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Pepe Escobar: En attente de l’ultime tempête…

Commençons par la réforme du FMI qui prendra effet dans quelques semaines. Même cette mini-réforme a subi à plusieurs reprises le veto de l’Empire du Chaos. Washington détient toujours la plus grande part du quota et du vote au sein du FMI, devant le Japon. Mais maintenant, la Chine est à la 3e place et les membres du BRICS Brésil, Russie et Inde sont dans le top dix.

Mais cela ne veut pas dire changement radical. Le gouvernement américain refuse toujours de mettre en œuvre une réforme complète qui finirait par réduire la puissance globale du FMI. La Chine, quant à elle, avance avec des faits sur le terrain : comme la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB), accompagnée par les BRICS avec leur Nouvelle banque pour le développement (NDB), une tentative sérieuse pour briser la mainmise de la frauduleuse hyper-exploitation du système monétaire et financier.

 

Guerre Froide – Bonne gaule, chaud devant !

Bretton Woods est peut-être mort, mais le monde est encore encombré de son cadavre. Idem pour le grand Consensus de Washington – pour autant qu’il faille payer les pots cassés de plus en plus ensanglantés.

 

Une avalanche a été déclenchée dans les années Reagan – que le spectacle de la dernière Guerre froide a parfaitement immortalisée dans la nouvelle série de Deutschland 83.

Dans les années funk de 1980, le gouvernement américain a réduit les impôts pour les riches et attaqué les syndicats de travailleurs. Puis, dans les années 1990, il externalisé les emplois manufacturiers bien rémunérés vers le Mexique, la Chine et d’autres pays à bas salaires, et déréglementé la finance – via l’abrogation du Glass Steagall Act et l’adoption de la Loi sur la modernisation des marchés à terme sur les matières premières en 2000 (Commodity Futures Modernization Act) sous Bill Clinton.

Les guerres d’Afghanistan et d’Irak, dans les années 2000, ont coûté aux contribuables américains au moins trois mille milliards de dollars – et ouvert la voie à l’énorme crise financière de 2008, qui est toujours en cours et prête à se métastaser dans un crash encore plus grand.

Après tout, dans sa réponse à la crise, la Fed, suivie par la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque du Japon, se sont lancées dans une frénésie d’assouplissement quantitatif (QE) – transfert de milliards de dollars pour soutenir, avec l’argent des contribuables, des banques insolvables à l’époque et qui le sont toujours.

Ce tsunami d’argent n’est évidemment pas resté les bras croisés, mais a été canalisé dans des escroqueries vertigineuses de maximisation du rendement, en gonflant artificiellement les cours de bourses (via le rachat par les sociétés de leurs propres actions) et en fournissant de l’argent ultra-bon marché aux investisseurs immobiliers.

L’état des lieux aux États-Unis – que le Généralissime Trump décrit savamment par un laconique «rien ne fonctionne dans ce pays» – énonce un taux de chômage élevé ; une croissance de l’emploi anémique (90% des nouveaux emplois sont précaires avec des salaires de misère, peu d’avantages et aucune sécurité de l’emploi) ; et une explosion des déficits.

La politique étrangère américaine, sur le plan du commerce et sous l’administration du canard boiteux Obama, se borne à pousser l’Otan à s’engager dans des pactes commerciaux ; TPP [Océan Pacifique] et TTIP [Océan Atlantique], qui concernent l’UE et le Japon, tous deux en stagnation et / ou en récession, tout en excluant la Chine. Cela signifie que tous deux sont, finalement, mort-nés ; personne, nulle part, ne peut augmenter sa croissance économique en excluant la Chine.

En termes de Guerre froide 2.0, la politique étrangère des États-Unis implique maintenant un théâtre latent de guerre US+Otan englobant le Maghreb, la Corne de l’Afrique, le Levant, le bassin de la mer Caspienne, le golfe Persique, l’océan Indien, la mer de Chine du Sud, et l’ensemble de l’Europe de l’Est jusqu’aux régions frontalières russes.

Comme on pouvait s’y attendre, les contribuables américains financent la mentalité de la Guerre froide 2.0 avec un Pentagone qui garde bien vivante la possibilité d’une confrontation militaire directe contre les trois pôles clés de l’intégration eurasienne : la Russie, la Chine et l’Iran.

Pivot vers nulle part

La myriade de problèmes économiques qui se posent au turbo-capitalisme américain sont structurels et absolument insolubles dans le cadre du système économico-politique en place, qui est en fait un crypto-consensus incestueux entre Washington et Wall Street. Les fissures entre les Maîtres de l’Univers eux-mêmes sont proches d’apparaître avec éclat au grand jour alors que la planète s’embarque dans un changement tectonique vers un ordre économique et politique plus multipolaire centré sur l’Eurasie.

Sur le plan géopolitique, la meilleure chose que pouvait offrir l’administration Obama en 2011 était le pivot vers l’Asie qui s’est jusqu’ici traduit par des intimidations sporadiques de l’US Navy dans la mer de Chine méridionale, transformée en une nouvelle région de tension importante avant même que les États-Unis aient réussi à se sortir du bourbier au Moyen-Orient.

Pékin, quant à lui, met le pied au plancher, assis sur le siège avant, en accumulant un capital politique et commercial qui accroît l’interdépendance économique pan-eurasienne. Non seulement l’AIIB mais aussi le Fonds de la Route de la Soie, et même la banque de développement NDB à l’avenir, seront toutes orientées vers la mise en place de la vision d’Une ceinture, une Route maritime ; les voies qui seront la ligne de vie d’une Eurasie intégrée.

La stratégie de la Chine et des BRICS pour installer un rival monétaire international, financier, diplomatique, commercial et géopolitique est le cauchemar ultime des Maîtres de l’Univers – aussi divisés qu’il puissent paraître. Donc, pas étonnant que la seule réaction visible, par l’intermédiaire du Pentagone / Otan, a été de faire monter la peur en avertissant du chaos inévitable si la puissance hégémonique n’est pas crédible pour imposer sa version de l’ordre.

C’est comme si la planète entière attendait avec fatalisme, en suspension, la prochaine grande crise, la crise inévitable. Le véritable suspense est de savoir si la nouvelle métastase de la crise condamnera une fois pour toute la domination financière et militaire de la puissance hégémonique. En attendant, regardons Deutschland 83.

Pepe Escobar

Article original en anglais : Waiting for Perfect Storm, Strategic Culture, le 31 janvier 2016

Traduit et édité par jj, relu par nadine pour le Saker Francophone

Pepe Escobar est l’auteur de Globalistan: How the Globalized World is Dissolving into Liquid War (Nimble Books, 2007), Red Zone Blues: a snapshot of Baghdad during the surge (Nimble Books, 2007), Obama does Globalistan (Nimble Books, 2009) et le petit dernier, Empire of Chaos (Nimble Books).

États-Unis: Quand Wall Street remplace les Nations Unies

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Alastair Crooke

Jadis, le Conseil de sécurité des Nations unies pouvait prendre des sanctions à l’encontre de personnes, de groupes ou d’États qui menaçaient la paix mondiale. Mais aujourd’hui, Washington utilise le vocable de « sanctions » pour masquer ses agressions économiques contre ceux qui lui résistent. Bien sûr, les « sanctions » unilatérales des États-Unis sont illégales en droit international. Il ne s’agit en réalité que d’embargos, forme moderne des sièges militaires.

Source: http://www.voltairenet.org/article186956.html

Lors du Forum d’Istanbul, Alastair Crooke a offert un entretien d’une grande profondeur géostratégique à Yonca Poyraz Doğan, qui tient la rubrique Monday Talk dans le quotidien turc Today’s Zaman, pour l’édition en anglais [1].

Alastair Crooke a été fonctionnaire de haut rang dans le MI6, avant d’être conseiller en politique extérieure de l’Union européenne et du sénateur états-unien George Mitchell ; il dirige actuellement le groupe de réflexion Conflicts Forum, qui a son siège à Beyrouth.

Citoyen britannique, Crooke est également l’auteur de l’ouvrage Résistance, l’essence de la révolution islamiste [2], et il approfondit ici des thèmes déjà développés par Juan C. Zarate, l’ancien vice-assistant de W. « Baby » Bush, dans son livre La guerre du Trésor : déclenchement d’une nouvelle ère de guerres financières [3] ; il reprend aussi le stratège financier James Rickards, qui avait présenté un exposé [4] à l’International Institute for Strategic Studies de Londres ; je m’étais moi-même basé sur leurs travaux pour offrir une conférence à l’Institut de Recherches Economiques de l’UNAM il y a deux ans.

Alastair Crooke explique donc en détail la nouvelle hégémonie US en termes de financiarisation de l’ordre global, à une époque où l’ordre international dépend plus du contrôle de la Réserve fédérale et du Trésor des USA que de l’Onu. Sa lecture géo-financière rend patente la suprématie du dollaro-centrisme de Wall Street par-dessus l’ordre légal caduc de l’Onu ; en effet le système de l’hégémonie du dollar n’a pas besoin de la dépendance US par rapport à l’Onu, et en laisse le contrôle au secrétariat au Trésor, contrôlé à son tour par David Steve Cohen, ce qui explique le fait que les instruments militaires sont devenus moins accessibles à l’administration états-unienne pour des raisons de politique extérieure. En effet, qui surveille donc le vigilant D. S. Cohen ?

Crooke considère que les USA et Wall Street sont parvenus à contourner l’Onu pour imposer leur ordre global « basé sur un système dollaro-centré » au moyen de « l’instrumentation de la position US comme contrôleur de toutes les transactions en dollars, ce qui permet de se passer de tous les vieux outils (sic) de la diplomatie et de l’Onu. »

À son avis, « le monopole de la devise de réserve est devenu l’instrument unilatéral US, déplaçant l’action multilatérale de l’Onu, tandis que les USA réclament que soit sous leur juridiction toute transaction formulée en dollars, partout dans le monde.

Jusqu’où les monétaristes de la Réserve fédérale et du Trésor US poussent-ils le mépris pour l’agonisante Onu ?

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Aujourd’hui les USA ne tiennent plus compte de l’ordre international structuré autour de l’Onu et de son corpus de lois internationales, et ils tendent à imposer leurs « sanctions économiques pour faire pression sur certains (sic) pays. » Les sanctions économiques des USA se sont substituées aux lois internationales, tandis que la pléiade des financiers monétaristes israélo-anglo-saxons prend la place de la vieille garde des juristes de l’Onu.

L’année dernière, on a calculé que les transactions globales en dollars US correspondaient à un minimum de 65 % de l’échange de biens et de services, pourcentage qui a dû augmenter avec l’effondrement de l’euro et la guerre des devises qui a provoqué des dévaluations abruptes, depuis le yen japonais jusqu’au real brésilien.

Il faut souligner une coïncidence inédite : les chefs du colossal contrôle financier des USA, sont trois israélo-américains : David Steve Cohen, le surveillant en chef, Jack Lew, le secrétaire au Trésor, et Janet Yellen, gouverneur de la Réserve fédérale. Un énorme pouvoir financier…

David Steve Cohen est l’équivalent dans le Mexique néolibéral actuel, du point de vue opérationnel, d’Alberto Bazbaz Sacal, celui qui a négligé de porter son regard sur les pots-de-vin internes dans son Unité de Renseignement financier, du secrétariat aux Impôts, mais ne connaît aucune réprimande pour autant, et qui a ignoré la fraude étrange de Ficrea.

Quelles sont les chances de succès du nouvel ordre financier global imposé par Wall Street et les USA ?

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La cosmogonie de Crooke est géo-financière : elle applique la géopolitique des finances aux grandes puissances, en particulier à la Chine et à la Russie, qui ont noué une alliance pour contrer la guerre financière entre les USA et la Russie, véritable conflit géostratégique qui se déploie en Ukraine, d’où émergera le Nouvel ordre mondial, ce qui est la thèse de notre blog [5].

Après la rude correction infligée par la banque israélo-anglo-saxonne à l’Iran, comme le signale le livre de Juan Zarate, et maintenant la guerre géo-financière contre la Russie, dans ses quadruples modalités, sanctions, effondrement du rouble et du pétrole, fuite massive de capitaux, le « système du pétrodollar qui cotise en dollars l’or noir, se trouve blessé à mort », selon Crooke, qui considère que la Chine a compris que la Russie constitue le premier domino ; si la Russie tombe, la Chine se retrouvera en première ligne. C’est pourquoi elles cherchent ensemble à créer un système financier parallèle (sic) déconnecté du système financier occidental, qui inclut la réplique du Swift et des entités comme la Banque de Développement Asiatique face au FMI.

Il faut encore ajouter la création de la nouvelle Banque de développement des BRICS et leur mini FMI lors du sommet de Fortaleza au Brésil, tellement important à mon avis qu’il a déclenché la fureur contre la Russie en Ukraine quelques jours plus tard (il faut comprendre dans ce cadre l’attentat contre le vol de la Malaysia Airlines, commis par les oligarques ukrainiens liés à l’OTAN).

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Alastair Crooke signale que c’est la Chine, et non pas le FMI, qui est en train de sauver le Venezuela, l’Argentine et la Russie tandis que leurs devises s’effondrent, et il rapporte que la Chine se faisait déjà du souci pour le rouble à la mi-décembre, ce qui l’a poussée à intervenir pour arrêter la chute.

Les tendances financières sont favorables à la Chine, qui est en train de déplacer le FMI et la Banque mondiale et qui opère comme « barrière face à un système financier qui se trouve pris dans un virage dramatique pour évoluer et se distancer du contrôle occidental », ce qui touche de près le Proche-Orient et ses flux financiers provenant du pétrole.

Il annonce « la fin du système du pétrodollar pour recycler les revenus pétroliers de Wall Street », alors que la chute du prix du pétrole a créé subitement d’immenses turbulences financières qui ont mis en danger le système financier global.

Le long texte de l’entretien avec Crooke est fascinant : il révèle qui sont derrière les salafistes du groupe DAESH / ISIS / ISIL et nous fait comprendre comment l’effondrement artificiel des prix du pétrole a pour but de faire du tort à l’Iran et de faire pression sur la Russie pour leur faire changer d’attitude envers le président Baschar al Assad de Syrie, processus dans lequel les dérivés financiers de Wall Street ont joué un rôle décisif, comme ils le font maintenant avec les métaux précieux, en particulier l’or et l’argent.

Traduction
Maria Poumier

Source
La Jornada (Mexique)

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[1] “Turkey might become hostage to ISIL just like Pakistan did”, Yonca Poyraz Doğan, Today’s Zaman, February 1, 2015.

[2] Resistance : The Essence of the Islamist Revolution, Alastair Crooke, Pluto Press (February 17, 2009), 328 pages.

[3] Treasury’s War : The Unleashing of a New Era of Financial Warfare, Juan Zarate, PublicAffairs (2013), 512 pages.

[4] Currencies of Power and the Power of Currencies : The Geopolitics of Currencies, Reserves and the Global Financial System, James Rickards, IISS Seminar (2012), 18 pages.

[5] Blog d’Alfredo Jalife-Rahme (en espagnol).

Cyber-Arnaque: Fanny le logiciel espion de la NSA dévoilé par Kaspersky Lab

La société spécialisée en sécurité Kaspersky Lab a à trouvé l’origine d’attaques d’une complexité sans précédent infectant les disques durs de gouvernements, d’agences gouvernementales et de sociétés stratégiques. Un puissant outil de cyberespionnage, surnommé « Fanny », qui récolte de l’information dans des millions d’ordinateurs par le biais de logiciels malveillants installés secrètement.

Fanny : le nouveau ver de la NSA

Un rapport publié lundi par la firme de sécurité informatique russe Kaspersky n’a pas identifié la source de cette campagne de cyperpiratage, mais a mentionné certaines similarités avec Stuxnet, une cyberarme que beaucoup croient avoir été développée par les États-Unis et Israël pour contrecarrer le programme nucléaire iranien.

Kaspersky a indiqué que cette campagne « surpasse tout ce qui a été fait en matière de complexité et de sophistication », dans le domaine du cyberespionnage, et son utilisation remonte à aussi loin que 2001 par une équipe nommée « le groupe Equation ». « Le groupe Equation est probablement l’un des groupes de cyberpirates les plus sophistiqués au monde; et l’un des plus menaçants que nous ayons vu », mentionne le rapport.

Les manoeuvres d’espionnage utilisaient un ver que Kaspersky a surnommé « Fanny » qui infecte un ordinateur par une clé USB en exploitant deux failles pour siphonner de l’information d’ordinateurs au Moyen-Orient et en Asie, ajoute le rapport. Des preuves montrent que les développeurs de Equation et de Stuxnet « sont soit les mêmes, soit de proches alliés », poursuivent les chercheurs.

La NSA muette

L’agence américaine de sécurité nationale (NSA), qui a mené une vaste opération de surveillance à l’échelle mondiale pour la lutte au terrorisme, a refusé de confirmer toute implication dans le programme. »Nous sommes au courant du rapport. Nous ne commenterons publiquement aucune allégation soulevée par le rapport, ni aucune autre information », a indiqué Vanee Vines, la porte-parole de la NSA dans un courriel à l’AFP.

Sean Sullivan, de la firme de sécurité finlandaise F-Secure, a pour sa part mentionné que le rapport de Kaspersky semble décrire une division de la NSA connue sous l’acronyme ANT, qui a fait l’objet d’un rapport en 2013 sur les portes dérobées dans les produits technologiques. « L’étude de Kaspersky fait référence à un groupe nommé ‘Equation’, dont le pays d’origine est tenu secret, mais qui possède exactement les mêmes capacités qu’ANT », a précisé M. Sullivan dans un article de blogue mardi.

L’attaque a été en mesure d’infecter « environ 2.000 utilisateurs par mois » dans 30 pays, mentionne le rapport. La majorité des contaminations ont été détectées en Iran, en Russie, au Pakistan et en Afghanistan. Parmi les autres pays touchés, on compte la Syrie, le Kazakhstan, la Belgique, la Somalie, la Libye, la France, le Yémen, la Grande-Bretagne, la Suisse, l’Inde et le Brésil.

Une caractéristique particulière de ces attaques, selon les chercheurs, est la facilité avec laquelle il a été possible de piéger les grands fabricants de disques durs, dont Western Digital, Seagate, Samsung et Maxtor. Le logiciel espion a été conçu de telle manière qu’il résiste à un reformatage du disque dur et à l’installation d’un nouveau système d’exploitation.

Pour le chercheur de Kaspersky Serge Malenkovich, ces logiciels espions sont « invisibles et indestructibles », un véritable cauchemar en sécurité informatique. Mais comme cette attaque est si complexe a exécuter, a-t-il noté, « que même le groupe Equation ne l’a probablement réalisée qu’à quelques reprises. »

Disques compacts infectés

Les chercheurs de Kaspersky ont également indiqué que le logiciel malveillant avait aussi été enfoui dans les disques compacts d’une conférence scientifique de 2009, rendant possible la contamination des ordinateurs de plusieurs dizaines de scientifiques internationaux.

« On ne peut dire quand le groupe Equation a commencé son ascension. Les échantillons de logiciels espions que nous avons vu ont été identifiés en 2002, mais leur centre de commandement a été repéré en 2001″, précisent les chercheurs. Il est même possible de remonter la filière jusqu’en 1996.

Les autorités américaines n’ont pas donné de commentaire sur Stuxnet, mais les chercheurs, dont ceux de Kaspersky, ont dit que le virus développé par les Etats-Unis et Israël pour contenir les menaces de l’Iran, remonte à au moins 2007.

Des cyberattaques contre les banques à l’origine de pertes massives

Une vague de cyberattaques d’un genre nouveau vise depuis 2013 des banques du monde entier, en premier lieu russes, causant des pertes estimées à près d’un milliard de dollars, révèle la société spécialisée Kaspersky Lab dans un rapport publié lundi à Moscou.

Cette campagne, toujours en cours, « indique clairement l’avènement d’une nouvelle ère pour la cybercriminalité », prévient Kaspersky dans cette enquête, dont le New York Times s’est fait l’écho ce week-end. Selon le laboratoire russe, une centaine de banques ont été visées, dont « au moins la moitié ont subi des pertes financières, la plupart des victimes étant situées en Russie, aux Etats-Unis, en Allemagne, en Chine et en Ukraine ».

Si certains signes suggèrent que l’origine des attaques se situe en Chine, la société met en garde contre de possibles indices distillés sciemment afin de tromper les services de sécurité. Les victimes sont en majorité russes. Alors que les attaques informatiques sont utilisées de manière croissante à des fins géopolitiques, « la motivation des attaquants (…) semble être le gain financier plutôt que l’espionnage », selon ce document. Ses auteurs soulignent que les auteurs de la fraude sont « clairement très familiers des logiciels et réseaux de services financiers ».

Les hackers utilisent un programme baptisé « Carbanak » visant les employés des banques afin de les piéger à l’aide de pièces jointes par une méthode de « phishing » (hameçonnage). Ils parviennent alors à accéder au réseau de ces cibles, et ainsi aux opérations de transferts d’argent, aux distributeurs de billets et comptes bancaires. Les auteurs des attaques procèdent alors directement à des transferts vers des comptes sous leur contrôle ou des retraits à partir de distributeurs ciblés. Leur mode opératoire va jusqu’à enregistrer des images des systèmes de vidéosurveillance suivant les activités des employés visés.

Les fonds détournés ont été transférés vers des comptes aux États-Unis et en Chine, ajoute Kaspersky. La société souligne l’ampleur des sommes détournées : une banque perdant 7,3 millions de dollars via des retraits par distributeurs, une autre 10 millions de dollars via des opérations sur sa plateforme en ligne.

Selon ce rapport, les hackeurs tentent actuellement d’étendre leurs attaques aux pays d’Europe centrale et orientale ainsi qu’au Proche-Orient, en Asie et en Afrique.

PENTAGOONS – Obama et Georges Bush, même rhétorique militaire ? «Nous devons tordre les bras des pays qui ne font pas ce qu’on attend d’eux»

Il est loin le temps de la doctrine Monroe, ce temps où les États-Unis suivaient scrupuleusement une politique isolationniste, laissant les pays européens s’entredéchirer. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils ont revêtu la casquette de gendarme du monde, agissant sur presque tous les théâtres militaires. Une pratique jugée de plus en plus arbitraire par certains pays. Quand Georges Bush évoquait l’axe du mal pour frapper l’Irak, Obama parle « de tordre les bras de certains pays », ou encore cette célèbre phrase de Georges Bush « Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous » qui prend forme dans la méthode du prix Nobel de la paix 2009.

Source francophone: CameroonVoice
Original en anglais:
RT.com – OBAMA FOREIGN POLICY POWER

Y’a-t-il des similitudes pour faire parler la puissance de feu américaine ? Voici une interview du président Obama accordée au magazine Vox.

Obama : « Nous devons taper sur les doigts des pays qui ne font pas ce que l’on attend d’eux »

Le président américain a déclaré que le leadership américain impliquait « de tordre les bras » des états « qui ne font pas ce que l’on attend d’eux », et que les États-Unis pouvaient s’appuyer sur leur force militaire ou d’autres leviers pour atteindre ses objectifs.

Dans une longue interview accordée à Vox, Le président a fait valoir que dans une époque où les États-Unis disposent d’un budget de la défense qui dépasse les 10 pays suivants combinés, il faut se baser sur sa force militaire et d’autres leviers de sa puissance.

Saluant le système fondé sur des règles datant de l’ère post Seconde Guerre Mondiale, Obama a reconnu que même s’il n’était pas parfait, il soutenait « l’ONU, le FMI et toute une série de traités et de règles qui ont vraiment contribué à stabiliser le monde d’une manière unique. »

Cependant, l’efficacité de ce système idéaliste, wilsonien, a été rudement mise à l’épreuve par le fait qu’il y ait des « gens mauvais dans le monde qui essaient de nous faire du mal ».

Il rajoute « nous devons quelquefois tordre le bras des pays qui ne font pas que nous attendons d’eux, mais si nous n’avions pas cette économie, cette diplomatie ou encore cette force militaire, si nous n’avions pas cette dose de réalisme, on ne pourrait rien faire ».

Obama affirme que les États-Unis n’ont pas de « solutions militaires » à tous les défis dans le monde moderne, toutefois, il ajoute « qu’il n’y a aucun état qui pourrait attaquer ou provoquer les États-Unis ».

« Le plus proche que nous avons évidemment c’est la Russie, avec son arsenal nucléaire, mais d’une manière générale, ils ne peuvent pas se projeter de la même manière que nous faisons dans le monde. La Chine non plus. Nous dépensons plus sur notre plan militaire que les dix pays suivants combinés », a-t-il dit.

Dans ce contexte, Obama a déclaré que le « désordre » qui découlait des « États défaillants » et des « menaces d’organisations terroristes » ont été les plus grands défis auxquels la communauté internationale a dû faire face aujourd’hui.

Il ajoute qu’affronter des pays hostiles nécessite l’aide « d’autres pays » et « d’autres ressources » quand cela est possible, mais il reconnait que Washington « est le chef de file, parce que nous avons les capacités que d’autres pays n’ont pas ».

Cette approche, a-t-il dit a également conduit à « un partage du fardeau et il y a une certaine approbation des résultats ».

Lorsqu’on l’interroge sur les limites de la puissance américaine, Obama a admis qu’il y avait des choses que son administration ne peut tout simplement pas faire en termes de déploiement, mais il est resté optimiste.

« Eh bien, le leadership américain, en partie, vient de notre esprit de réussite. Nous sommes le plus grand et le plus puissant pays de la Terre. Comme je l’ai déjà dit dans des discours : lorsque des problèmes se produisent, on n’appelle pas Pékin, on n’appelle pas Moscou. On nous appelle. Et nous embrassons cette responsabilité. La question, je pense, est de savoir comment ce leadership est exercé. Mon administration est très agressive et internationaliste dans la manière de résoudre les problèmes ».

Cet appel au leadership des États-Unis, qui a souvent été formulé dans la notion de l’exceptionnalisme américain, a régulièrement été interrogé par Moscou.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a contesté la notion utilisée dans le discours d’Obama adressé à l’ONU en septembre dernier dans lequel, il nommait « l’agression russe en Europe », l’épidémie d’Ebola et l’État islamique comme des menaces à la paix et la sécurité internationale.

Lavrov a déclaré que le message d’Obama à l’ONU était le « discours d’un artisan de la paix dans la façon dont il a été conçu, », mais il a échoué « dans l’objectivité, si on le confronte à des faits réels. »

Obama et Georges Bush, même rhétorique militaire ? «Nous devons tordre les bras des pays qui ne font pas ce qu'on attend d'eux» - Obama
Lavrov, Ministre des Affaires Étrangères de la Russie. PHOTO: RT.com

Le ministre russe des Affaires étrangères a ajouté que le président américain avait présenté une vision du monde fondée sur le caractère exceptionnel des États-Unis.

« C’est la vision d’un pays qui a énoncé son droit d’utiliser la force de façon arbitraire, indépendamment des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU ou d’autres actes juridiques internationaux selon sa doctrine de défense nationale », a déclaré M. Lavrov.

Dans un article paru dans le New York Times en Septembre 2013, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que le concept de l’exceptionnalisme américain était précaire dans l’arène mondiale.

« Il est extrêmement dangereux d’encourager les gens à se considérer comme exceptionnels, quelle que soit la motivation, » a écrit Poutine. « Il y a de grands pays et de petits pays, riches ou pauvres. Nous sommes tous différents, mais lorsque nous demandons la bénédiction du Seigneur, nous ne devons pas oublier que Dieu nous a créés égaux. »