle armée, accompagnée d’une foule grandissante de mercenaires professionnels ‘civils’, représentait un danger non seulement pour les peuples opprimés du Moyen-Orient, de l’Asie centrale et d’ailleurs, mais encore pour les droits démocratiques de la population aux États-Unis ».

Une décennie plus tard, cette évaluation était entièrement confirmée. Mardi 24 février, le journal The Guardian révélait l’existence de ce qu’il décrit comme un « site noir » dans un quartier de l’ouest de Chicago, ‘West Side’, où la police détient, bat et torture des prisonniers, tout en cachant à leurs familles et à leurs avocats où ils se trouvent.

Le journal écrit: « Le service de police de Chicago exploite un centre d’interrogatoire officieux, rendant les citoyens américains introuvables pour leur familles ou leurs avocats tout en étant enfermés dans ce que les avocats disent est l’équivalent d’un site noir de la CIA sur le sol américain. »

Parmi les personnes détenues dans cette installation il y avait Jacob Brian Church, l’un des « Trois de l’OTAN » qui avaient été piégés par une machination de la police de Chicago en 2012 dans le cadre de manifestations contre l’alliance militaire menée par les Etats-Unis, alors en réunion à Chicago.

Church a été emmené au centre secret et menotté à un banc pendant 17 heures. La police a monté, sur la base d’accusations de terrorisme, un coup contre lui et deux autres manifestants et ils furent par la suite condamnés à cinq ans de prison.

Vic Suter, autre participante aux manifestations, a dit qu’elle avait été emmenée dans ce centre, enchaînée à un banc et interrogée pendant dix-huit heures avant d’être autorisée à voir un avocat.

Le Guardian écrit que des détenus emmenés dans ce centre signalent avoir été battus et avoir subi d’autres tortures aux mains de la police. En 2013, un détenu a été trouvé inconscient dans une salle d’entrevue de l’installation. Il est mort par la suite.

Jeudi, le site web The Intercept, a corroboré l’article du Guardian en interviewant une autre victime de torture dans ce centre. Cette personne avait été menottée sur un banc et frappée au visage et à l’aine jusqu’à ce qu’elle accepte de fournir un faux témoignage à la police.

Les révélations suivent l’article du Guardian de la semaine dernière révélant que Richard Zuley, un des principaux tortionnaires du centre de détention de Guantanamo, avait utilisé des techniques similaires pour arracher de faux aveux à des suspects dans des affaires de meurtre quand il était enquêteur de la police de Chicago.

Chicago a une longue histoire de violence policière. C’est également le fief politique de Barack Obama et la ville est gérée depuis 2011 par Rahm Emanuel, ancien chef du personnel de la Maison Blanche d’Obama.

L’administration Obama, loin de répudier les actes horribles et criminels de son prédécesseur, a déployé de plus en plus directement la violence de l’appareil policier contre le peuple américain. L’application de plus en plus ouverte des méthodes meurtrières de la « guerre contre le terrorisme », testées et perfectionnées en Afghanistan, au Pakistan, en Irak, en Libye, en Syrie, en Somalie et au Yémen, sur le sol des Etats-Unis, a été marquée par une suite d’événements.

.En septembre 2010, l’administration Obama a ordonné des descentes dans les domiciles des dirigeants de l’Anti-War Committee et de la Freedom Road Socialist Organization à Minneapolis et Chicago sur des accusations de « soutien matériel au terrorisme. »

. En mai 2012, la police de Chicago a arrêté les « Trois de l’OTAN, » les accusant de complot en vue de commettre des actes terroristes.

. En mars 2013, le procureur général américain, Eric Holder, a déclaré que le président avait le droit de tuer des citoyens américains sans procès ou autre procédure juridique légitime, y compris à l’intérieur des frontières des États-Unis.

. Un mois plus tard, en avril 2013, la ville de Boston était placée de facto sous la loi martiale à la suite des attentats du marathon de Boston; on a ordonné aux habitants de « chercher refuge là où ils se trouvaient », tandis que véhicules blindés et hélicoptères patrouillaient la ville et que la police faisait, sans aucun mandat, des fouilles de maison à maison.

. En juin 2014, l’American Civil Liberties Union (ACLU) a publié un rapport intitulé « La guerre retourne au pays : la militarisation excessive de la police américaine. » L’ACLU a signalé que le ministère de la Défense avait transféré 4,3 milliards de dollars de matériel militaire, y compris des véhicules blindés, des hélicoptères, et des mitrailleuses lourdes, aux services de police locaux.

. En août 2014, les autorités ont réagi aux protestations contre l’assassinat par la police d’un adolescent non armé, Michael Brown, par une répression policière de style militaire. On a arrêté des centaines de manifestants pacifiques, tirés sur eux avec des balles de caoutchouc ou on les a aspergés de gaz lacrymogènes et plus d’une dizaine de membres de la presse ont été arrêtés.

L’administration Obama est actuellement à la recherche d’une nouvelle Autorisation pour l’utilisation de la force militaire, officiellement pour lutter contre l’Etat islamique en Irak et en Syrie (EI), mais sans limites géographiques définies. Le mercredi 25 février, trois habitants de Brooklyn ont été arrêtés dans le cadre de cette nouvelle guerre contre l’EI, ce qui soulève clairement la possibilité que cette seconde « guerre contre le terrorisme » devienne l’occasion de mener des opérations de police de type militaire sur le sol américain.

Cette évolution montre la convergence croissante du militarisme à l’étranger et de l’attaque des droits démocratiques aux États-Unis mêmes. Ce qui unit ces deux processus ce sont les intérêts de classe de l’aristocratie financière et les méthodes criminelles qu’elle emploie dans la défense de sa richesse et de son pouvoir.

Dans la poursuite de ces objectifs, la classe dirigeante cherche à mobiliser les secteurs les plus rétrogrades et les plus réactionnaires de la population, y compris des gardiens de prison sadiques et des enquêteurs de police aux idées fascistes. Mais la responsabilité ultime de ces crimes incombe à des éléments qui se trouvent aux plus hauts niveaux de l’État.

Il est utile de rappeler que l’année dernière, le Sénat américain a publié un rapport mettant en cause l’administration Bush dans un régime brutal de torture mené à Guantanamo et dans des centres de torture de la CIA à travers le monde (« sites noirs »). Aucun de ceux qui se sont rendus coupables de ces crimes n’ont été appelés à rendre des comptes. Au contraire, ceux qui les ont ordonné et réalisés ont défendu leurs actes et l’administration Obama elle, a cherché à bloquer toute poursuite contre eux.

Les actes de la classe dirigeante expriment le caractère fondamental du capitalisme américain, basé sur le parasitisme, la fraude, la criminalité et un ordre économique en profond déclin. La classe dirigeante américaine n’a pas de réponse autre que la violence et la répression à la crise de son système et à la croissance inévitable de l’opposition sociale.

Il est aussi à prendre en considération, tel que je lisais hier soir sur le site de Rutherford Institute, que la police « privée » (si vous pouvez imaginer cela) fonctionnant au-delà des lois applicables aux corps policiers « ordinaires » représentaient une force au double du nombre des forces municipales, étatiques et fédérales. J’ai relu à deux fois l’article, et c’est bien ce qu’il indique: https://www.rutherford.org/publications_resources/john_whiteheads_commentary/private_police_mercenaries_for_the_american_police_state

Cela fait froid dans le dos, à tout vous dire, et je me demande quand est-ce que cela sera aussi le cas au Canada, qui prend toutes ses instructions de Washington et des Pentagoons! – DanleMiel, 4 Mars 2015, Montréal

OTAN – Des avions de la coalition larguent des armes et munitions à Daech

Vous aurez remarqué que sur ESC_Niouze, nous n’avons pas accordé beaucoup de ‘temps d’antenne’ au conflits du Moyen-Orient ces derniers temps. Et je tiens à offrir à nos lecteurs quelques pistes qui expliqueront notre décision éditoriale. D’abord, nous ne considérons pas qu’un conflit soit plus ‘important’ qu’un autre sur la scène internationale, toutefois, il nous est devenu avec le temps plutôt évident que le ‘bordel’ causé dans le Moyen-Orient depuis l’assassinat de Saddam Hussein, et cela devint encore plus évident avec le meurtre du colonel Khadaffi, que dans la réalité, les forces de l’OTAN/États-Unis sont employés dans la ‘guerre’ qu’ils disent mener contre le terrorisme comme on s’engage dans une entreprise commerciale. L’OTAN et les États-Unis sont dans le business du massacre des populations civiles ‘pour le profit’ seulement. Et étant donné la complexité des magouilles des différents acteurs dans ces conflits, nous préférons limiter nos articles au sujets dont nous pouvons vérifier, en quelque sorte, la véracité. – Amitiés! DanleMiel Guimond, jeudi 12 février 2015, Montréal

Publié le Mardi 10 Février 2015 – Anatolie

La commission de la Sécurité et de la Défense au parlement irakien, a accusé les avions de la coalition internationale contre le groupe de l’État Islamique, à sa tête les États-Unis, de larguer des armes et des munitions pour l’organisation Daech, rapporte l’agence de presse turque, Anatolie.

Le président de la commission de la Sécurité et de la Défense au parlement irakien, Hakem al-Zamli, a déclaré lors d’une conférence de presse en présence des membres de la même commission, que « des documents, des photos et des informations en notre possession confirment que certains avions de la coalition violent la souveraineté irakienne, et les usages internationaux, à travers le largage d’aides à Daech et l’atterrissage des avions dans les aéroports contrôlés par ce groupe. »

Il a qualifié cette opération « de danger pour la sécurité de l’Irak et, qui plus est, prolonge la guerre », appelant le gouvernement irakien à clarifier sa position à ce sujet.

Le parlementaire irakien à pressé le ministère de la Défense et le commandement irakien d’intercepter et de faire tomber les avions qui atterrissent dans les régions dominées par Daech, ou lui fournissent de l’aide.

Ni le commandement de la coalition internationale, ni les États-Unis n’ont officiellement réagi à ces accusations.

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HUMANITÉ: LES DEUX RACES

SOMMES-NOUS DIRIGÉS PAR DES PSYCHOPATHES DANGEREUX

PSYCHOPATHES: AU-DELÀ DE LA FOLIE

Canada: Harper encourage la guerre et veut plus de pouvoirs pour la police

Lors d’une visite à Vancouver jeudi dernier, Harper a tenté d’attiser un climat de peur, déclarant que le Canada était sous attaque par des extrémistes islamiques. «Le fait est, a déclaré Harper … que le mouvement djihadiste international a déclaré la guerre. Ils ont déclaré la guerre sur quiconque ne pense pas et n’agit pas exactement comme ils le voudraient.»

Ses commentaires avaient pour but d’utiliser l’attaque contre le magazine satirique français Charlie Hebdo, à propos de laquelle demeurent de nombreuses questions irrésolues, pour justifier l’adoption rapide d’une loi antiterroriste de plus. Cherchant à créer un climat de peur en invoquant la menace posée par un «mouvement djihadiste» supposément omniprésent, il a ajouté que «C’est un mouvement qui a déclaré la guerre au Canada spécifiquement et montré qu’il a la capacité d’intensifier ses attaques dans ce pays.»

Depuis que le tireur isolé Michael Zehaf-Bibeau a attaqué le parlement canadien le 22 octobre, Harper et son gouvernement ont à maintes reprises présenté le Canada comme étant une nation en état de siège. Et ce en dépit du fait qu’aucun lien entre l’attaque d’octobre et une organisation terroriste quelconque à au pays, et encore moins à l’étranger, n’a été démontré. Ceci n’a pas empêché Harper de décrire l’acte désorienté de Zehaf-Bibeau et l’attaque contre Charlie Hebdo comme des exemples similaires dans la guerre des djihadistes.

Des porte-parole du gouvernement ont utilisé l’arrestation sur la base d’accusations liées au terrorisme de trois hommes de la région d’Ottawa, tous de jeunes adultes incluant au moins un récent converti à l’Islam, pour renforcer cette campagne de la peur. Dans une entrevue avec Radio-Canada mercredi, le ministre de la Sécurité publique Steven Blaney a complimenté la police pour avoir appréhendé les trois hommes, les frères jumeaux Ashton et Carlos Larmond et Suliman Mohamed, mais a soutenu que des lois supplémentaires étaient nécessaires afin d’assurer «que nos policiers puissent agir».

Jusqu’à présent, la police n’a presque rien divulgué concernant les raisons pour les accusations, ni même aux avocats des accusés. D’après l’avocat de Mohamed, Doug Baum, le procureur lui a dit «qu’à cause des circonstances des arrestations… l’enquête n’aurait peut-être pas été complétée, et qu’une divulgation – qui est normalement procurée – n’est pas disponible à ce point-ci.» La famille et les amis des trois hommes se sont dits choqués par les accusations.

Dans son discours à Vancouver, Harper a tenté de présenter son gouvernement en tant que défenseur de la démocratie et des libertés civiques. En réalité, il défend les intérêts des riches et des super-riches, coupe dans les dépenses pour les services publics et sociaux, augmente l’âge de la retraite, criminalise les grèves, développe l’État de sécurité nationale, incluant la proclamation d’un droit général d’espionner les communications électroniques des Canadiens, et participe à toutes les guerres menées par les États-Unis, de l’Afghanistan à la Libye, à la nouvelle guerre en Irak et en Syrie.

À la suite de l’attaque au parlement et le meurtre d’un soldat à St-Jean-sur-Richelieu deux jours auparavant, le gouvernement s’est empressé d’adopter deux lois qui augmentent davantage les pouvoirs du complexe de sécurité nationale. Le passage de la loi C-44 en début décembre accorde l’anonymat aux informateurs du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) lors de procédures judiciaires et permet formellement au SCRS d’espionner des Canadiens à l’étranger. En plus, une loi présentée comme un coup porté à la cyberintimidation donne des pouvoirs supplémentaires à la police, lui permettant d’obtenir des informations des comptes d’usagers de téléphone et les métadonnées de leurs communications.

Les conservateurs avaient considéré présenter une troisième proposition de loi au parlement avant Noël, mais craignaient apparemment que certaines des mesures proposées provoquent un tollé. Harper n’a pas l’intention d’attendre davantage et profite de l’occasion offerte par l’attaque sur Charlie Hebdo. «J’anticipe que nous allons présenter très tôt dans la nouvelle session des propositions de loi additionnelles», disait Harper jeudi dernier.

La nouvelle loi promet des clauses élargissant les pouvoirs de la police, lui permettant de faire des arrestations et détentions préventives. Il est également probable qu’elle fasse écho à une loi britannique de 2006 qui faisait de «l’incitation» au terrorisme, ou même du fameux «encouragement» du terrorisme, une infraction criminelle. Cette loi a été utilisée pour viser des personnes qui n’ont aucun lien à un acte ou complot terroriste. Harper disait de la future loi qu’elle contiendrait «des pouvoirs additionnels pour s’assurer que nos agences de renseignement aient un éventail d’outils qui leur sont disponibles pour identifier des menaces de terreur potentielles et faire des arrestations et d’autres actions».

L’autre message clé de Harper concernait la nécessité d’élargir l’intervention canadienne au Moyen-Orient en appui à la campagne de l’impérialisme américain pour le contrôle de ce qui est la plus importante région exportatrice de pétrole. Citant l’appui du Canada et de ses alliés pour des opérations militaires contre une armée djihadiste occupant de vastes territoires de l’Irak et la Syrie, il a dit que l’ (EI) utilisait ses ressources pour augmenter la menace terroriste «à une tout autre échelle mondiale».

Clarifiant que sa tentative d’attiser la fièvre guerrière était liée à une décision imminente concernant la prolongation au-delà du mois d’avril de la participation du Canada à la guerre au Moyen-Orient, il a ajouté que l’un des critères principaux en faveur de cette décision serait «le type de menace que cela pose à notre pays».

Le même jour où Harper tenait son discours, l’armée révélait que des avions de combat CF-18 avaient participé à sept bombardements en Irak dans les deux dernières semaines. Immédiatement après l’approbation du parlement pour une mission de six semaines au Moyen-Orient en début octobre, des représentants militaires de haut rang tels que le général des Forces armées canadiennes Tom Lawson et Harper lui-même ont déclaré ouvertement que le conflit durerait beaucoup plus longtemps.

Un troisième facteur qui explique le discours alarmiste de Harper sont les élections fédérales qui approchent. Même si elles sont planifiées pour le 19 octobre, plusieurs signes indiquent que les conservateurs ont l’intention de contourner leur propre loi d’élections à date fixe pour les déclencher au printemps.

Les conservateurs ont déjà démontré qu’ils avaient l’intention de placer le «terrorisme» au centre de leur campagne. Ce faisant, leur but sera de détourner l’attention de la crise sociale grandissante, incluant la montée de l’inégalité sociale et de l’insécurité économique, et d’attiser un nationalisme canadien explicitement belliqueux.

Un autre objectif central sera d’obtenir l’appui de l’élite patronale du Canada en démontrant que les conservateurs sont les défenseurs les plus agressifs et impitoyables de leurs intérêts à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Harper et ses partisans ont plusieurs fois suggéré que les partis de l’opposition sont «mous» face au terrorisme et désinvoltes dans l’affirmation des intérêts de l’impérialisme canadien sur la scène mondiale.

À cet égard, ils espèrent exploiter une avalanche de commentaires médiatiques concernant la décision des libéraux de ne pas appuyer la résolution parlementaire d’octobre dernier autorisant la participation du Canada dans une nouvelle guerre au Moyen-Orient.

La réalité est que tous les principaux partis, incluant le NPD aligné aux syndicats, appuient entièrement le programme d’austérité et de guerre impérialiste de l’élite dirigeante. L’opposition des libéraux et du NPD au déploiement canadien en octobre était motivée par des différences purement tactiques. Les deux partis de l’opposition défendaient plutôt des missions de ravitaillement des Forces armées canadiennes afin d’armer ceux qui combattent l’EI ainsi que des opérations «humanitaires» dans la région qui pourraient être facilement transformées en interventions militaires par la suite.

Une autre indication des plans réactionnaires du gouvernement conservateur, fut le communiqué du bureau du premier ministre la semaine dernière annonçant que Richard Fadden, directeur du SCRS de 2009 à 2013 et actuellement ministre adjoint à la Défense nationale, a été nommé conseiller à la sécurité nationale de Harper. Fadden s’est exprimé à plusieurs reprises concernant l’ampleur de la menace terroriste à laquelle fait face le Canada et a fait appel à de plus grands budgets et pouvoirs pour le complexe de sécurité nationale.

Roger Jordan

Article paru d’abord en anglais, WSWS, le 15 janvier 2015

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