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Patrick Martin – Washington se prépare à une guerre mondiale

Le AtlanticCouncil diffusera en Live sur Youtube, le 17 Mars 2015 / 15h30, la conférence intitulée: HOW THE NEXT GREAT WAR BEGINS / Comment commence la prochaine Grande Guerre avec en sous-titre: Le début de la prochaine Grande Guerre… Pas besoin d’un devin pour comprendre la suite. Exactement comme le démontre Orlov dans son article Dmitry Orlov: Les US échoueront à l’échec en entraînant leurs partenaires. l’Empire du Chaos n’en est plus à désirer un certain résultat, il ne s’améliorera pas, au contraire il va tenter d »embraser autant de foyers que possible. Burn baby burn! Ouf! Ça donne un frisson dans le dos!

Un document extraordinaire publié le 31 juillet sur les préparatifs militaires américains demande au Pentagone de se préparer à mener en même temps pas moins d’une demi douzaine de guerres, dont des guerres où l’adversaire dispose d’armes nucléaires.

Ce document intitulé “Ensuring a Strong Defense for the Future,” (Assurer une défense forte pour l’avenir) a été rédigé par le National Defense Panel, un groupe d’anciens haut responsables militaires et civils, chargés par le Congrès de fournir un examen critique du document officiel de préparatifs du Pentagone publié en début d’année, le Quadrennial Defense Review 2014.

Source: Patrick Martin – WSWS

Le National Defense Panel est dirigé conjointement par William Perry, ministre de la Défense du gouvernement Clinton et le général John Abizaid, ancien chef du commandement central américain. Parmi ses membres on compte quatre autres généraux à la retraite, ainsi que Michèle Flournoy, ancienne ministre adjoint à la Défense sous Obama et Eric Edelman, néoconservateur en vue et sous-secrétaire à la Défense dans le gouvernement de George W. Bush.

Ce groupe est donc bipartite et représente l’ensemble du spectre de l’élite responsable de la sécurité dans le Washington officiel. Son rapport est sorti sous les auspices d’une agence financée au niveau fédéral et qui se consacre à l’étude de la guerre et dont le nom, dans la plus pure logique orwellienne, est l’ US Institute of Peace (l’Institut américain pour la Paix.)

Ce document met en garde contre les dangers confrontant les Etats-Unis, avec en premier lieu le pouvoir grandissant de la Chine et de la Russie, suivi par la Corée du Nord, l’Iran, l’Irak, la Syrie, l’ensemble du Moyen-Orient, puis l’Afrique. La Chine et la Russie sont ainsi placées en haut de la liste des cibles potentielles pour une action militaire américaine, devant les trois pays choisis par George W. Bush dans son fameux discours de 2002 sur « l’Axe du mal. »

Ce document fait remarquer que depuis les deux dernières décennies, depuis l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, la doctrine de défense des États-Unis exige qu’il soit possible de mener de front deux guerres majeures. Puis il exige que l’on procède à un changement radical dans cette doctrine:

« Étant donné que le climat de menace empire, nous estimons qu’une structure plus expansive des forces militaires, une qui soit différente de celle permettant de mener de front deux guerres, mais tout aussi puissante, est appropriée. »

Un peu plus loin des précisions sont apportées:

« Nous estimons … que la capacité à mener une guerre mondiale est la condition sine qua non d’une superpuissance et donc une condition essentielle à la crédibilité de la stratégie de sécurité nationale globale des États-Unis. Dans le climat actuel de menace, il serait possible que l’on fasse appel aux États-Unis pour dissuader ou combattre dans plusieurs régions durant des périodes qui se recoupent: sur la péninsule coréenne, en Mer de Chine orientale ou du Sud, au Moyen-Orient, en Asie du Sud et très probablement en Europe. Les États-Unis sont aussi confrontés à la perspective de combattre des adversaires disposant de l’arme nucléaire. De plus, la propagation d’Al Qaïda et de ses dérivés dans de nouvelles régions en Afrique et au Moyen-Orient signifie que l’armée américaine doit être capable de supporter des opérations de contre-terrorisme et de défendre la patrie américaine même lorsqu’elle est engagée dans des conflits régionaux à l’étranger. [caractères gras ajoutés]

Cette liste suggère que les Etats-Unis doivent se préparer à combattre cinq ou six guerres majeures simultanément. Ce n’est rien de moins que d’exiger que l’impérialisme américain commence à se préparer à mener une guerre mondiale qui menacerait d’extinction l’humanité entière.

Présenter la Chine et la Russie comme des cibles probables de l’action militaire américaine a des implications des plus sinistres, étant donné que ces deux pays disposent des deuxième et troisième plus importants arsenaux nucléaires de la planète, derrière les Etats-Unis.

Le rapport soutient la position du gouvernement Obama de « ré-équilibrage » des forces militaires américaines afin de confronter la Chine, décrivant cette initiative stratégique comme étant un effort visant à réaffirmer « la primauté de la région Asie-Pacifique parmi les intérêts sécuritaires des États-Unis. »

Quant à la probabilité qu’une telle guerre éclate, il faut faire remarquer que le National Defense Panel discute des détonateurs possibles pour une conflagration majeure, notamment en Extrême-Orient. Le langage est peut-être truffé de jargon mais il n’empêche que la perspective fait froid dans le dos.

« La prolifération de systèmes ne nécessitant pas de pilote et qui sont de plus en plus autonomes en Asie-Pacifique ainsi qu’au Moyen-Orient, par exemple, aura un impact préjudiciable sur la capacité à maintenir la stabilité lors d’une crise ou à gérer l’escalade si un conflit survenait. Ces systèmes, combinés à la prolifération d’armes offensives et défensives dans le cyberespace et l’espace lui-même, affecteront grandement la relation entre la capacité militaire offensive et défensive dans les régions clé, augmentant le risque qu’une crise ne se transforme rapidement en un conflit avant que les décideurs politiques et les commandants militaires n’aient le temps nécessaire pour réagir. »

Pour dire les choses simplement, une guerre majeure peut être déclenchée par l’interaction d’armes fixées sur des drones et de systèmes de riposte automatisés des deux côtés, sans même qu’il y ait d’intervention humaine.

Le rapport ne met pas ouvertement en question la professionnalisation de l’armée, mais se concentre sur son coût en augmentation et exige « des réformes des salaires et des prestations sociales qui soient significatives et permettent de réduire le coût » afin de le rendre plus abordable. La logique des pressions conjointes de l’augmentation des coûts et de l’expansion des déploiements militaires est cependant inexorable: cela veut dire que tôt ou tard, et cela viendra plus tôt qu’on ne le croit, la classe dirigeante américaine devra opter pour une forme de conscription qui aille encore plus loin que la conscription économique actuelle où les couches les plus pauvres de la classe ouvrière s’engagent dans l’armée de « volontaires » de façon disproportionnée.

Le rapport sur la défense exprime l’inquiétude de voir les préparatif de guerre du Pentagone être affectés par les contraintes financières sur l’impérialisme américain, notamment les limitations auto-imposées comme le blocage budgétaire (« sequester ») de certaines dépenses militaires choisies et imposées conformément à la Budget Control Act (loi de contrôle du budget) de 2011.

Les auteurs déplorent à maintes reprises les limites imposées sur les dépenses militaires des Etats-Unis du fait du fardeau des programmes sociaux dans le pays, en attirant l’attention sur « l’énorme fossé grandissant entre le montant collecté pour soutenir les programmes sociaux, notamment la sécurité sociale et les principaux programmes de santé, et l’argent dépensé pour ces programmes. »

Ils déclarent, « Les États-Unis doivent mettre de l’ordre dans leur fiscalité tout en finançant simultanément et de façon robuste les dépenses militaires. Une maîtrise agressive du coût des soins de santé doit certainement être poursuivie à la fois au sein du Département militaire [c’est à dire pour les soldats et leur famille] et plus largement dans tous les programmes du gouvernement. »

Il faut le répéter: Il s’agit d’un rapport bipartite. Démocrates et Républicains, libéraux et conservateurs ont approuvé les exigences exprimées dans ce rapport de réduire drastiquement les programmes sociaux dont dépendent les travailleurs afin de s’assurer que des milliers de milliards soient disponibles pour les déverser dans la gueule insatiable de la machine de guerre américaine.

Le caractère bipartite de ce document atteste de l’unité de toutes les sections de la classe dirigeante américaine sur le recours à une violence sans précédent pour sauvegarder sa richesse et sa domination sur de vastes régions du monde. Cela confirme que la lutte contre la guerre impérialiste ne peut être menée que par la classe ouvrière qui se libère du système politique existant au Etats-Unis et qui construise un mouvement politique de masse indépendant, fondé sur un programme socialiste révolutionnaire et internationaliste.

(Article original paru le 6 août 2014)

RED FLAG: La campagne pour le démantèlement des retraites aux États-Unis, par Andre Damon

Les États et les villes des États-Unis sont engagés partout dans une offensive directe contre les retraites des salariés du secteur public, ou fonctionnaires, qu’ils soient actifs ou déjà à la retraite. Ces attaques sont menées dans le mépris le plus total de la loi et foulent aux pieds les dispositions inscrites dans la constitution et qui protègent des prestations sociales gagnées par les salariés au cours de décennies de dur travail.

Au début du mois, le juge des faillites Christopher Klein a signé un ordre autorisant la ville californienne de Stockton, à poursuivre son projet de réduction drastique des retraites des salariés dans le cadre d’un accord passé en vue de sortir d’une procédure de faillite. L’accord conclu éliminera les prestations de soins de santé des retraités de la ville et réduira les retraites des salariés nouvellement recrutés, tout en augmentant les cotisations de retraite de ceux en activité.

Source: https://www.wsws.org/fr/articles/2015/fev2015/pers-f16.shtml

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Au moment où il a annoncé sa décision d’autoriser les tribunaux des faillites à réduire drastiquement les prestations des retraités, Klein n’a pu cacher son enthousiasme. Il a déclaré que CalPERS, le système de retraite des employés du public de l’État de Californie, « a imposé d’une main de fer son point de vue dans cette affaire. » Mais, s’est-il vanté, il s’est avéré que le fonds de pension « avait une mâchoire de verre. »

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Dans l’Illinois, où le juge itinérant John Belz avait annulé l’année dernière une loi de 2013 qui réduisait les retraites des fonctionnaires, les responsables de l’État sont une fois de plus sur le sentier de la guerre. La procureure générale Lisa Madigan, une démocrate, s’apprête à aller devant la Cour suprême de l’Illinois pour plaider que, bien que la constitution de l’État déclare explicitement que les retraites des salariés du public « ne seront pas diminués ou altérés, » les « pouvoirs de police » de l’État lui permettent de réduire drastiquement au nom de la « sécurité publique » les prestations des retraités actuels.

L’argument se base sur une interprétation autoritaire et absurde du Dixième amendement de la Constitution des États-Unis qui spécifie que « les pouvoirs non délégués aux États-Unis par la Constitution, ni prohibés aux États, sont réservés aux États respectivement, ou au peuple. » Les Démocrates de l’Illinois avancent que cet amendement permet à l’État de supprimer des prestations de retraite qui sont protégées par la constitution sans même passer par un tribunal de faillite.

Si cet argument est accepté par la Cour suprême de l’Illinois, il créera un précédent et permettra à chaque État aux États-Unis de s’en prendre aux retraites des salariés du secteur public.

En Pennsylvanie, l’assemblée législative de l’État est en train de débattre d’un projet de loi qui gèlerait les prestations de retraite des fonctionnaires actifs ou à la retraite et qui remplacerait le régime de retraite des salariés nouvellement recrutés par un plan de style 401(k) [système d’épargne retraite par capitalisation]. A Jacksonville, en Floride, l’Etat projette d’importantes coupes dans les retraites des futurs retraités.

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Ces décisions – et des actions identiques dans d’autres États et villes – font suite au précédent créé par la procédure de faillite de Détroit qui avait débuté en juillet 2013 pour se terminer en novembre dernier. Ces décisions ont totalement justifié les avertissements lancés par le World Socialist Web Site au moment de la demande de mise en faillite.

Le 20 juillet 2013, deux jours après le dépôt de bilan de la ville, le WSWS écrivait :

« Cette demande de mise en faillite a des implications nationales et internationales. Détroit va servir de test pour les autres villes du pays qui se sont retrouvées criblées de dettes du fait de la crise économique. L’utilisation de la bankruptcy court [tribunal fédéral spécifique pour les faillites, privées comme publiques, ndt] pour tailler dans les retraites et l’assurance-santé ouvrira la porte à des attaques du même genre contre des millions d’enseignants, de travailleurs des transports, des services d’assainissement, et d’autres employés municipaux.

« Tout comme la Grèce est devenue le modèle des attaques contre les travailleurs dans toute l’Europe et au-delà, la faillite de Detroit – qui va bien au-delà même des mesures brutales appliquées en Grèce – va établir un mode opératoire pour la prochaine étape des attaques contre la classe ouvrière aux États-Unis et partout ailleurs. Ce qui est en jeu ce sont toutes les avancées obtenues sur plus d’un siècle par la classe ouvrière au prix de luttes et de sacrifices immenses et souvent sanglants. » (Voir : « La faillite de Détroit »)

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L’assaut mené tant au niveau des États qu’au niveau local contre les retraites des salariés du public s’accompagne d’une campagne pour démanteler ce qui reste des retraites dans le secteur privé. En décembre, le Congrès a adopté une loi autorisant les fonds de pension multiple-employeurs à réduire drastiquement les prestations versées aux retraités et a éliminé une jurisprudence fédérale de dizaines d’années spécifiant que les retraites de travailleurs actuellement à la retraite ne pouvaient être réduites.

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L’assaut sur les retraites est entièrement partisane vu que Démocrates et Républicains sont tout aussi implacables les uns que les autres lorsqu’ils s’attaquent à la classe ouvrière. Cette attaque est coordonnée par le gouvernement Obama qui a joué un rôle crucial dans la faillite de Detroit.

La campagne de démantèlement des retraites est l’une des composantes de l’attaque de l’administration Obama sur les salaires et les prestations sociales des travailleurs. Cette attaque inclut aussi le démantèlement des prestations de santé financées par les employeurs sous les auspices de l’Affordable Care Act et l’attaque systématique lancée contre les salaires en 2009 avec la restructuration de l’industrie automobile.

Le sempiternel refrain qui accompagne cette campagne est l’affirmation qu’il « n’y a pas d’argent, que les caisses sont vides » pour payer les retraites. C’est un mensonge.

Même le Washington Post – qui a remarqué un « changement dans le contrat social » alors que « les employeurs, les employeurs privés tout comme les gouvernements, considèrent de plus en plus que la prolifération des coûts de retraite est insupportable » – s’est senti obligé de souligner que « l’offensive pour réduire les prestations de retraite a lieu en dépit non pas seulement d’une longue période de solides rendements boursiers mais aussi d’un rebond de l’immobilier qui devrait alimenter une forte croissance du revenu des villes. »

La hausse spectaculaire des cours boursiers a été alimentée par des cadeaux à hauteur de milliers de milliards de dollars aux banques, à qui on a fourni un flux ininterrompu d’argent quasi gratuit. Dans le même temps, des centaines de milliards de dollars ont été débloqués pour financer des opérations militaires dans le monde entier alimentées par l’incessante course à l’hégémonie mondiale de la classe dirigeante américaine. Ce qui doit être payé par un renversement historique de la position sociale de la classe ouvrière.

En ce qui concerne la classe dirigeante, les jeunes gens ne devraient pas avoir d’avenir, les travailleurs devraient vivre avec des salaires de misère, les chômeurs devraient mourir de faim et les personnes âgées devraient mourir prématurément.

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Ce qui est le plus extraordinaire, c’est l’absence de résistance organisée. Ici, les syndicats qui se sont depuis longtemps transformés en entreprises commerciales, jouent un rôle essentiel. Ils ont collaboré à tous les stades avec les Démocrates et les Républicains pour saper et attaquer les retraites. Le syndicat des Teamsters, par exemple, a pleinement soutenu la loi fédérale autorisant les fonds de pension à réduire fortement les prestations. Une multitude de syndicats de l’Illinois appuient la plainte des Démocrates pour réduire les prestations de retraite. Les syndicats jouent un rôle clé dans la répression de l’opposition à la faillite de Détroit.

Ces organisations droitières et les cadres corrompus qui les contrôlent ne s’intéressent qu’à protéger leurs intérêts financiers de gestionnaires des fonds de pension. Pour maintenir le fonds à flot, ils acceptent volontiers de réduire drastiquement les prestations des syndiqués.

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Les tensions sociales atteignent le point de rupture. La grève des travailleurs du secteur pétrolier aux États-Unis, en dépit des efforts entrepris par le syndicat des métallos USW pour l’isoler et la trahir, témoigne de la combattivité et de la détermination grandissantes des travailleurs américains qui ont subi des décennies durant les suppressions d’emplois et les baisses de salaires et des prestations sociales. Pour faire avancer cette lutte, et les nombreuses autres luttes à venir, les travailleurs doivent s’armer d’une nouvelle stratégie politique qui se base sur l’indépendance à l’égard de syndicats favorables au patronat, une rupture avec les Démocrates et le système bipartite du capitalisme américain, ainsi que sur un programme socialiste afin de réorganiser la société dans l’intérêt des besoins sociaux et non des profits privés.

Par Andre Damon (Article original paru le 14 février 2015)