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OTAN prépare la plus grande manœuvre militaire « L’Amour nucléaire »

OTAN prépare la plus grande manœuvre militaire « L’Amour nucléaire ».

Tous les commandements et les bases USA/Otan sont en pleine activité pour préparer le « Trident Juncture 2015 » (TJ15), « le plus grand exercice Otan depuis la fin de la guerre froide ». Il se déroulera en Italie, Espagne et Portugal du 28 septembre au 6 novembre, avec des unités terrestres, aériennes et navales et avec des forces spéciales de 33 pays (28 Otan plus 5 alliés) : plus de 35mille militaires, 200 avions, 50 navires de guerre. Y participeront aussi les industries militaires de 15 pays pour évaluer de quelles autres armes a besoin l’Otan.

 

Objectif de cet exercice « à haute visibilité et crédibilité » : tester la « Force de riposte » (30mille effectifs), surtout sa « Force de pointe » à très haute rapidité opérationnelle (5mille effectifs). Sur le flanc méridional, en partant surtout de l’Italie, l’Otan prépare d’autres guerres en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Confirmé par l’attaque effectuée en Libye, dimanche dernier, par des chasseurs étasuniens F-15E qui, ayant probablement décollé d’Aviano (région Frioul, ndt), ont largué de nombreuses bombes officiellement pour tuer un présumé terroriste.

L’Aéronautique italienne se prépare à des actions similaires : pour vérifier « les capacités de ses rangs dans le cadre d’une force à rapidité élevée d’utilisation», elle utilisera dans le TJ15 l’aéroport de Trapani (et pas celui de Decimomannu où la « sérénité » fait défaut à cause des manifestations contre les servitudes militaires), « pour des raisons éminemment logistiques, opérationnelles et de distances parcourables ainsi que pour l’expérience déjà acquise et mûrie au cours d’autres opérations conduites depuis la base » : c’est-à-dire le bombardement de la Libye en 2011.

A Trapani-Birgi opèreront environ 80 avions et 5mille militaires, qui (malgré les déclarations rassurantes de l’Aéronautique) mettront en danger la praticabilité et la sécurité des vols civils. Un rôle central sera tenu dans l’exercice par le Jfc Naples, commandement Otan (avec quartier général à Lago Patria, Naples) aux ordres de l’amiral étasunien Ferguson, qui est aussi commandant des Forces navales étasuniennes en Europe et des Forces navales du Commandement Africa : en alternance annuelle avec Brunssum (Hollande), le Jfc Naples tient le rôle de commandement opérationnel de la « Force de riposte » Otan, dont le commandement général appartient au Commandant suprême allié en Europe (toujours un général étasunien nommé par le Président ). La projection de forces au sud va bien au-delà de l’Afrique du Nord : c’est ce qu’explique le Commandant suprême en personne, le général Breedlove, en annonçant que « les membres de l’Otan joueront un grand rôle en Afrique du Nord, Sahel et Afrique subsaharienne ».

Sur le flanc oriental, l’Otan continue à accroître sa pression militaire sur la Russie. Selon des informations fournies au New York Times (13 juin) par des fonctionnaires étasuniens et alliés, le Pentagone entend « prépositionner » des armements lourds (chars d’assaut, cannons etc.), suffisants pour 5mille soldats, en Lituanie, Lettonie, Estonie, Pologne, Roumanie, Bulgarie et Hongrie. Et pendant que Washington fait savoir qu’il n’exclut pas d’installer en Europe des missiles nucléaires avec bases à terre, Kiev annonce que pourraient être installés en Ukraine des missiles intercepteurs USA/Otan, analogues à ceux qui sont en cours d’installation en Pologne et Roumanie. En ignorant que Moscou, comme il a déjà averti, prendra des contre-mesures puisque ces rampes de lancement peuvent être utilisées aussi pour lancer des missiles à têtes nucléaires.

C’est dans ce scénario que s’insère le « Trident Juncture 2015 », expression d’une stratégie de guerre tous azimuts. Que confirme la participation du secrétaire général de l’Otan Stoltenberg, la semaine dernière en Autriche, à huis clos du groupe Bilderberg[1] : celui que le magistrat Ferdinando Imposimato dénonce comme « un des responsables de la stratégie de la tension »[2].

Notes :

[1]. Voir Le groupe Bilderberg,« l’élite » du pouvoir mondial, de Domenico Moro (traduction M-A Patrizio), avec une Présentation au lecteur français, de Bernard Genet (animateur de comaguer, Comité comprendre et agir contre la guerre), paru aux Editions Delga, juin 2015 (http://editionsdelga.fr/portfolio/domenico-moro-2/ ). A commander en librairie, ou chez l’éditeur avec un chèque de 19 euros (les frais de port sont offerts) : Editions Delga, 38 rue Dunois, 75013 Paris. N’oubliez pas d’indiquer votre adresse ainsi que le titre du livre. NdT

[2]. http://www.voltairenet.org/article177324.html , NdT n.

Traduction : Marie-Ange Patrizio

La PAIX est un voile d’espoir qui se lève sous un drapeau noir

Conférence de presse de Poutine à Moscou, le 6 avril 2015 – Vidéo vocalisée en français

1 – La Russie n’attaque pas l’Occident, elle n’agresse personne, elle défend ses intérêts
2 – En 1990, la Russie a arrêté les vols de ses bombardiers stratégiques, mais les avions US continuaient à voler avec des armes nucléaires à bord. Pourquoi? Contre qui? Nous avons recommencé depuis trois ans, alors qui provoque?
3 – Nous avons deux base militaires hors de Russie, à la frontière afghane, c’est même l’intérêt des USA. Eux ont plus de mille bases partout dans le monde, et nous sommes des agresseurs? Où est le bon sens? Que font les armes nucléaires américaines en Europe?
4 – Le budget militaire du Pentagone est dix fois plus élevé que le nôtre et nous menons une politique agressive? Il faut garder son bon sens. Avons-nous des bases aux frontières des USA?
5 – Pourquoi veut-on nous interdire de nous défendre? Qui a résilié le traité sur les missiles? Qui installe ses missiles aux frontières de l’autre? Et nous sommes agressifs?
6 – Nous voulons des relations d’égalité avec l’Occident, en accord avec nos intérêts nationaux
7 – Nous avons attendu 20 ans avant d’être acceptés à l’OMC, avec beaucoup de concessions, les règles solides sont violées, celles de l’OMC, de l’ONU, du droit international avec les sanctions contre nous
8 – Nous voulons collaborer sur les problèmes de l’humanité, sécurité, désarmement, terrorisme, santé, drogue, crime organisé
9 – Après la chute du mur de Berlin, on nous avait promis un gel de l’Otan, et aujourd’hui elle est partout à nos frontières, c’est un nouveau mur. Les Occidentaux ont décidé qu’ils étaient vainqueurs.
10 – Il faut arrêter de construire de nouveaux murs et faire un monde commun humain, prospère et en sécurité.
11 – Les sanctions économiques ne sont pas le prix que nous payons pour la Crimée, mais pour notre volonté d’exister en tant que nation et civilisation libre
12 – Quoi que nous fassions pour la détente, nous rencontrons toujours des refus et des résistances de l’Occident. Les derniers jeux Olympiques d’hiver de Sotchi ont été calomniés et discrédités avant, pendant et après, pourquoi ?
13 – L’Occident veut enchaîner l’ours russe, même s’il reste dans sa tanière, il veut arracher les dents et les griffes de l’ours, ses armes nucléaires. Ensuite il empaillera l’ours et s’appropriera sa taïga, son territoire. Les USA trouvent injuste que la Russie soit si grande, elle en veut un morceau, comme elle avait volé le Texas au Mexique en 1848 [plus la moitié de ses terres, du Texas à la Californie, NdT]
14 – Nous utilisons les sanctions économiques comme tremplin pour améliorer notre économie, nous serons plus indépendants
15 – Nous ne voulons pas que la peau de l’ours soit accrochée au mur, cela n’a rien à voir avec la Crimée.

Premier semestre 2015 – Suicide ou mutation

En l’absence d’une Europe capable de lui indiquer les vraies voies d’avenir[1], le « monde d’avant »[2] se durcit, s’enferme dans ses idéologies « bien-pensistes » (les idéologies sont toujours « bien-pensistes », d’ailleurs) et répète ad nauseam les recettes du passé. Ce faisant, le « monde d’après » s’en trouve transformé : il sera moins multipolaire, beaucoup plus chinois, et la part que l’Occident y aura se réduit à vue d’œil… En effet, n’est pas Faust[3] qui veut. Or, c’est bien son âme que l’Occident est en train de perdre dans son fantasme d’immortalité. Le secret de la résilience[4] réside pourtant dans la capacité d’adaptation. Mais pour comprendre cela, encore faut-il avoir intégré la théorie de l’évolution de Darwin[5] et cessé de croire au créationnisme[6].

Source: http://geab.eu/premier-semestre-2015-petrole-moyen-orient-charlie-hebdo-derniers-tests-de-resilience-du-modele-occidental-suicide-ou-adaptation/

En ce premier trimestre 2015, « monde d’avant » et « monde d’après », au lieu de transiter de l’un vers l’autre, vont coexister en un monstrueux chevauchement temporel. C’est que, plutôt que de se sauver, l’Occident semble avoir décidé de sauver les ressorts et acteurs de sa crise omni-dimensionnelle : marchés financiers, banques, dollar, Otan, unilatéralisme, démocratisme ultralibéral, etc. Cependant, un nouveau système émerge (Chine, Brics, nouvelle Europe, Internet) qui va compter dans la gestion des gigantesques problèmes de ce premier trimestre. L’issue de ce combat déterminera la nature du second trimestre : début d’adaptation du « monde d’avant » aux réalités du XXIe siècle ou bien vitrification de tous les dysfonctionnements du système (évolution totalitaire), créant à terme (maximum cinq ans) les conditions d’une disparition violente par suicide collectif dont les Européens savent bien ce que cela veut dire.

Pour la partie publique de ce numéro du GEAB, notre équipe a choisi de présenter le chapitre concernant l’affaire « Charlie Hebdo ».

To be and not to be Charlie

Notre équipe l’avait anticipé : l’explosion des tensions au Moyen-Orient aurait un impact rapide sur les sociétés européennes, faisant courir de grands dangers à nos démocraties[7].

La crise ukrainienne, nous l’avons souvent répété, bien au-delà de la valeur intrinsèque des individus qui le composent, a révélé la faiblesse structurelle d’un système politique européen techniquement déconnecté de ses citoyens. La grande peur que l’Europe s’est faite en 2014 de ne pas réussir à s’empêcher d’entrer en guerre avec un voisin, aboutit en 2015 à un vrai retour du politique : une Commission Juncker décidée à légitimer politiquement ses décisions, des gouvernements nationaux enfin conscients de leur besoin d’union politique, des citoyens ultra-mobilisés.

Tout cela serait plutôt rassurant si la conjoncture était stabilisée. Mais ce n’est pas le cas puisque l’Europe s’apprête à enregistrer une série de chocs liés aux actions terroristes qui ne manqueront pas d’être perpétrées par des individus ou groupes d’individus résidant en son sein, mais mal intégrés et connectés aux terribles développements que connaît actuellement le Moyen-Orient. Or, dans un tel contexte, le retour du politique peut prendre des formes peu souhaitables.

L’année s’est vite mise à ce diapason avec l’attentat sanglant contre les employés de l’hebdomadaire satirique français, Charlie Hebdo, et la cavale meurtrière qui s’est ensuivie. Bien évidemment, l’événement constitue l’occasion d’inaugurer une flambée de racisme en France, mais aussi dans toute l’Europe et au-delà, combinée à la mise en place de mesures liberticides.

Mais, pour une fois, les Européens ont droit à une bonne surprise : une communication de crise presque exemplaire conduite par François Hollande qui, capitalisant sur la plus acceptable des peurs (celle de l’explosion sociale), parvient à transformer la réaction collective émotionnelle aux relents a priori racistes en demande de non-amalgame, de non-dérive libertaire et d’union.

Le 11 janvier, la mobilisation de près de 4 millions de citoyens en France et dans le monde, ainsi que la présence de 40 chefs d’État en tête de cortège, est véritablement un événement historique et véhicule un message totalement positif, quoi que l’on pense des vrais ressorts du rassemblement.

En réalité, de nombreuses questions se posent en effet sur ce qui a vraiment réuni tout ce monde : mélange de réaffirmation de principes républicains mal compris et vrai souci de préservation des valeurs démocratiques, expression d’exaspération vis-à-vis d’une communauté musulmane mal intégrée et volonté de rassembler les modérés de toutes les communautés religieuses, quête d’ordre et quête de liberté, racisme et tolérance… Il y avait un peu de tout dans cette mobilisation. Peu importe, le message dominant est généreux et c’est une réussite.

Ceci étant, ce grand rassemblement n’est pas la fin de l’histoire. Les actes anti-Musulmans se sont multipliés depuis l’attentat ; la police est sur les dents et contrôle les jeunes d’origine arabe à tour de bras ; des idées de « Patriot Act » à l’européenne sillonnent la société ; la communauté musulmane est à nouveau froissée par la publication en première page du nouveau numéro de Charlie Hebdo de caricatures de son Prophète… Autant de réactions qui vont inévitablement nourrir les rangs du fanatisme identitaire et augmenter le risque de violence.

Par ailleurs, la revendication de liberté d’expression est en train de mettre fin au verrou qui était posé sur la critique d’Israël et des Juifs. Si les caricatures de Mahomet ne sont pas du racisme, bien des « blagues » risquent de ne plus pouvoir être appelées « antisémites » également. Sur le fond, cette libération du droit à se moquer et à critiquer les autres est sans doute une bonne chose, mais elle arrive au pire moment possible. Chacun sait que 2015 court d’immenses risques de dérive raciste et antisémite (puisqu’il faut distinguer les deux). Et juste à ce moment, les garde-fous de la communication inter-groupe sont abaissés[8].

Pourtant, les lois françaises et européennes, nées d’une histoire de guerres de religions et d’intolérance, ne prônent pas une liberté d’expression totale. Cette revendication est en réalité calquée sur les États-Unis pour lesquels la liberté d’expression est totale et sacrée[9]… même si elle n’est en fait respectée que dans le cadre de l’expression non-publique. Les organes et personnes publiques ont, quant à eux, un discours extrêmement contrôlé par le fameux « politiquement correct » notamment, en particulier sur toutes les questions de minorités et de religion. En Europe, en revanche, le « politiquement correct » s’impose moins précisément parce que la liberté d’expression y est légalement encadrée.

Une chose est certaine, si les Musulmans européens se voient obligés à accepter ce qui correspond à des brimades culturelles très fortes[10] dans un contexte d’expression publique qui reste ultra-contrôlé pour d’autres groupes culturels (homosexuels, Juifs, etc.), il y aura division. L’enjeu est donc d’équilibrer cette liberté d’expression, et pour que cela ne risque pas de dégénérer en provocations et injures racistes de toutes parts, il va tout de même falloir réaffirmer les règles d’une communication, certes libre, mais également responsable.

Au-delà du grand élan généreux de la journée du 11 janvier, d’innombrables questions demeurent sur les moyens d’endiguer la vague de violence raciste et terroriste qui a commencé à déferler sur l’Europe, dans le respect de nos principes démocratiques. C’est le grand enjeu de l’année 2015… S’abonner au GEAB 

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[1]     En cette crise systémique globale, l’Europe avait un rôle historique à jouer d’accompagnement de l’émergence du monde multipolaire auquel elle s’apparentait naturellement. La crise ukrainienne l’a en partie dépouillée de cette capacité de facilitateur de transition. Les forces qui s’opposent à l’exercice de ce rôle sont immenses, et malgré les efforts d’un nombre croissant d’acteurs européens, il est probable que rien n’émerge de visiblement positif durant ce premier semestre… Mais le test de résilience de l’Europe est en cours, de nombreux indicateurs permettent toujours d’espérer, et nous réservons donc notre anticipation des caractéristiques du second semestre à plus tard.

[2]     Le terme de « monde d’avant » fait référence au livre de Franck Biancheri Crise mondiale : en route vers le monde d’après (Éditions Anticipolis, 2009) et évoque donc le système occidental qui s’est mis en place à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale, système bi puis mono-polaire, centré sur les États-Unis, et dont l’incapacité à s’adapter à l’émergence du monde multipolaire – qu’il a pourtant contribué à faire apparaître – fait courir les plus grands dangers à la planète.

[3]     Personnage issu des contes populaires allemands ayant vendu son âme au diable en échange d’une seconde vie de plaisir et de facilité, mais qui sera finalement sauvé par l’amour. Source : Wikipedia.

[4]     Capacité pour un système quelconque à retrouver ses propriétés initiales après une altération. Source : Wikipedia.

[5]     Étrangement, cette théorie, qui est pourtant scientifiquement validée, fait l’objet d’un rejet croissant de la part de notre société. Source : NouvelObs, 12/06/2012

[6]     Doctrine religieuse, communément opposée à la théorie scientifique précédente, consistant à faire relever de Dieu – ou de l’Éternel – tout existant. Source : Wikipedia.

[7]     Nous écrivions le mois dernier : « Au-delà de l’engrenage qu’un conflit d’ampleur régionale aurait sur l’ensemble de la planète, un point particulièrement inquiétant pour l’immédiat tient aux conséquences que le déchaînement de la haine entre les communautés de cette région aurait sur l’Europe. La violence verbale entre Juifs et Arabes y est déjà énorme, dégénérant sporadiquement en échauffourées plus graves. L’explosion de l’antisémitisme et du racisme est inévitablement au programme de l’UE si les tensions se nouent de la manière que nous avons anticipée plus haut. Et ces violences aboutiront aussi inévitablement au basculement de nos démocraties affaiblies qui seront incapables de les endiguer autrement qu’en sortant, elles aussi, de l’état de droit. » Source : GEAB N°90, 15/12/2014

[8]     La republication par le journal turc anti-Erdogan, Cumhumuriyet, des caricatures de Charlie Hebdo, est un exemple affligeant du potentiel déstabilisateur de ces provocations et de l’utilisation qui en est faite par des médias mus par d’obscurs intérêts. Dans le chaos moyen-oriental actuel, une telle provocation, conçue dans l’espoir renouvelé de fragiliser le pouvoir d’Erdogan, relève de la trahison. Les Turcs n’ont en effet pas l’excuse qu’ont les Européens de ne pas se rendre compte de la charge symbolique de ces caricatures. On voit à ce nouveau rebondissement l’engrenage dramatique dans lequel l’Europe et le monde sont pris. Source : BBC, 15/01/2015

[9]     Source : Wikipedia.

[10]    N’oublions pas que la représentation en général est interdite par l’Islam. L’intégration des Musulmans aux sociétés modernes et occidentales de l’image est donc une réalité… même s’ils ont des difficultés à aller jusqu’au bout de la logique et à accepter la représentation la plus interdite, celle du Prophète, une représentation qui choque aussi les Musulmans modérés, c’est un fait. En réalité, demander aux Musulmans d’accepter ces caricatures, ce n’est pas leur faire la demande acceptable pour eux de se « laïciser », mais celle inacceptable de s’« athéiser ». C’est là que le bât blesse, il faut en prendre conscience si on veut trouver une solution à l’impasse dans laquelle nous sommes.

UKRAINE: Alexandre Mercouris – Armer un gouvernement qui refuse de négocier est totalement irresponsable

Auteur Alexandre Mercouris – Le 10 février 2015 – Source : Sputniknews

Armer un gouvernement qui refuse de négocier, mais cherche plutôt la victoire totale sur ses adversaires n’est pas une formule pour la paix. C’est une formule pour attiser la guerre. Le gouvernement de l’Ukraine interprétera sans doute la fourniture d’armes comme un gage de soutien des États-Unis à la poursuite de la guerre.

Les médias états-uniens parlent d’une intense discussion au sujet d’un plan visant à livrer des armes au gouvernement de l’Ukraine.

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Ukraine 2015. PHOTO: RT.com

Ce plan, s’il était mis en œuvre, marquerait une escalade dangereuse, qui ne peut que mal se terminer.

Le gouvernement ukrainien a résisté à toutes les tentatives de négocier avec ses adversaires et n’y sera jamais prêt, sauf s’il est mis sous pression pour le faire. Pour y arriver autrement que par la guerre, il n’existe qu’une seule possibilité: que les États occidentaux et principalement les États-unis mettent une forte pression sur le gouvernement ukrainien pour le forcer à un compromis, par la négociation, avec ses adversaires.

La fourniture d’armes à l’Ukraine aurait un effet contraire. Armer un gouvernement qui refuse de négocier, mais cherche plutôt la victoire totale n’est pas une formule pour la paix. C’est une formule pour attiser la guerre. Le gouvernement de l’Ukraine interprètera sans doute la fourniture d’armes comme un gage de soutien des États-Unis à continuer la guerre.

Le gouvernement ukrainien serait en droit de le faire. Il est impossible d’interpréter le langage intransigeant des durs aux États-unis comme les sénateurs John McCain et Lyndsay Graham autrement que comme un soutien total à une issue victorieuse pour l’Ukraine. La fourniture d’armes US à l’Ukraine sera le signal, pour le gouvernement ukrainien, que ce sont les faucons jusqu’au-boutistes qui dirigent à Washington, et que l’Ukraine a donc leur appui pour continuer la guerre.

Au-delà de ce fait, les armes elles-mêmes créent leur propre dynamique. La simple présence d’armes américaines signifie que les USA rendent public leur soutien militaire à l’Ukraine. À partir de là, le prestige US est engagé, avec le risque que les États-Unis perdent leur prestige si l’Ukraine est vaincue. Si la défaite approche, les États-Unis vont donc être sous la pression et seront tentés d’escalader leur soutien à l’Ukraine.

Si un petit nombre d’armes s’avère insuffisant pour inverser la tendance, les mesures seront prises pour envoyer davantage d’armes afin d’y parvenir. Les armes exigent des formateurs pour instruire les soldats ukrainiens, et plus les armes envoyées seront complexes, plus il faudra de formateurs. Alors que la guerre s’intensifie, le risque pour la vie de certains de ces formateurs augmentera. Si aucune suggestion de déploiement de troupes américaines n’est écartée, il est très facile de voir comment, dans une telle situation, la pression afin de protéger les formateurs pourrait s’exercer et se développer. Une fois que les troupes sont présentes sur le terrain, la pression pour les utiliser dans le combat, si les choses continuent à aller mal, augmentera.

Dans les années 1960, les critiques US de la guerre du Vietnam ont appelé cette dynamique mission creep [enlisement, NdT]. Au Vietnam, il a fini en catastrophe, comme plus tard en Afghanistan et en Irak, et comme cela cela se passerait en Ukraine.

Ce n’est pas à cause du manque d’armes que l’armée ukrainienne est défaite. Elle avait un avantage déterminant en armes au début de la guerre; au printemps 2014, elle avait des chars, des véhicules blindés, de l’artillerie, des avions et des hélicoptères en abondance, tandis que ses adversaires n’avaient rien de tout cela.

L’armée ukrainienne n’a pas pu gagner à l’époque, elle ne gagnera pas maintenant que ses adversaires sont bien mieux armés. Elle ne peut pas gagner parce que le principal facteur politique qui a provoqué le conflit – l’hostilité du Maïdan à la population du Donbass – rend une telle victoire impossible.

Les armes US ne peuvent pas changer ce facteur politique. Elles ne peuvent donc pas donner la victoire à l’Ukraine. Les armes US peuvent seulement prolonger et intensifier la guerre, causant beaucoup plus de morts tout en mettant la sécurité internationale en péril.

C’est une mauvaise idée, totalement irresponsable, et il n’est donc pas surprenant de constater que tous les grands gouvernements européens s’y opposent.

Traduit par Toma, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone.

Nonobstant le fait confirmé que des armes en provenance de l’OTAN, et des fournitures militaires des États-Unis ont déjà été retrouvées sur le théâtre de guerre. Malgré que les gouvernements fautifs ne nous annoncent leurs bévues que après coup, nous pouvons facilement nous imaginer la suite des évenements. Guerre, meurtre, agression OTANesque!!- ESC_Niouze

BRUXELLES – L’OTAN s’en va en guerre contre la Russie

WSWS  – Johannes Stern : Les ministres de la Défense de l’OTAN se sont réunis mercredi 5 février à Bruxelles afin de consolider l’alliance militaire contre la Russie, augmentant ainsi le risque d’une confrontation militaire directe entre puissances disposant de l’arme nucléaire.

Un article paru dans l’édition dominicale du journal Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), citant des sources de l’OTAN, fait état de plans visant à établir une présence permanente de l’Alliance atlantique en Europe de l’Est. De soi-disant « unités spéciales d’intégration » seront ainsi mises en place en Estonie, en Lituanie, en Lettonie, en Pologne, en Roumanie et en Bulgarie. On projette également de déployer de telles unités à une date ultérieure en Hongrie.

Ces unités seront composées de 40 soldats chacune. Elles auront pour tâche de préparer des exercices militaires pour une nouvelle force de réaction rapide de l’OTAN et de coordonner les activités militaires en cas de situation urgente. L’Allemagne, qui prend cette année la direction de cette opération, a l’intention de déployer 25 soldats au total dans ces unités.

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Les troupes au sol de la force d’intervention rapide devraient se composer de quelque 5.000 soldats. L’objectif est de rendre les unités les plus flexibles de cette force d’intervention capables de parvenir à un nouvel endroit en l’espace de 48 heures. L’ensemble de la brigade sera entraîné et équipé pour être en mesure de se transporter vers un nouvel emplacement en une semaine. La direction de l’opération sera assurée par rotation annuelle entre les membres de l’OTAN.

Selon la FAZ, les ministres de la Défense de l’OTAN ont déjà décidé de l’équipement à prévoir durant la « phase test » qui devrait durer jusqu’au début de l’an prochain. A partir du mois d’avril, un bataillon de parachutistes allemand viendra compléter les unités américaines stationnées dans les États baltes depuis l’an dernier.

Il y a deux semaines, la FAZ avait révélé que les ministres de la Défense de l’OTAN convoqueraient le Groupe des plans nucléaires (NPG) au début de la réunion du 5 février pour discuter « le scénario de menace nucléaire émanant de la Russie ces derniers mois. »

Selon la FAZ, ceci ne sera pas, contrairement aux années précédentes, une réunion de routine. Une analyse de scénarios de menace préparée au quartier général de l’OTAN y sera présentée aux ministres de la Défense. Après quoi, ceux-ci devaient discuter « pour la première fois des conséquences d’une stratégie nucléaire de l’alliance. » Une session de consultation séparée est prévue avec la France qui n’est pas membre du NPG.

Les simulations nucléaires de l’OTAN montrent que les puissances impérialistes sont prêtes à risquer une guerre nucléaire dans le but de venir à bout de la Russie. La semaine passée, des figures importantes dont l’ancien chef d’État soviétique Mikhaïl Gorbatchev, ont averti du danger d’une troisième guerre mondiale si l’OTAN, dirigée par les États-Unis, continuait de prendre des mesures agressives contre la Russie.

Gorbatchev avait averti, dans le contexte d’une recrudescence des combats dans l’est de l’Ukraine entre les troupes du régime de Kiev appuyé par l’Occident et les séparatistes pro-russes, qu’une « guerre véritable aboutirait inévitablement à une guerre nucléaire. »

Dimanche, la Süddeutsche Zeitung a cité un expert militaire russe, Yevgeny Buchinsky, qui disait qu’en réaction à une offensive de Kiev contre le Donbass « la Russie serait obligée d’intervenir et puis, pour parler franchement, de prendre Kiev. Alors l’OTAN serait dans une situation difficile. Et alors on serait obligé de commencer une troisième guerre mondiale dont personne ne veut ».

Les puissances impérialistes et leurs mandataires à Kiev intensifient le conflit en dépit de ces avertissements. Lundi, le New York Times a révélé que le gouvernement Obama envisageait l’envoi d’armes létales à Kiev. Le journal a donné une liste de responsables et d’officiers militaires de haut rang, de l’actuel comme de l’ancien gouvernement, qui réclament de telles mesures.

L’article du Times a suscité une opposition parmi des secteurs de l’élite européenne. La Süddeutsche Zeitung écrit qu’une décision de Washington d’équiper le régime de Kiev d’armes offensives serait considérée par la Russie comme l’équivalent d’une déclaration de guerre. Lors d’une visite en Hongrie, les responsables russes et la chancelière allemande Angela Merkel s’étaient exprimés contre une telle décision.

Washington avait l’intention d’utiliser la réunion du 5 février pour forcer les États membres de l’Alliance atlantique à suivre cette trajectoire irresponsable et provocatrice. En début de semaine, Alexander Vershbow, ancien ambassadeur américain en Russie et actuel secrétaire général délégué de l’OTAN, a dit que l’« agression russe » en Ukraine « changeait les règles du jeu de la sécurité européenne. »

Il a insisté sur la nécessité de déployer des troupes de la force d’intervention rapide en Europe de l’Est, d’élargir la portée de l’OTAN à l’Est et d’armer les forces armées ukrainiennes. Faisant référence à l’Ukraine, à la Géorgie et à la Moldavie, toutes d’anciennes républiques soviétiques, il a dit, « Plus elles sont stables et plus nous sommes sûrs. Et donc, aider l’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie – à renforcer leurs forces militaires, à réformer leurs institutions et à moderniser leurs économies – n’est pas un acte de générosité, c’est dans notre intérêt stratégique fondamental. »

Il a ajouté, « l’OTAN y apporte sa contribution. Dans le but d’aider l’Ukraine, nous avons créé cinq fonds d’affectation pour fournir une assistance dans des domaines tels que le commandement et le contrôle, la logistique, la cyberdéfense et la médecine militaire. Nous envoyons des conseillers à Kiev et nous effectuerons des exercices avec les forces armées ukrainiennes. De plus, nous aiderons, d’une façon similaire, la Moldavie et la Géorgie à renforcer leurs capacités de défense et, dans le cas de la Géorgie, nous aidons à préparer son adhésion future à l’alliance. »

A la fin de son discours, Vershbow a prévenu: « Cette fois-ci, après avoir choisi notre cap, nous devons y adhérer. Nous devons rester unis, nous devons rester fermes et alourdir le prix que la Russie devra payer pour son agression. »

Entre-temps, les voix en faveur d’un armement de l’Ukraine se font plus fortes. Au micro de la radio Deutschlandfunk, Michael Gahler (Union chrétienne-démocrate, CDU), porte-parole de la sous-commission sécurité et défense du groupe du Parti populaire-européen au parlement européen, s’est exprimé en faveur d’un envoi d’armes à l’Ukraine

Wolfgang Ischinger, le président de la Conférence de Munich sur la sécurité, qui se tient ce week-end, a parlé dans le même sens. Lors d’une entrevue à la chaîne de télévision ZDF, il s’est déclaré en faveur de l’« annonce d’éventuelles livraisons d’armes » à l’Ukraine. « On a parfois besoin d’exercer une pression pour obtenir la paix, » a-t-il déclaré. S’il a dit que l’Allemagne ne devait pas envoyer d’armes, il a aussi dit pouvoir « s’imaginer que d’autres membres de l’alliance veuillent le faire. »

Le président ukrainien Petro Porochenko s’est rendu le 4 février à Kharkov, près de la frontière russe et proche de la région contestée. Son régime était arrivé au pouvoir il y a près d’un an suite à un coup d’Etat sous direction fasciste, soutenu par les États-Unis et l’Allemagne. Il mène depuis une guerre brutale contre la population de l’est de l’Ukraine. Il a dit à cette occasion, « nous aurons besoin d’armes létales et je suis sûr qu’il y aura des envois d’armes étrangères en Ukraine. » Il ajouta: « Je n’ai pas le moindre doute que les États-Unis et d’autres partenaires apporteront leur aide en armes létales pour que l’Ukraine puisse se défendre elle-même. »

Porochenko participera à la Conférence de Munich sur la sécurité, aux côtés de vingt autres chefs d’Etat et de soixante ministres de la Défense et des Affaires étrangères. Il devait, jeudi 5 février, rencontrer le secrétaire d’Etat américain, John Kerry à Kiev.

Johannes Stern

Article original, WSWS, paru le 5 février 2015

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